C'est le montant que va investir une nouvelle alliance entre un chimiste américain et un groupe Turque. La fibre de carbone est en train de se démocratiser et l'automobile lui promet un tremplin.
Le coup d'envoi a été donné par le Groupe BMW (photos ICI) en 2009. Il est devenu l'actionnaire de l'allemand SGL Carbon, avec qui il a créé une co-entreprise pour maîtriser toutes les étapes de l'industrialisation de la fibre de carbone. Il l'utilisera massivement dans sa prochaine génération de voitures électrique et hybride i3 et i8, qui seront lancées à partir de 2013.
Pressés par leurs obligations en terme de réduction des émissions de leurs véhicules, les constructeurs allemands ont tous depuis jeté leur dévolu sur ce matériau, 50% plus léger que l'acier et 30% que l'aluminium. L'enjeu aujourd'hui est de réduire les coûts liés à sa transformation. Et tous s'engagent à lui offrir des débouchés.
Volkswagen est à son tour entré au capital de SGL Carbon, à la surprise de BMW. Sa filiale Audi s'est associée en début d'année dernière à la société Voith. Ensemble, ils vont à leur tour développer les moyens d'industrialiser à grande échelle la production de pièces en composites renforcés de fibres de carbone.
Daimler s'est tourné vers le japonais Toray. Leur co-entreprise produit à Esslingen en Allemagne des pièces en composites renforcés de carbone (CRFP) qui équiperont la Mercedes Classe SL attendue dans le courant de l'année 2012. Toray est responsable de la fabrication de la fibre de carbone utilisée dans les composites (CRFP) et du processus de production par transfert de moule (RTM). Daimler a conçu les pièces et développe les technologies pour les fixer ensemble.
General Motors est aussi sur les rangs depuis l'année dernière. Le constructeur a choisi un autre japonais, Teijin, pour développer des technologies qui réduiront les coûts de production des matériaux à base de fibre de carbone. Une unité pilote est en construction dans son usine de Matsuyama au Japon, dont l'objectif prioritaire est réduire les temps de cycle de production des pièces en thermoplastiques renforcés de fibre de carbone. La prochaine Chevrolet Corvette attendue en 2014 devrait bénéficier de leurs avancées.
Le dernier projet annoncé qui lie désormais le chimiste américain Dow, via sa filiale Dow Europe, et le groupe turque Aksa Akrilik Kimya Sanayii est significatif de ce nouvel engouement. Ils ont choisi de créer une co-entreprise (à 50-50) pour produire de la fibre de carbone dans l'usine du second à Yalova, dans le nord-ouest de la Turquie.
Le projet a reçu le soutien des autorités turques et la visite du Ministre de l'Industrie Nihat Ergun lors de son annonce officielle. Il représente un investissement de 1 milliard de dollars. En comparaison, celui de SGL Carbon et de BMW dans leurs projets communs s'élève à 230 millions d'euros.
Les nouvelles installations auront d'ici 5 ans une capacité de production de fibres de carbone de 3.500 tonnes par an. C'est considérable puisque cela représente 8% des tonnages mondiaux. Les deux partenaires tablent sur un marché des composites en fibre de carbone qui devrait se monter à 40 milliards de dollars en 2022, contre 10 milliards actuellement.
Leurs débouchés sont aujourd'hui multiples. La construction, l'automobile, l'aéronautique, les éoliennes, sont autant de secteurs vivement intéressés par les qualités de ce matériau à la fois léger et extrêmement résistant Aksa est un solide groupe chimique Turque, spécialisé dans les fibres acryliques. Son chiffre d'affaires devrait terminer l'année aux alentours de 900 millions de dollars en 2011. Il fait parti d'un conglomérat Turque (AKKOK Group), aux activités diversifiées, employant au total 3.200 personnes pour un CA de 2,7 milliards de dollars.
Source Autopresse