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Constructeurs, vos plateformes brûlent !

par Gabriel Plassat

« La bataille des produits est maintenant devenue celle des écosystèmes, incluant les données, les logiciels et le hardware mais aussi les applications, les réseaux sociaux et de distribution, les services géolocalisés, les communications unifiées et plusieurs autres choses. Nos adversaires n’ont pas pris nos part de marchés avec des produits ; ils ont pris nos parts de marchés avec un écosystème entier » – Message adressé par le CEO de Nokia dans un mail aux salariés.

« Je pense que nous avons manqué de responsabilité et de leadership pour aligner et diriger cette compagnie dans ces temps perturbés. Nous avons manqué plusieurs choses. Nous n’avons délivré d’innovation assez vite, nous n’avons pas collaboré en interne. Nokia, notre plateforme est en train de brûler»

A la différence de Nokia qui découvrait la puissance de l’économie des plateformes, nous savons maintenant pourquoi les plateformes automobile vont brûler.

Le scénario du pire pour cette industrie passe par la robotisation et la dépossession. Le lien que le marketing d’une des industries les plus puissantes a mis 100 ans a forgé est basé sur la relation physique à l’objet. Le conducteur est éventuellement l’acheteur mais il a un attachement physique à l’objet.

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Ce scénario robotisation-dépossession n’a plus rien de fictif, sa probabilité est non nulle. Ses conséquences seraient énormes pour l’industrie automobile puisque les constructeurs deviennent alors des équipementiers. Et tout change, les bénéfices, le business model, les volumes produits, les clients…

Une stratégie et des moyens

Google réitère Android basé sur Linux. Tout simplement. Sauf qu’ici l’Operating System d’une voiture est un petit plus complexe que l’OS d’un smartphone. Mais peut être suffit-il d’y mettre les moyens en face d’une véritable stratégie. Prendre une nouvelle fois la place centrale d’un écosystème via une plateforme, celle des voitures devenues robotisées pour recueillir les données, placer son écosystème d’applications et conserver sa relation permanente avec la multitude. Un simple icone sera ajouté sur Google Map pour aller d’un point A au point B.

Alors voici les 5 prochaines années (oui ça pourrait aller vite). En 2016, Google bénéficie d’une part importante du programme américain de 4 milliards de $, faisant travailler toutes ses équipes de robotiques acquises il y a seulement quelques années. L’écosystème de Waze, GoogleMap ainsi que les flottes de satellite se coordonnent. L’objectif est double : développer un autopilote complet et étendre la zone d’utilisation des robotaxis pour apprendre un maximum d’usage possible et pour rendre les robots visibles. En 2017, un état décide d’autoriser à basse vitesse (20km/h) sur certains quartiers les premiers robotaxis. La distance parcourue par les robots de Google dépasse d’un facteur 10 celles des concurrents. Devant les bénéfices urbains et citoyens, plusieurs villes veulent répliquer, enclenchant l’inexorable courbe d’apprentissage à rendement croissant. Plus les robots roulent plus les algorithmes apprennent et plus les robots sont performants et plus ils affichent de bons résultats et plus ils trouvent des territoires d’applications. Il ne s’agit pas de chercher à vendre des produits mais rendre la plateforme indispensable à de plus en plus de personnes, de villes, d’acteurs …

CEO NOKIA « Android came on the scene just over 2 years ago, and this week they took our leadership position in smartphone volumes. Unbelievable […] Android created a platform that attracts application developers, service providers and hardware manufacturers. Android came in at the high-end, they are now winning the mid-range, and quickly they are going downstream to phones under €100. Google has become a gravitational force, drawing much of the industry’s innovation to its core. » – source.

L’autopilot

En 2018, Google annonce pour 2020 la mise à disposition d’un autopilot complet comprenant les logiciels à télécharger (là), une liste de capteurs et actionneurs homologués compatibles et une procédure d’homologation sur le sol américain. Gratuitement. Comme pour Android, Google n’a mis que quelques années pour dominer ce marché. Nokia l’a compris trop tard. Et tous les CEO de l’automobile l’ont déjà compris.

CEOToutes les Sources : CEO

Aux USA puis partout, une multitude startup émerge développant des navettes, de petits véhicules utilitaires, exploitant le potentiel de cet Operating System pour couvrir les nombreuses applications possibles des robots. Les premiers constructeurs d’automobiles à s’engouffrer sont chinois et indiens. Puis plusieurs américains.

C’est fini. Zero to One.

Le monopole est crée. La place est prise.

Terrible effet des rendements croissants.

La suite a déjà été imaginée et décrite. Les véhicules sont opérés, éventuellement intégrés dans des services de mobilité. L’achat de robot par les particuliers ne représente que quelques pourcents. Bien sûr il faudra toujours des automobiles, mais les robots, ce sera M.Kalanick ou d’autres qui les achèteront par 10 puis 100.000 unités.  CEO UBER « if Tesla can make cars autonomous by 2020 he’ll buy 500,000 of them » – source. Les Etats les plus avancés inventeront une nouvelle fiscalité pour éviter l’effet rebond de cette nouvelle offre et ne conserver que les formidables bénéfices énergétiques qu’ils pourraient générer.

« Cela signifie que nous devons décider soit de construire un écosystème, d’en catalyser un ou d’en rejoindre un. » CEO Nokia.

Volontaire pour contribuer à la plateforme européenne. Identifiez vous !

 

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1 commentaire

Julien Honnart 2 février 2016 - 12 h 35 min

Merci Gabriel pour ce bel article de prospective. Il m’a donné envie d’imaginer le futur du covoiturage quotidien à l’ère des véhicules autonomes. Mon article est à lire sur le blog de Wayz-Up : http://blog.wayz-up.com/2016/02/02/le-futur-du-covoiturage/
À bientôt,
JH

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