Cet article a été rédigé par Mathieu Chassignet – ADEME
Afin d’encourager la pratique du covoiturage, l’entreprise STMicroelectronics a expérimenté le versement d’un « abondement covoiturage » à ses salariés qui covoiturent au travers d’une application. Pour en savoir plus, nous avons interrogé Benoît Mollaret, le directeur technique du site STMicroelectronics de Grenoble Presqu’île. Il est notamment en charge du plan de déplacement et est à l’origine de cette expérimentation.
Mathieu Chassignet : Quelle est la situation du site et le contexte en matière de politique de déplacements ?
Benoît Mollaret : Nous avons commencé à réfléchir à la question des déplacements des salariés à partir de 2000. Notre premier Plan de déplacement entreprise (PDE) date de 2000. Nous avons eu de bons résultats sur le vélo et les transports collectifs, puis nous avons entamé des réflexions quelques années plus tard sur le covoiturage, notamment en réservant quelques places de parking aux covoitureurs.
Aujourd’hui, sur les 2500 salariés du site, près de 50% prennent les transports collectifs (qui sont remboursés à hauteur de 80 %), 20 % utilisent le vélo et 2 à 3 % covoiturent. Il reste 27 % d’autosolistes et le covoiturage pourrait constituer une solution pour une partie d’entre eux.
Comment s’est mise en place l’initiative d’abondement covoiturage ?
L’opération a démarré il y a 6 mois. Il s’agit de considérer le covoiturage comme une sorte d’offre de transport collectif miniature, et donc de participer aux frais engagés par le salarié.
En 2000, nous avons mis en place l’abondement TC (à hauteur de 80%), et ce bien avant la loi qui a introduit le remboursement par l’employeur (à 50 %), qui date de 2005. Nous avions à l’époque eu de très bons résultats.
Comment l’abondement covoiturage est-il mis en place en pratique ?
Nous aidons le salarié à la même hauteur que le remboursement TC : environ 1 € par trajet, soit 2 € par jour.
Seuls sont éligibles les salariés qui covoiturent en passant par une application, permettant de prouver l’effectivité du covoiturage. Nous travaillons notamment avec Karos qui nous fournit chaque mois un relevé attestant le nombre de trajets en covoiturage effectués.
Quels sont les résultats obtenus ?
Le coup de pouce financier a permis de constituer une dizaine de nouveaux équipages de covoiturage, c’est-à-dire une vingtaine de personnes qui représentent près de 1% des salariés du site. Tous étaient auparavant autosolistes.
Nous n’avons constaté aucune fraude jusqu’à présent.
Une des limites est que les personnes qui covoiturent habitent généralement assez loin et font facilement 20 à 30 km pour venir au travail. L’incitation peut donc sembler assez faible par rapport au coût du trajet en voiture, même partagé.
Quelles améliorations seraient possibles et quelles sont vos perspectives ?
Il faudrait que nous puissions fournir un abondement plus important afin d’être plus incitatif pour ces personnes qui habitent loin.
Il faudrait également que les pouvoirs publics aident : les transports en communs sont largement subventionnés alors que le covoiturage ne l’est pas. Une personne acceptant de transporter des passagers est pourtant une sorte de mini société de TC ! C’est le sens de nos discussions avec le SMTC (Syndicat Mixte des TC de l’agglomération grenobloise) qui collabore et cofinance cette expérimentation. En tout cas l’opération n’est pas trop coûteuse et s’est révélé plutôt efficace. Elle sera donc reconduite l’année prochaine.
Pour en savoir plus : les études de l’ADEME sur le covoiturage