Dans la fiction N°2, Amazon Energie Service, Amazon distribue de l’énergie dans des stations services. Cette entreprise peut notamment se caractériser par sa capacité à apprendre vite en intégrant un nouveau domaine, puis à le dé-intégrer pour créer ex-nihilo une nouvelle activité. Amazon Web Service (AWS) est né comme ça, du besoin d’avoir une infrastructure numérique robuste, mondiale, capable de supporter des charges élevées. Pour placer AWS au niveau des meilleurs, Jeff Bezos a fait simple : mettre en concurrence AWS avec les acteurs du cloud. D’une pierre plusieurs coups, en cas de succès, devenir leader mondial d’une activité secondaire pour un simple de e-commerce, acquérir des compétences pour bénéficier en interne des meilleures plateformes et faire bénéficier ces clients de ces avantages. Amazon pourrait reproduire cette démarche dans la logistique. La première phase est dejà largement réalisée. Bientôt viendra la seconde.
Apprendre (toute) la logistique
Dans la 1ère phase, il s’agit d’intégrer en interne pour apprendre. Apprendre à apprendre. Réinventer d’autres façons de faire dans un monde numérique. Penser par le prisme des clients livrés (surtout les clients Prime comptant pour 60% des bénéfices) et non des problèmes des logisticiens. Et pour cela, intégrer des navires, des avions (40), des camions (4000). Faire de tout le monde un livreur Amazon avec Flex. Egalement explorer des livraisons par drone avec Air Prime.
Aujourd’hui Amazon est une chance pour Fedex et UPS. Ce n’est pas sûr que cela reste le cas . Il ne faut sous estimer la capacité d’Amazon pour entrer dans une nouvelle activité et devenir un concurrent. La Deutsch Bank a également explorer cette possibilité et propose 5 phases :
- Amazon loue ou intègre des bateaux pour accélérer le sourcing des produits venant de Chine,
- Amazon met en oeuvre de centres logstiques près des ports chinois,
- Les bateaux deviennent des centres logistiques actifs tout en déplaçant les produits. En se basant sur les historiques des commandes (les fameuses big data) , Amazon prend un avantage en anticipant (petit brevet sur le sujet).
- Quand la commande est connue, Amazon déconsolide les marchandises en vers des flottes de camions réduisant le stockage au minimum,
- Les livraisons sont opérées grâce à des livreurs privés, des particuliers, des drones …
En s’appuyant sur les données des clients, en anticipant et prévoyant dans certains cas à l’avance, Amazon s’apprête à ouvrir une nouvelle ère de la logistique vers les particuliers. D’ici quelques années, Amazon pourrait alors externaliser cette activité et la mettre en concurrence avec les logisticiens pour servir d’autres clients, exploitant peut être aussi les données via AWS. Pour Jeff Bezos, il ne s’agit pas de concurrencer UPS ou FedEx, mais de « proposer de meilleurs services aux clients« .
Et les magasins alors ?
C’est aussi en cours. Mais cela ne changera en rien les stratégies en matière de logistique. Les magasins sont là aussi pour tester et apprendre des clients tout en offrant de nouvelles expériences de découverte et d’achat. Peu de produits seront présents physiquement puisque la livraison à la maison va s’améliorer constamment.
Cette approche est inédite par son ampleur. Elle est dite « full stack » pour mieux servir les clients qui commandent en maîtrisant toutes les chaînes physiques et numérique. Comme Elon Musk dans les domaines de l’énergie et de l’automobile de luxe, les GAFA et NATU sont structurellement en expansion. Une fois en contact avec une multitude de clients, ils remontent la chaine de valeur. Par ailleurs, pour Amazon, il s’agit aussi de conserver son avantage vis à vis des autres GAFA qui, eux, « ne comprennent pas grand chose à la logistique« .
Pour poursuivre : Will Amazon will kill FedEx ?