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Mutations ? Airbus Ventures, Local Motors, Uber et Amazon China Freight

par Gabriel Plassat

La semaine dernière, plusieurs annonces illustrent des alliances jugées autrefois improbables. Elles ne sont pourtant que le reflet visible des mutations plus profondes qui opèrent. Airbus par le biais de son fond Airbus Venture A3 doté de 150 M$ investit dans une entreprise Américaine qui produit des véhicules : Local Motors et vient de lancer un concours Cargo Drone. Airbus Venture annonce également un partenariat avec Uber pour du transport à la demande par … hélicoptère. Amazon China vient de devenir opérateur de transport maritime de marchandises. Comment et pourquoi un vendeur de livre ou un site de e-commerce en arrive là ? Pourquoi Airbus, qui cherche à accompagner les meilleurs entrepreneurs de l’aerospace ecosystem, investit dans un fabricant de voiture (qui n’en vend aucune) ?

A3 s’intéresse au concept de micro-factory que Local Motors développe notamment en Allemagne. Produire localement à la demande des composants, puis des véhicules. Fonctionner de façon décentralisée, en réseau (lire Ré-inventons les organisations). Des concepts pour certains, une réalité industrielle pour d’autres. Airbus ne s’intéresse pas aux voitures mais aux nouveaux processus de conception et réalisation mis en oeuvre pour produire des objets relativement complexes avec le minimum de structure centrale. Si d’autres acteurs industriels sont intéressés, sachez que FranceCraft et Ampool s’engagent aussi dans cette voie. Et si l’aerospace ecosystem était en avance sur celui des constructeurs automobiles ?

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Les nouveaux industriels (lire cet Article sur le sujet)

L’industrialisation d’un véhicule conduit à « geler » des choix pour plusieurs années, et donc forcément à faire un mauvais choix. De la même façon, l’achat d’un véhicule fait l’enveloppe des besoins actuels et des hypothétiques besoins du futur. Et si un nouvel écosystème d’acteurs (constructeur, réparateur, micro-usine délocalisée, designer, …) proposait un véhicule et une palette d’évolution possible. Dans un monde imprévisible, n’est pas nécessaire ? Cette dynamique existe, elle vient du monde des hackers, des bricoleurs, des makers; elle s’appuie sur une conception très différente de la propriété intellectuelle, des liences, de la production d’objets et de connaissances et finalement du monde qui vient.

Un monde plastique

Imprévisible, chaotique, non linéaire, telles deviennent nos parcours, nos vies, notre monde. La plasticité inhérent au numérique arrive dans le monde des objets physiques. Plasticité dans la conception, pour concevoir de façon décentralisée, en grand nombre, pour itérer sur des maquettes numériques 2D, puis 3D, puis immersives. Figer le plus tard possible la « meilleure » conception. Puis lancer la production. Il est question maintenant d’apporter la plasticité dans la production, dans leur capacité à évoluer, à les mettre à jour. Plasticité dans la réparabilité, dans le recyclage et le ré-usage.

Ces possibles et ces ressources potentielles (micro-usine, plateforme numérique de co-conception, fablab, mais également des tutoriels et des MOOC pour améliorer les compétences par la pratique…) peuvent ré-interroger les processus de conception, diffusion, commercialisation et bien sûr réparation de l’automobile.

L’automobile évolutive à durée de vie infinie

Que deviendrait une offre de véhicule conçue dès le départ pour évoluer, avec un réseau de ressources distribuées, avec des tutoriels et des MOOC, et une plateforme numérique permettant de partager des plans, des guides, des expériences, des …

La structure invisible de l’automobile, la plateforme, pourrait servir de base aux évolutions de style ou des accessoires eux aussi modifiables (lire l’article 4H défense). Les logiciels du véhicule seraient simplement mis à jour à chaque passage chez un partenaire homologué, en même temps que les organes défaillants sources de rappel.

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Et si certains garagistes devenaient des ressources de formation, des experts pour faire évoluer les véhicules en fonction de vos nouveaux besoins de mobilités, capables également d’homologuer des évolutions de version de façon décentralisée ?

Identifié en 2012 sur ce blog, Local Motors et sa forge (lire l’article associé) questionnaient l’écosystème entier : « Ces nouveaux moyens, outils et réseaux pourraient s’appliquer également à la couche supérieure, celles des services de mobilité qui pourraient naître en exploitant différemment nos véhicules, et en concevant d »autres types de véhicules. Cette transition en cours aura des conséquences dans tous les domaines: l’éducation, la formation, la notion même de travail, et l’entreprise », dans un autre article au titre intéressant : « Co-créer une automobile, pour l’instant ça ne sert à rien mais demain …« 

Le secteur des véhicules lourds aurait pû se lancer le premier dans cette voie. Il est structurellement le plus proche. Il y viendra avant l’automobile, comme toujours (Lire la MétaNote, l’avenir du camion).

Décentralisé / Intégré

L’annonce d’Amazon China semble aller à l’inverse. Intégrer le transport maritime plutôt que sous-traiter. Centraliser les décisions. Et pourtant, Amazon procède par intégration puis plateformisation comme avec AWS. Le transport maritime Amazon sera intégré dans la chaîne Amazon mais également proposé comme un service à des clients, obligeant Amazon au meilleur niveau de service. En 2014, un article proposait : « Amazon Supply et Open Source Vehicle préfigurent le futur de la mobilité quotidienne« . Capable d’approvisionner des composants dans des chaînes logistiques mondiales complexes, en les assemblant localement dans des micro-usines.

« Rajouter à cela un hébergement chez AmazonSupply des composants avec les outils ad-hoc et/ou la livraison comme vos pneus chez un garagiste ou un centre de montage homologué OSVehicle et/ou l’émergence de micro-usine locale (voir le concept de micro factory ici ou ) ou fablab , et vous bouleversez la distribution de véhicule de mobilité quotidienne. »

Finalement, rien de très nouveau.

 

1 commentaire

Maxime Lafeuille 13 avril 2016 - 8 h 26 min

La collaboration entre Airbus et Local Motors dont il est question ici a donné lieu à un challenge qui a été lancé hier sur la plateforme de Local Motors: https://localmotors.com/localmotors/airbus-cargo-drone-challenge/.

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