Cette annonce récente est positive pour le secteur des transports et de la mobilité en France. Ainsi, Ecomobilité Ventures disposera d’un capital de 30 millions d’euros afin d’investir dans de jeunes entreprises innovantes.
" Pour SNCF, Orange, PSA Peugeot Citroën et Total, il s’agit de contribuer à l’émergence d’un nouvel écosystème des mobilités, au-delà des frontières sectorielles habituelles. Les nouvelles formes de mobilité durable, stimulées par l’évolution rapide des technologies et des usages, mobilisent des savoir-faire complémentaires. Associer la capacité d’innovation de jeunes entreprises à l’expertise et l’expérience des industriels partenaires d’Ecomobilité Ventures favorisera le développement de solutions nouvelles et durables.
Ecomobilité Ventures prendra des participations minoritaires dans des entreprises européennes, en phase d’amorçage ou de développement, qu’il accompagnera dans la durée. Les secteurs ciblés seront ceux de la mobilité durable (produits, services, technologie) et des cleantechs en relation avec la mobilité. Il s’agira de jeunes sociétés proposant des offres capables de répondre à différentes problématiques liées à ce sujet. Elles devront démontrer leur capacité à atteindre une rentabilité économique, de façon autonome, en s’appuyant sur un modèle d’affaire robuste et avoir ainsi le potentiel pour devenir des leaders sur leurs segments de marché."
Pour chaque industriel partenaire du fond, les objectifs sont clairs : assurer un service porte à porte pour la SNCF, apporter les TIC dans les transports puis dans les smart cities pour Orange (voir ICI les opportunités et les risques des Smart Cities), développer des solutions de mobilité adaptées aux territoires pour PSA et Total. Mais est ce qu'en dehors des start-up connues actuellement dont la plupart des produits/services peinent à se développer, ce type de fond saura capables de susciter l'innovation, de permettre un changement d'échelle ? Qu'est ce qu'un modèle d'affaire robuste dans ce domaine à la croisée du transport collectif, individuel, public et privé ? Ne doit-on pas, en même temps, inventer d'autres critères de jugement et de sélection ? Comment associer les usagers et les collectivités à ce processus de sélection ?
Ce blog tente de présenter les multiples facettes de ce sujet complexe, au sens de "tissé ensemble" (voir ICI). L'initiative de ces quatre industriels doit être encouragée, soutenue car elle va assurement participer à la naissance de solutions innovantes. Mais nous devons accélérer, pas uniquement dans l'amont (production de solution de mobilité) mais également dans l'aval (le changement de comportement), c'est à dire la capacité à quantifier et qualifier l'acceptabilité, l'acceptation puis l'intégration de toute nouvelle solution de mobilité en fonction des utilisateurs, des territoires, des contextes. Ainsi, les produits/services innovants ne pourront être validés qu'après avoir été "plongés" dans plusieurs contextes, plusieurs territoires, plus laboratoires vivants. Il faut donc associer, DES LE DEPART, les utilisateurs et les collectivités.
Mais cela ne sera pas suffisant. Les solutions de mobilité testées ne conviendront pas dans la majorité des cas, elles ne se développeront pas à des échelles suffisantes pour permettre "un modèle d'affaire robuste". Pour changer d'échelle et amener les usagers à changer de comportement, il faut accroitre le périmètre du système à considérer.
Par exemple, la mobilité des salariés va (est déjà) devenir le problème de l'entreprise. Cette dernière va donc devoir SIMULTANEMENT repenser ses activités et son organisation ET expérimenter de nouvelles solutions de mobilité pour les personnes et de solution de transports pour les marchandises. En effet, nous savons déjà que la palette de solutions de mobilité (même "innovantes") ne se "branchent" pas sur les activités des ménages et des entreprises. Très peu les utilisent au quotidien. Il s'agit alors de concevoir en même temps nouvelle organisation des activités ET nouvelle solution de mobilité. Là encore, il faudra intégrer d'autres acteurs au processus de sélection : usagers et entreprises.
Le problème n'est donc plus de trouver des solutions de mobilité "innovantes", mais plutôt de les co-concevoir à plusieurs, pendant un certain temps, dans plusieurs contextes, pour identifier celles qui intègrent réellement des facteurs de progrès. Il est proposé pour cela de :
- rassembler et animer des compétences étendues et de nombreux acteurs,
- leur proposer une vision et des objectifs compréhensibles,
- expérimenter dans plusieurs territoires en usages réels ces nouvelles solutions de mobilité, TOUT EN AYANT MODIFIE les activités des ménages ou des entreprises,
- quantifier précisement les processus d'acceptation et d'intégration dans la durée de ces changements, pour alors changer d'échelle en utilisant massivement d'autres moyens de transport,
Les premières pièces du puzzle rassemblées par ces acteurs industriels doivent être complétées au plus vite avec :
- les usagers aujourd'hui et demain,
- les territoires et les collectivités – source d'innovation,
Tout en développant et en utilisant d'autres critères de jugement d'un produit et d'un service, pour changer d'échelle et modifier massivement nos solutions de mobilité, trouver d'autres modèles économiques en revoyant complètement les chaînes de valeurs et les moyens de "récompenser" un changement.