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Le véhicule électrique, le service et l’économie circulaire

par Gabriel PLASSAT

Et si le véhicule électrique apportait encore plus en terme de bénéfices environnementaux, énergétiques, économiques grâce aux services et au déploiement de l’économie circulaire ?

 

La technologie électrique utilisant moteur – électronique – stockage électrochimique permet de réduire localement émissions polluantes, bruit et émissions de GES. Les bilans globaux incluant la production d’électricité sont variables, mais le cas français présente des avantages indéniables. Mais ce « premier » niveau de gain ne doit pas suffire à cette filière, tout d’abord parce que les solutions thermiques continuent de progresser en terme de rendement énergétique et surtout de rendement économique.

 

Le véhicule électrique offre trois autres avantages indéniables :

· Il ouvre des possibilités nouvelles en terme d’architecture véhicule, de nouveaux acteurs donc d’innovations. La chaîne de valeur du VE est centrée sur la solution de stockage de l’énergie, et sur l’intégration – conception – validation du véhicule complet. Les équipementiers, les fournisseurs des systèmes de stockage peuvent devenir des acteurs centraux, démultpliant les capacités d'innovation.

· Il est naturellement tourné vers les professionnels par son coût d’investissement élevé et son faible coût d’usage. Plus un véhicule électrique roule, moins il coûte cher, or pour un particulier, cette optimisation est très délicate. Par contre des professionnels ont à la fois les capacités d’investissement et les capacités à « charger » les véhicules permettant de bénéficier pleinement des faibles coûts d’usage. Le véhicule électrique est donc fait pour être, massivement, vendu à des professionnels.

· Enfin, vraisemblablement à moyen terme compte des modifications d’usages qu’il sous-tend, le véhicule électrique peut permettre d’appliquer à merveille les principes de l’économie circulaire. Cette économie implique de ne pas se focaliser sur l’objet mais sur le service, ce qui est tout à fait possible, rendu par la matière qui le constitue. Cette matière doit être mobilisée de façon optimale afin de maximiser les services rendus. Il s’agit donc de penser en terme de flux de matière et d’énergie. Le véhicule possède encore de formidables atouts par le faible nombre de pièce d’usure, par la facilité à les remplacer, si et uniquement si, cela est prévu à la conception. Dans ce cas, le véhicule électrique, vendu à des professionnels, peut atteindre une durée de vie quasi infinie. Seul le stockage est changé au bout de quelques années, lui-même recyclé compte tenu des matériaux qu’il contient, puis remplacé par une nouvelle solution plus performante et moins chère, le véhicule peut alors être « mis à jour » sans difficulté avec éventuellement un changement des pièces « d’aspect extérieurs ». Cela suppose de prévoir cette gestion des flux dès la conception, et surtout de considérer que les générations futures seront vraisemblablement moins attachées aux objets, accepteront d’utiliser des véhicules que nous n’accepterions pas d’acheter aujourd’hui.

 

Le passage à l’usage change le rapport à l’objet. L’économie de la fonctionnalité est donc liée à l’économie circulaire. Cette modification profonde dans la conception des objets est nécessaire. Elle nécessitera, dans un premier temps, la création et la gestion des services par de nombreux « intermédiaires », éloignant l’utilisateur de l’objet, augmentant les coûts d’usage.

 

Un second mouvement de balancier aura sans doute lieu pour permettre à la fois une approche circulaire, pour découpler la possession et l’usage, pour maximiser l’utilisation des ressources en réduisant les externalités, et une conception, une gestion, voire une production des objets par les citoyens eux-mêmes dans des living labs. Pour le véhicule, plusieurs signaux faibles, déjà abordés dans ce blog, sont déjà à
l’œuvre comme C’mm’n et SIM. Le projet Véhicule Vert Breton (et ici) pourrait être la première réalisation d’envergure incluant les utilisateurs à la conception. La réalisation, en dehors des batteries, est imaginable dans un second temps dans des usines plus locales, dont les « fab lab » et Arduino sont les prémices.

 

Le véhicule électrique, inclus dans des services de mobilité, inclus dans des procédés de gestion des matériaux circulaires, conçus et partiellement réalisé avec et par les citoyens, aura alors permis la plus grande transition en matière de conception, d’usage, de ré-utilisation d’un système de transport. Il permettra d’augmenter notablement notre robustesse aux crises à venir, d'accroître l’autonomie des citoyens, et d'ancrer nos industries dans nos territoires de façon irréversible.

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