Cet article a été rédigé par Vincent Bendetti.
Pour mieux comprendre les fondamentaux de l'Opération France Direct, deux documents en diffusion libre sont consultables :
Théorie de la mobilité appliquée aux services publics
chapitre 1 : – d'où nous vient la mobilité?
– loi de mobilité maximale et loi de Zahavi
(constance du temps consacré à la mobilité)
– la relation fondamentale entre perception et mobilité
chapitre 2 : – l'évolution vers la mobilité mécanisée
– les maladies de la mobilité passive
– un mauvais usage du numérique : la mobilité distraite
– la mobilité vers les services publics
En avant-première pour le blog Transports du futur, les deux premiers volets du troisième chapitre présentent les gains que nous pourrions attendre d'un changement de perspective en matière de mobilité.
Théorie de la mobilité appliquée aux services publics
chapitre 3: Vers une mobilité plus active et plus sereine
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Le coût de la sédentarité
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Après avoir compilé des centaines d'études réalisées dans de nombreux pays, l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) est maintenant en mesure de quantifier les bénéfices d'une meilleure activité physique en terme de diminution de la mortalité et de réduction des dépenses de santé. Pour l'Europe, l'outil en ligne HEAT (heatwalkingcycling.org) permet ainsi de se rendre compte que la pratique quotidienne de la marche et du vélo a les vertus suivantes :
Augmentation de la pratique quotidienne
+ 15 min de marche : Mortalité – 12 %
+ 30 min de marche : Mortalité – 23 %
+ 15 min de vélo : Mortalité – 24 %
+ 30 min de vélo : Mortalité – 43 %
La France compte au moins 50 millions de personnes valides, en condition de pratiquer un supplément quotidien de marche et de vélo. En augmentant de seulement 15 minutes par jour chacune de ces activités, le bénéfice économique obtenu par la méthode HEAT serait de :
Augmentation de la pratique quotidienne / Gain économique
+ 15 min de marche et 15 min de vélo / 130 milliards d'euros
>>> 30 % du budget de la Sécurité Sociale
Suite à la mécanisation des transports, la population française ne consacre plus que 14 minutes par jour à la mobilité active. Auparavant ce chiffre atteignait une heure en moyenne : différentes études à l'origine de la méthode HEAT montrent que ce niveau de pratique réduit la mortalité de 50%. Il apparaît en conséquence que la sédentarité soit aujourd'hui devenue le facteur principal de mortalité dans les pays industrialisés, avant toute autre cause telle que l'alcool, le tabac ou la mauvaise alimentation.
L'OMS a néanmoins choisi de prendre une définition assez restrictive de la sédentarité en considérant comme seuil minimal recommandé une activité physique modérée de 150 minutes par semaine, soit moins de 22 minutes par jour. Avec cette définition, la sédentarité reste tout de même la quatrième cause de mortalité en Europe. Mais l'outil statistique HEAT montre que les bénéfices de l'activité physique sont toujours très importants jusqu'à plus de 60 minutes de pratique quotidienne. À ce niveau optimal, les économies générées seraient absolument colossales.
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Sortir le pays de la crise en 10 minutes
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Dans son rapport de 2012 "La santé en France et en Europe : convergences et contrastes", le Haut Conseil de la Santé publique montre que la population française est la plus sédentaire de l'Europe des 15 (UE15) :
Population touchée en France/ rang européen (UE15)
Sédentarité élevée : 43 % / 15 ieme (sur 15 pays)
En ce qui concerne spécifiquement la pratique de la marche à pied, la France se situe au 14 ieme rang des pays de l'EU15 avec environ 13 minutes par jour pour l'ensemble de la population. Seulement 30% de la population française dépasse le seuil minimal recommandé par l'OMS. En moyenne, le découpage des activités quotidiennes des français donne le tableau suivant :
Mobilités passives / sédentarité
voiture / transports : 53 min
télévision : 230 min
Mobilités actives
marche : 13 min
vélo : 1 min
Sur le plan des politiques publiques, on remarque que le véritable effort financier se porte surtout en faveur de la partie haute du tableau. En accord avec la loi de mobilité maximale, construire de nouvelles infrastructures reste considéré comme une condition indispensable au dynamisme économique et les investissements dans le domaine des transports sont particulièrement lourds.
Pour sortir de crise, on imagine des plans de relance économique qui annoncent un retour à la croissance par le renouvellement du parc automobile. Au delà de ces aides ponctuelles "prime à la casse" , la filière automobile est constamment encouragée dans ses infrastructures (voiries améliorées, ronds-points, rocades, etc…), ses nouveaux usages (covoiturage, auto-partage, libre service, etc…) et son développement technologique (véhicules électriques, biocarburants, voiture 2L/100km, etc…).
Quant à la fibre optique, paramètre clé jouant sur le tem
ps dédié à la télévision, ce nouvel axe de dépense stratégique évalué sur le plan national à 21 milliards d'euros par l'ARCEP et au double par les opérateurs, des études ont montré que le raccordement des foyers va surtout profiter à l'arrivée de la télévision très haute définition, dite 4K. Aux Etats-Unis, l'expérience de la ville fibrée à 1Gb par Google l'a démontré: "Qu'est-ce que ça fait d'avoir l'internet le plus rapide du monde ? "
C'est néanmoins sur la partie inférieure du tableau que se trouve le véritable gisement de richesses, capable de sortir le pays de la crise de la dette publique qu'il traverse. Notre pratique minimale du vélo, moins de 100km par an soit une moyenne journalière de 1 minute, génère à elle seule une économie de 5,6 milliards d'euros en dépenses de santé.
En rapprochant nos pratiques de mobilité de celles des pays d'Europe les plus volontaristes dans ce domaine (l'Allemagne en fait évidemment partie), les économies se chiffreraient alors en dizaines de milliards d'euros par an. Partagée par l'ensemble des personnes valides, une augmentation quotidienne de 15 minutes de marche et 15 minutes de vélo signifie une économie de 130 milliards d'euros sur le budget annuel de la Sécurité Sociale.
En matière d'activité physique, des études ont révélé qu'il n'y avait pas de seuil minimal pour obtenir une amélioration de la santé : chaque minute supplémentaire d'activité génère des bénéfices. Les premières minutes gagnées sur la sédentarité sont même celles qui rapportent le plus. En modifiant nos habitudes quotidiennes de seulement 10 minutes par jour, ce sont déjà plus de 50 milliards d'économies chaque année.