Au moment où le Centre d'Analyse Stratégique sort un second rapport sur les mobilités (voir ICI, et ICI pour le premier), un bref retour en arrière s'impose.
A l'automne 1990, six ministres ont confié au commissariat général du plan la tâche d'organiser et de présider un groupe de réflexion interadministratif sur les transports à l'horizon 2010. Ce rapport, imposant avec plus de 500 pages, contient de nombreux enseignements sur le fond et sur la forme.
L'objectif ici n'est pas de critiquer cet exercice difficile compte tenu de la complexité du système, sur ses liens avec de nombreux paramètres, mais de mettre en valeur les points positifs et de retirer quleques pistes de progrès pour les prochaines études de prospective.
Sur la forme tout d'abord, nous avons une étude "classique" basée sur une connaissance statistique du passé sur les principaux paramètres clés, quelques outils de modélisation, et des compétences/connaissances venant de plusieurs ministères. Cette approche purement top-down se retrouve bien évidement dans les actions proposées, comme par exemple :
- Une vision stratégique à long terme doit être élaborée …mettre en place un groupe de travail chargé d'élaborer une vision à long terme,
- Améliorer les outils de planification, les critères de choix des investissements, les outils de calcul.
Cette verticalité dans l'étude du problème est une caractéristique clé de ce type de rapport dans lequel les usagers, citoyens sont "concentrés" dans le terme "demande" que l'on analyse, modélise en jouant essentiellement sur la tarification et les coûts.
Premier constat: Nous n'avions pas prévu les changements de la demande apporté par les Technologies de l'Information qui vont permettre, grâce à internet, de relier les individus entre eux, d'apporter du latéral , de l'horizontal. Dans un premier temps ces liens horizontaux ont permis des échanges immatériels d'informations et de données; ils vont maintenant conduire à partager des biens physiques pour mieux les utiliser: la demande peut changer, vite, se spécialiser en fonction des contextes. Par ailleurs, les TIC permettent également de faire remonter de nombreuses données sur les usages réels, les pratiques quotidiennes et occasionnelles, pour construire de nouvelles bases de connaissances; les statistiques ne viennent plus uniquement des structures centralisées, les savoirs deviennent dispersés, il faudra donc les identifier, les collecter, les récompenser. Les outils d'analyse et de compréhension de la demande peuvent être totalement repensés grâce à des innovations venues des Telecoms. La prospective ne peut pas s'aborder de façon cloisonnée.
Sur le fond, les principales pistes de progrès ont déjà été identifiées: penser multimodalité, intégrer les externalités négatives dans les processus de choix, innover sur les contraintes tarifaires, améliorer les structures de gouvernance multiniveaux. Déjà il était également proposé de désigner dans chaque Autorité Organisatrice des Transports un "Monsieur Intermodal" chargé de proposer des mesures pour améliorer les chaînes de transport : conception des stations, tarif, billetique, information …
Second constat: Les pistes de progrès sont connues depuis longtemps. Nous ne sommes pas capables de les mettre en oeuvre à grande échelle, sur tout le territoire. Pour cela, de nombreuses innovations sont nécessaires : voir ICI.