D’abord les taxis électriques fortement subventionnés. Puis obligatoires. Dans 3 mégalopoles. Puis 10. 6 mois…
[Beijing, été 2022] Les évènements politiques aux USA, puis en Europe, avaient donné à la Chine le moment qu’elle attendait. Cela devait arriver. Juste une question de temps. Pour les dirigeants chinois, le temps n’est pas linéaire. Inspirer le monde et donner l’exemple, telle était devenue la raison d’être de plusieurs villes chinoises. Et cela avait commencé par des investissements dans les énergies renouvelables, le transport et la logistique avec la Belt & Road Initiative.
Les USA ont décidé de se refermer sur eux-mêmes, les Européens de se déchirer, la Chine s’affiche désormais aux frontières de l’innovation dans de nombreux domaines : l’énergie, la mobilité, la sécurité, l’IA.
Après avoir observé les conséquences des taxis électriques, le gouvernement avait décidé de restreindre à l’intérieur du 4ème périphérique des 5 principales villes la circulation aux robotaxis. Les plateformes y travaillaient depuis plusieurs années avec détermination : Didi, Baidu, Alibaba, Tencent, Xiaomi… Les robotaxis se déployaient d’abord pour montrer au monde la puissance des industries chinoises. Ces objets condensaient le savoir faire des meilleures entreprises du pays. Des centaines puis des milliers de robots en circulation, créant de facto des quantités de données immenses pour alimenter les moteurs d’apprentissage et les IA. Pour les dirigeants, cette initiative combine plusieurs effets : innovations à la croisée de nombreux domaines, action pour la qualité de l’air, visibilité mondiale, bénéfices collatéraux pour la logistique.
Il a fallu 6 mois pour que tout s’aligne, que les erreurs du début ne soient qu’un mauvais souvenir et que les facteurs de défaillance ne soient plus qu’une longue série de 0. Tout le monde regardait la Chine et personne ne s’attendait à la phase suivante. Nous pensions que la mobilité robotisée allait arriver progressivement, par étape, comme indiqué sur les powerpoints. Elle a émergé aux endroits les plus propices et s’est répandue jusqu’aux limites.
Plusieurs états américains se sont lancés, sans attendre les retours du niveau fédéral, dans l’assouplissement des conditions pour exploiter des robotaxis. Certaines villes s’y prêtent assez bien. Les constructeurs les plus avancés, conscients de la course en train de se jouer, se renforçaient en Chine et dans les meilleurs spots de la planète. Dans ces contextes urbains, avec de basses vitesses d’exploitation de l’ordre de 30 km/h, les constructeurs automobiles se sont retrouvés en concurrence avec une multitude de fabricants de minibus, minisalons, minifoodtrucks, … (miniX)
La course aux voitures autonomes du début est devenue la course aux plateformes de mobilité pour être en contact avec la multitude, couplée à la course aux meilleures IA (pour modéliser les comportements d’un conducteur, comprendre l’environnement urbain) et aux fabricants de miniX. Plus le nombre de robotaxis augmentait, plus les données se condensaient dans les meilleures IA qui attiraient naturellement plus de données. “A quoi bon construire plusieurs IA, il en suffit d’une seule” pensaient certains…
Et c’est là que les Chinois ont dévoilé la partie logistique de leur plan. La route de la soie s’affiche désormais comme la vitrine chinoise d’une logistique moderne et efficace. Trains, RobotCamions, MiniRobot de livraison, Train de camion robotisés, tout était possible pour faire progresser les solutions chinoises et s’allier à plusieurs villes de l’Asie à l’Afrique.
“We should build a unified coordination mechanism for whole-course transportation, increase connectivity of customs clearance, reloading and multimodal transport between countries, and gradually formulate compatible and standard transport rules, so as to realize international transport facilitation. We should push forward port infrastructure construction, build smooth land-water transportation channels, and advance port cooperation; increase sea routes and the number of voyages, and enhance information technology cooperation in maritime logistics… […] an infrastructure network connecting all subregions in Asia, and between Asia, Europe and Africa step by step”.
“We should increase our cooperation in science and technology, establish joint labs (or research centers), international technology transfer centers and maritime cooperation centers, promote sci-tech personnel exchanges, cooperate in tackling key sci-tech problems, and work together to improve sci-tech innovation capability.” – extraits
La masse critique nécessaire pour enclencher des projets d’envergure a été atteinte en l’espace de 6 mois. Mais derrière cette bascule, ce sont des années de préparation dans les domaines clés : la formation (Didi et Udacity), la recherche, le soutien aux projets, … Désormais, les investisseurs apportent leur soutien à des projets majeurs dans plusieurs régions et villes du monde. Pour des raisons différentes au départ, la robotisation des transports se déploie :
- Villes chinoises :
- Réduire le nombre de voiture en circulation,
- Augmenter l’usage des véhicules électriques, donc réduire la pollution,
- Faire émerger des leaders industriels mondiaux en faisant rouler de grande quantité de véhicule (IA, plateforme, véhicule, mobilité à la demande),
- Déployer les solutions chinoises le long de la Belt & road initiative.
- Etats et Villes américaines :
- Faire émerger des leaders industriels mondiaux en faisant rouler de grande quantité de véhicule (IA, plateforme, véhicule, mobilité à la demande),
- Améliorer la compétitivité des chaînes logistiques,
- Dans certains états, réduire le nombre de voiture en circulation et augmenter l’usage des véhicules électriques,
- Villes japonaises :
- Renforcer les industries automobiles et robotiques japonaises,
- Garantir une mobilité aux populations âgées
Le positionnement de nouveaux acteurs dans la chaîne de valeur se renforce grâce aux effets de réseaux du numérique, à la concentration des plateformes/IA et au déplacement de la valeur vers le logiciel. Ces rapides déploiements viennent heurter des règles et des lois dans plusieurs domaines. La capacité des écosystèmes à se coordonner pour trouver les meilleurs compromis aux frontières des technologies, du droit, des intérêts collectifs et individuels se révèle en situation.