Elon Musk vient de décider de donner accès aux brevets déposés par Tesla (lire le blog de Tesla). Les raisons évoquées questionnent intégralement les processus d'innovation en oeuvre.
"Si une entreprise dépend de ses brevets, c'est qu'elle n'innove pas ou alors qu'elle n'innove pas assez rapidement". "Le leadership technologique n'est pas défini par les brevets, l'histoire a montré à plusieurs reprises qu'ils ne représentaient qu'une faible protection face à rival déterminé, poursuit M. Musk. Il est plutôt défini par la capacité d'une entreprise à attirer et à motiver les ingénieurs les plus talentueux". Et donc dans la capacité d'innover sans cesse. "Vous voulez innover tellement vite que vos précédents brevets deviennent caducs", assure M. Musk.
L'attractivité des talents, la rapidité d'éxecution et l'Open Source deviennent les éléments clés permettant d'innover au plus près de la multitude (lire l'article sur ce sujet) dans un monde catalysé par le numérique (lire l'article sur le numérique devenu LA technique dominante).
Cette approche questionne les dispositifs de soutien financier à l'innovation, les clusters qui ont été élaborés, mais également les méthodes de collaboration, les modèles d'affaires et la relation avec la multitude.
Après le brevet …
Récemment Nicolas Colin ré-interroge l'innovation technologique : "Une entreprise numérique, c’est une entreprise qui n’a pas d’autre choix que d’être toujours en hyper croissance pour repousser l’assaut des concurrents. Systématiquement la croissance est favorisée par rapport aux marges. Et c’est cette hyper croissance qui explique le recours massif au logiciel, à l’alliance systématique avec les startups, le déploiement des plateformes, les effets de réseau qu’on essaie d’installer dans les applications, via l’effet communautaire. C’est l’hyper croissance qui fait les entreprises numériques.". L'hypercroissance implique rapidité d'éxecution et d'itération avec la multitude.
La protection hier assurée par le brevet s'obtient donc simultanément par la capacité à déployer les produits/services dans la multitude, à se relier à elle "intégralement", à instaurer une confiance nécessaire à conduire une implication de la multitude dans la co-conception et à itérer en continu. Ce sera la qualité, la profondeur, le spectre de cette relation qui rendra difficile, voire impossible à un concurrent de venir s'immiscer. Jusqu'à présent, tous les acteurs ayant réussis mettent en oeuvre des plateformes en soignant particulièrement le design dans de véritables laboratoires vivants en s'appuyant sur des dispositifs de soutien et de financement.
L'ère des plateformes
L'interfaçage avec la multitude se joue à travers des plateformes. L'équilibre et la neutralité de ces plateformes sont aujourd'hui questionnés. Un rapport du Conseil National du Numérique vient d'étudier spécifiquement le sujet de la neutralité pour réunir les conditions d'un environnement numérique ouvert et soutenable.
Plusieurs articles ont été rédigés sur la plateformisation du monde (Lire les articles Les plateformes vont dominer et De la PFA à la PF des mobilités). La mise en oeuvre d'une plateforme est facilitée par un "terreau" adaptée mélant financeurs, laboratoires, acteurs publics. Compte tenu du rôle majeur de la régulation et des réglementations, Marc Andreessen analyse les échecs des clusters qui ont voulu copier la Silicon Valley, en proposant au contraire de créer de nouveaux "Valley" : la drone Valley, la cybercar Valley, la … Valley. La laboratoire vivant devient un "espace-temps" clé pour itérer à la fois la technique, la réglementation, les modèles d'affaires, et préparer la phase suivante, celle de l'itération permanente sur tous les territoires avec la multitude.
"But the biggest advantage of the 50-different-Silicon Valleys approach isn’t just in what it affords isolated regions or entrepreneurs—it’s in accelerating innovation everywhere. Removing regulations across different regions allows multiple innovation categories to advance together at once, in parallel, without being bottlenecked by time or place".
Open Source Vehicle, accélérateur d'innovation
Pour certains, comme le projet OS (Open Source) Vehicle, l'Open source est inscrite dans l'ADN (pour downloader les plans, c'est là), que la décision de Teslsa vient renforcer. Le véhicule, entièrement ouvert, devient un élément de base à bricoler, à itérer pour concevoir des systèmes de mobilités expérimentables.
Plusieurs acteurs venant des projets OSVehicle et des fablabs se fédèrent : "In collaboration with HP, OpenSource Vehicle and 5 other FabLabs around the world (Garagem FabLab (SP. Brasil), FabLab San Diego, FabCafe Tokyo, FaLab Manchester and Vigyam Ashram in India) FabLab Barcelona is setting out to design a concept car based on the needs a
nd desires of the FabLab and Maker communities". "Our entire concept for this vehicle revolves around giving people the ability to modify, customise and adapt the vehicle to their specific needs at any given time. In order to do this we have conceived of a system of pods, which anyone will be able to design or download and make themselves at their local lab. Different pods will provide different functionalities, such as a bike rack or mobile FabLab".
Les frontières historiques des domaines et des acteurs se brisent, les protections mises en oeuvre dans chaque filière fissurent, les moyens et méthodes changent pour innover. Mais fondamentalement, le gagnant est celui qui propose la meilleure expérience, qui connait son client, prend soin de lui et l'invite à son Univers.