L'INSEE vient de publier une note portant sur l'accès aux services dans le Grand Sud-Est. Cette note constate que, dans cette région, la mobilité de près d'un million de personne habitant en milieu rural et péri-urbain pourrait devenir difficile si le prix des carburants continue d'augmenter.
"La plupart des habitants du Grand Sud-Est, concentrés dans les zones urbaines, résident à de courtes distances des équipements, commerces et services. Mais les zones périurbaines, jusqu'alors majoritairement peuplées d'actifs travaillant en ville, semblent insuffisamment équipées pour répondre aux besoins d'une population vieillissante. Les zones rurales bénéficient d'un nombre d'équipements par habitant élevé, à plus forte raison lorsqu'elles accueillent des touristes. Leurs résidents, très dispersés au sein d'un relief souvent accidenté, doivent cependant parcourir de grandes distances en voiture pour s'équiper. 9 % de la population du Grand Sud-Est, vivant dans 40 % des communes, pourrait être mise en difficulté si le prix des carburants poursuivait sa hausse."
Cette dépendance à "l'automobile fossile" est étudiée de façon statistique au niveau national par de nombreux acteurs, comme les loueurs. Yves Bardon, Directeur de la prospective chez IPSOS, constate ainsi une double fracture, géographique et générationnelle :
- Une fracture géographique : si la voiture demeure souvent une nécessité dans les milieux ruraux, on observe une baisse de l’équipement dans les villes. Les citadins utilisent d’avantage les transports en commun et n’hésitent pas à adopter de nouveaux modes de mobilité comme le covoiturage ou l’autopartage.
- Une fracture générationnelle : si, historiquement, l’automobile symbolisait le progrès et si la majorité des ménages en était équipée, on constate désormais une chute du taux d’équipement chez les jeunes générations.
« Ce retournement générationnel aura de fortes conséquences sur le rapport des particuliers à la voiture. Désormais, on roule moins, on rationalise ses déplacements, on « covoiture », on « autopartage », on « télé travaille ». On observe aujourd’hui une réelle accélération de ces nouveaux comportements dans la société française » précise Eric Champarnaud, Vice-Président du BIPE (Bureau d’Information et de Prévisions Économiques).
Mais cette étude de l'INSEE révèle également notre faible connaissance et diffusion de données sur les territoires, les ménages, les entreprises les plus vulnérables. L'utilisation croisée de nombreuses données pourrait être réalisée en s'appuyant notamment sur l'open data et la structure Etalab. Certains exemples américains, comme Housing+Transportation, sont extrêmement intéressants à analyser.
Le périurbain/rural devrait devenir le sujet principal des réflexions en matière de mobilité, et de prospective, notamment pour son lien à l'emploi. Quelques exemples, comme cette étude de la DATAR (fictions périurbaines) et ce concours étudiant spécifique à la mobilité dans le périurbain : ça bouge dans le périurbain, 42 idées pour faciliter les mobilités ! Le CAS (Centre d'Analyse Stratégique) devrait également publier un rapport dédié qui fait suite au rapport "Nouvelles Mobilités, nouveaux usages de l'automobile".
L'Appel à Manifestation d'Intérêt (AMI) portant sur les mobilités occasionnelles et les chaînes logistiques intégrées présente un cadre adapté pour expérimenter à grande échelle dans tous les territoires motivés de nouvelles solutions de mobilité co-construites au plus près du besoin des utlisateurs. Cet AMI est ouvert jusqu'à 22 Mai 2012.