D'ici la fin de l'année, une société vieille de quelques années va permettre de transporter autant de personnes que l'Eurostar. Déjà, les 26000 voitures partagées en France placent la moitié de la population à moins de 15 minutes à pied d'un véhicule partagé, utilisable, simplement, aujourd'hui. D'ici quelques mois le gouvernement chinois pourrait annoncer dans les 8 principales villes des mesures de restriction visant à limiter l'usage et probablement l'achat de voiture. L'Oregon (USA) invente cet été une nouvelle fiscalité du transport basée sur une facturation à l'usage, ouvrant des innovations politiques et, en conséquence, des modifications profondes dans l'usage de la voiture. Tous les jours, profitant des progrès fulgurant des technologies numériques, de la créativité de la multitude, se créent de nouvelles applications simplifiant, regroupant, agrégeant des solutions de mobilité plus simples, plus fonctionnelles et demain plus agréables. Enfin Aetna, compagnie d'assurance, lance une première application traçant votre activité physique pour bénéficier de réduction sur votre mutuelle de santé.
Pris individuellement ces exemples intéressent, mais ils restent des signaux faibles.
Considérés ensemble, et en se plaçant du point de vue des citoyens, ils dessinent clairement de nouvelles mobilités/immobilité, de nouvelles contraintes, de nouveaux comportements, de nouvelles relations à l'automobile, de nouvelles expériences utilisateurs, de nouveaux imaginaires.
Plusieurs scénarios des années à venir peuvent déjà être proposés. Ils sont décrits dans un précédent post : Une brève histoire de l'avenir des transports. Il devient probable que les phénomènes s'accélèrent par des imbrications inédites de contraintes / opportunités et reconfigurations. Progressivement, s'expérimentent de nouvelles mobilités, de nouveaux usages. Simplement, localement, à petite échelle.
Et la puissance de la multitude les agrège, leur donne un sens collectif et individuel : ces expériences sont partagées dans leur diversité. Les citoyens qui changent leur habitude ne sont plus seuls, ils sont des milliers, des millions, reliés. Ils ont désormais consciences de cette multitude, ils ont désormais conscience de leur communauté d'intérêts. En réseaux, ils forment de nouvelles structures d'intelligences collectives en grand nombre, bientôt ils seront en situation d'holoptisme. Progressivement, ils vont concurrencer directement des entreprises en adoptant parfaitement une light footprint strategy. Mieux coordonnés, ces petits pas individuels, ces petits changements de comportement, portent en eux des bouleversements pour certaines industries, statiques.
Cette philosophie d'approche est celle du projet Bretagne Mobilité Augmentée : partir des activités des ménages, des entreprises, des territoires, des collectivités. Pour les comprendre, les analyser en profondeur. Non pas pour leur proposer les "bonnes" solutions de mobilités "existantes", mais pour les équiper d'un "dispositif" pour que les organisations trouvent elles-mêmes les ressources pour se reconfigurer, pour changer et pour co-concevoir "au plus près" du besoin : des offres de mobilité ou d'immobilité parfaitement adaptées à la "nouvelle demande" qu'ils auront eux mêmes mise en oeuvre. Partir "d'en bas", des usagers, des territoires, commencer petit, créer la confiance dans le changement, se regarder changer et capitaliser chaque progrès. Tout le contraire des démarches industrielles basées sur de grands volumes et des plateformes mondiales. Ces vidéos des différents démonstrateurs reflètent cette multitude.
D'autant plus qu'arrivent de nouvelles formes de production locales, pour adapter le standard au spécifique, pour faire le "sur mesure". Le Fablab, mentionné par Ford, va progressivement permettre cette fusion du hard et du soft pour chaque démonstrateur, chaque living lab, chaque territoire, chaque communauté.
L'iMaaS, im-Mobilité as a Software, se sera imposé.