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L’histoire de ma transformation numérique (2/3)

par Gabriel Plassat

[suite de l’article 1/3]

Donner à l’écosystème sans rien attendre

L’influence des Transports du Futur a été estimée, par une étude réalisée avec Ecairn en 2014, comme étant une des plus fortes parmi plus de 1200 influenceurs. Le numérique permet facilement et simplement de connecter plusieurs outils pour créer des synergies, pour amplifier la diffusion. Il ne s’agit pas d’atteindre le maximum de lecteurs mais d’être en relation avec un large spectre d’acteurs aux limites de la mobilité vers des secteurs comme la santé, l’open data, l’urbanisme, le sport, l’assurance …

Le Blog est le support principal pour proposer des contenus, c’est-à-dire des idées nouvelles, donc prendre des risques. L’approche narrative à travers des fictions et des MétaNotes est essentielle pour co-construire une vision commune et permettre au lecteur de s’approprier les messages.

La production de contenu couplé à des outils numériques en réseaux permet de se placer au cœur des écosystèmes et d’influencer[1] des entreprises publiques et privées au plus haut niveau, d’identifier les principaux influenceurs en dehors du domaine et les pionniers, se relier à eux pour apprendre et de documenter sa propre connaissance pour mieux l’exploiter, la rendre accessible et utilisable (900 articles, videos, …) et créer des références et une ensemble de ressources utiles.

Avec les outils d’E-Cairn, après avoir identifié plus de 17000 influenceurs et près d’un million de conversation (fév/mars 2014), l’écosystème des principaux influenceurs se présente de la façon suivante. Dans ce réseau, la position des Transports du Futur est bien positionnée parmi les principaux influenceurs. L’influence E-Cairn se définit à la fois par le volume de lecteurs mais également par le fait que l’information soit relayée.

Chacun peut s’interroger : Que donnez-vous à l’écosystème de façon inconditionnelle ? quelles valeurs apportez-vous au « tout » ?

Pour mieux recevoir …

Extrait de recommandations rédigées sur LinkedIn

 

T.Faugeras, PFA : « L’intervention de Gabriel, en tant qu’expert du sujet, a été un catalyseur essentiel à la dynamique réussie de cette commission de la PFA. Les recommandations qui en ont découlées doivent beaucoup à ses contributions éclairées par une vision pertinente des mutations de notre industrie ».

 

D.Levent, Directrice Créativité Renault « personne unique dans le monde des Transports et de la Mobilité. Sa vision et ses connaissances sont tout à fait impressionnantes et il sait initialiser des chemins pour entraîner l’écosystème de la mobilité vers des solutions concrètes soutenables ».

 

CJ.Couderc, Head of strategic markeing PSA : « A travers son blog, ses notes, ou la plateforme des mobilités qu’il anime pour l’ADEME, Gabriel est un véritable accélérateur de la transformation de la société. Dans le groupe de réflexion « Regards Croisés sur l’Automobile » Gabriel apporte un regard novateur sur les transports de demain, les cultures de l’innovation, les ressources et les données à partager, les nouveaux écosystèmes à inventer en matière de mobilités. »

 

Y.Leriche CEO North America and autonomous transportation Transdev « Gabriel has an in depth knowledge of the mobility field, and an unparalleled ability to understand its driving forces and evolution. His analyses are a must read to anyone wanting to get an insight into the future of mobility »

Plusieurs conséquences sont maintenant observables. L’information stratégique vient au lieu d’aller la chercher puisque les start-up et PME innovantes m’informent en amont du prochain lancement de leur produit/service, demandent un avis ou un contact. Toutes les startups me contactent pour avoir un avis, chercher une personne. Les entreprises du secteur qui questionnent leur stratégie me sollicitent pour participer à leurs travaux internes. Les journalistes, organisateurs de conférence, collectivités me sollicitent pour intervenir, donner des avis/conseils/contacts. Les structures publiques en charge de la prospective (France Stratégie) et du numérique (Conseil National du Numérique, Agence National du Numérique, APIE) m’impliquent dans leurs travaux sur numérique et mobilité. Ces vecteurs de communication sont précieux pour placer nos messages au plus près des structures de décision et surtout au bon moment, quand ils doutent et s’interrogent.

En 2013, l’organisation du séminaire Mobilités Mutations peut se faire en sélectionnant les meilleurs contacts comme Nicolas Colin, Frédéric Mazzella ou encore Valérie Peugeot, en les impliquant dans la construction et après, pour faire venir plus de 100 dirigeants pendant 2 jours à Sophia. Cette démarche a construit un terreau dans lequel a pu germer la Fabrique des Mobilités. elle est riche de ces 10 années de rencontres, d’articles, de conférences.

Retour sur investissement

Il faut environ 4 à 7 heures pour écrire un article (10h pour une MétaNote), lire 10 à 20 essais  par an, faire 10 à 15 interventions par an. Cet investissement est rentabilisé après une période d’environ 2 à 3 ans. La charge pour une personne et un écosystème passe alors de 20-25% au début à 5-10% en régime stabilisé. Par ailleurs, de nombreux bénéfices (visibilité, influence, audience, communication, veille) ne sont pas accessibles sans ce dispositif numérique. Les acteurs aidés, conseillés et plus généralement impliqués ont une forme de dette que certains « remboursent » en s’investissant dans l’écosystème. En résumé, la mise en œuvre d’une présence numérique maîtrisée pour un écosystème complexe (comme la Mobilité, ville durable, smart grid et énergie …) apporte plus de bénéfices directs et indirects qu’elle n’utilise de ressources.

Ce que j’ai appris à faire :

  • Ecouter un grand nombre de personnes et les organisations associées,
  • Documenter, mettre à disposition des autres ses propres ressources et rédiger,
  • Partager mes connaissances et demander au réseau,
  • Questionner et déconstruire des stratégies d’acteur,
  • Prendre du recul pour englober de nouveaux domaines,
  • Identifier les facteurs clés des changements,
  • Relier les personnes, les métiers et les domaines, écouter et conseiller (beaucoup) de personne qui souhaitait évoluer et changer de poste,
  • Animer des dynamiques collectives, conduire des ateliers, amener des concurrents à collaborer entre eux pour identifier des besoins communs,
  • Construire des outils et des méthodes pour accompagner des acteurs et écosystème.

Ce que j’ai appris :

La révolution numérique est terminée. Elle a eu lieu il y a 10-15 ans, après des investissements décidés il y a 40 ans dans la Silicon Valley. Les entreprises numériques se définissent par une relation spécifique à la multitude via le numérique, dominent d’un point de vue financier, technique et relationnel (temps d’attention). Dans les transports, les acteurs numériques prendront des positions dominantes à travers le monde.

Les USA et la Chine ont fait grandir pour des raisons différentes de puissantes plateformes numériques. L’Europe a manqué ce rendez-vous et est condamné à inventer au plus vite une stratégie spécifique. A ce jour, l’open source semble être le meilleur choix pour rattraper notre retard, peut-être d’ailleurs le seul.

Le numérique n’est plus une option que l’on pourrait décider d’intégrer ou pas, mais plutôt de nouvelles opportunités de faire les choses autrement, de nouveaux risques qu’il faut identifier au plus tôt. Le numérique touche toutes les organisations, tous les métiers, et ne relève pas uniquement de l’innovation mais de la culture des individus et des organisations dans la façon dont ces derniers mènent leurs activités au quotidien, à chacun d’inventer le meilleur usage du numérique dans ses métiers (qui vont en conséquence être bouleversés) par la pratique et les itérations dans des projets opérationnels. Il est nécessaire de modifier l’allocation des principales ressources (humaines et financières) pour investir et intégrer ces opportunités.

Tous ces sujets imposent de faire collaborer et produire un grand nombre de personne, avec le minimum de structure de commandement, potentiellement concurrent et avec le minimum de barrières à l’entrée. Dans un monde devenu Volatil, Incertain, Complexe et Ambigu, des compétences opérationnelles dans les domaines de l’Intelligence Collective permettent de faire progresser à la fois l’écosystème et les personnes qui le composent. Il ne s’agit pas de mettre en œuvre de nouveaux modes d’animation ou de facilitation, mais de comprendre l’holoptisme, les architectures invisibles, le rôle des monnaies de réputation et des objets liens. Un des rôles des structures publiques est donc de faire progresser le collectif, son fonctionnement en minimisant l’effort public.

Puisque l’innovation change, les moyens, méthodes et principes utilisés par la puissance publique pour soutenir l’innovation doivent également évolués pour aider, renforcer ou passer à l’échelle des acteurs, des écosystèmes numériques

Ils ont été faits pour aider des filières industrielles établies dans des environnements stables. A l’âge de la multitude, dans un environnement en constante évolution, les liens entre les acteurs et les ressources sont tout aussi importants que les ressources (assets) eux-mêmes. En conséquence, la production de ressources ouvertes (open data, logiciel open source, API open source, …) doit être intégrée chez tous les acteurs publics et privés.

Extraite de ce parcours, des retours, une méthode empirique applicable dans des structures publiques et privées est proposée dans le dernier article (3/3)

Mobilités Mutations 2013

Ce que je referai :

  • Avoir une approche intégrale, c’est-à-dire tenter de relier les domaines, les personnes, parler plusieurs « langues » techniques, intégrer plusieurs cultures,
  • Sortir de mon domaine, rencontrer des personnes, beaucoup de personnes et lire beaucoup lire,
  • Documenter dans des articles pour d’abord m’aider à structurer ma pensée, tout en la mettant au jugement dès que possible,
  • Porter des messages non alignés avec les acteurs historiques du secteur,
  • M’engager dans une démarche entrepreneuriale avec la Fabrique des Mobilités, la porter dès que possible à l’international pour produire des ressources utiles et utilisables à l’écosystème entier comme une base de connaissance indexée, une preuve de covoiturage, une base de données des aires de covoiturage, un boitier connecté open source, un véhicule open source.

La Fabrique des Mobilités est née de ce parcours. Les communs et l’open source viennent du besoin de relier les acteurs pour mieux les faire travailler ensemble en utilisant le prétexte de la ressource ouverte. Chaque ressource ouverte permet, en même temps, d’être utile aux acteurs individuellement, de les amener à échanger et s’organiser pour gérer au mieux la ressource tout en leur permettant de se voir progresser à travers elle. Les outils numériques comme le wiki permettent de créer les liens entre les ressources, les personnes, les entreprises.

Ce que je referai différemment :

  • Ne pas avoir réussi à impliquer plus tôt d’autres agents publics et structures publiques,
  • Prendre plus de temps pour expliciter et valoriser ma démarche et les enseignements,
  • Inventer de nouvelles façons d’aider les startups sans reproduire ce qui existe,
  • Ne pas avoir réussi plus vite à engager une production de ressources opérationnelles,
  • Internationaliser plus tôt cette démarche pour aller plus vite et renforcer la démarche,
  • Traduire plus tôt et plus souvent des articles en anglais pour toucher un réseau plus étendu.

[Suite dans l’article 3/3]

[1] L’influence consiste à partager au plus haut de l’organisation les objectifs et visions de l’ADEME pour modifier l’allocation des ressources humaines et financières vers les objectifs de sobriété et d’efficience énergétique.

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