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[balise N°2] Les Transports du Futur

par Gabriel Plassat

Une 1ère balise posait un constat sur les acteurs en présence, les défis à relever et une piste étroite à explorer. En à peine une année, les oscillations de l’éco-système se sont amplifiées. Les dispositifs régulateurs ne suffisent plus pour retrouver une situation stable, historique, pour revenir “avant”. Ni les normes, ni les règles en place, ni les fédérations ne permettent d’amortir et de réguler. C’est même l’inverse, à chaque grève, les téléchargements augmentent. Les GAFA et NATU sont maintenant connectés à la multitude et proposent des solutions de mobilités opérationnelles. Ils ne cherchent pas à concurrencer les acteurs historiques, ils souhaitent simplement être au centre de l’attention de la multitude. Pour l’enrober en permanence, pour être sûr de rester en contact avec elle. Intégralement. Et les dommages collatéraux n’ont pas encore eu lieu.

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Faites vos jeux, rien ne va plus …

Les annonces s’enchaînent à un rythme inédit, à chaque fois plus grandes, plus précises aussi, dessinant progressivement des stratégies globales. La grande qualité du numérique tient dans sa capacité à connecter des plateformes, des ressources, des données, donc des acteurs amplifiant encore plus les déséquilibres. Terribles API pour ceux sont obligés d’échanger uniquement des composants physiques. Et ce n’est qu’un début. Les bots arrivent, l’IA arrive. Les infrastructures numériques sont déjà en place. Pour apprendre à apprendre, pour nourrir les IA et les bots, pour fournir des expériences “sur mesures”, pour explorer chacune de nos décisions, de nos comportement, amplifiant encore plus les déséquilibres. Dans un système instable, “le battement d’aile d’un papillon peut déclencher une tempête”. Alors imaginez des acteurs riches et organisés…

Aucun incubateur hébergé par un industriel ne lui permettra de faire naître un géant destiné d’abord à concurrencer ses propres produits. Terrible dilemne de l’innovateur. Aucun incubateur multi-corporate ne le fera non plus. Impossible non plus de créer aussi rapidement des plateformes aussi puissantes, des communautés aussi grandes et dévouées. Impossible encore de concurrencer leur capital confiance. En étant reliés aussi fortement à la multitude, aucune stratégie n’empéchera l’intermédiation, ni la réglementation, ni la protection des données, ni les regroupements entre industries, ni d’hypothétique alliance. Il faut affronter la réalité et inventer une nouvelle façon de se relier à vos futurs clients.

Théorie du chaos

La théorie du chaos donne deux solutions à un système sorti de son équilibre : l’effondrement ou l’émergence d’un nouvel équilibre, plus complexe. Ce nouvel équilibre contient et transcende le précédent. Oui, il faudra toujours fabriquer des voitures. Mais ce ne seront que des supports physiques pour trans-porter des expériences essentiellement créées par le numérique, totalement intégrées dans des services de mobilités, achetées en grand nombre par des professionnels et vendues à la multitude.

Aucun scénario de prospective n’a prévu l’année 2016. Il nous faut aussi repenser nos approches pour imaginer le futur, pour le charger en inconnu. Nos futurs sont trop pauvres, trop “tendanciels” pour nous préparer à un monde Volatil, Incertain, Complexe et Ambigu.

Ils utilisent tous les moyens pour améliorer sans cesse la relation avec la multitude et travaillent maintenant quasiment avec tous les acteurs (industrie, startup, laboratoire, collectivité), dans tous les domaines (technique, juridique, réglementaire, institutionnel). Est ce que les jeux sont faits ? Probablement. Si rien n’est construit à l’échelle dans les 3 ans à venir, les infrastructures numériques seront connectées à la multitude et vice-versa.

Alors … Comment créer des plateformes numériques performantes, comment surtout y faire contribuer de nombreuses communautés pour créer de nouvelles expériences et services qui peuvent à la fois se coordonner et s’opposer à des productions industrielles traditionnelles ? Chaque acteur individuellement est trop petit, trop lent pour produire suffisamment d’actifs matériels et immatériels, et concurrencer les industries numériques. Même les fédérations ou filières affichent les mêmes performances. Nous faisons l’hypothèse qu’aujourd’hui seul l’open source peut permettre à des écosystèmes de se coordonner, capitaliser, économiser, standardiser, produire plus vite, en grand nombre.

Lacher prise et stratégie

Il nous faut écrire un récit de l’open source dans les mobilités comme autant d’objet lien pour rassembler les dynamiques d’acteurs, passer de la compétition à la coopétition et outiller des entrepreneurs, beaucoup plus d’entrepreneurs. Chaque projet utilisera et produira des ressources open source, la plupart échoueront mais à chaque projet, l’écosystème sera renforcé, mieux organisé et équipé de nouveaux actifs.

Nous avons regardé les modèles d’affaires scalables lors d’un atelier de la Fabrique des Mobilités. Les acteurs qui les maitrisent se placent dans une dynamique dite de traction par la multitude. Contraint à innover pour répondre à une demande croissante, connectée et éduquée. Le numérique y est profondément imbriqué pour apporter “en retour” des informations riches sur les usages des services. Plus l’app est utilisée, plus les données renseignent, plus le design du service s’améliore, plus elle est utilisée. Le marché “du trajet à la demande ou planifié” ne se fera pas autrement. La robotisation et la dépossession vont renforcer encore ces dynamiques, puis cela questionnera le hardware, la conception des objets.

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En résumé…

Plusieurs mécanismes dit à rendement croissant sont déjà à l’oeuvre, certains sont visibles, mais ils n’ont pas encore produit tous leurs effets. Les plateformes dominantes vont aspirer les innovations périphériques, pour se renforcer et rester au centre de l’attention. Nous aurons (avons déjà) un combat de plateformes numériques.

Le prochain système sera plus complexe, intégrant l’actuel et le transcendant, à la fois basé sur la concurrence, la propriété et sur la coopération, l’open source. Comme pour Android aujourd’hui, les frontières vont à la fois rester et disparaitre. Les organisations industrielles actuelles n’ont pas d’autres choix que de retrouver l’esprit entrepreneurial de leur fondateur dans une autre structure indépendante, un radeau pour construire le futur de l’entreprise mère. Les critères d’allocation des ressources devront y être réinventés, les schémas de décision et les organisations également. L’open innovation n’y sera un gadget mais au centre de pratiques construites autour d’une nouvelle raison d’être réinventée. Tous les nouveaux projets retenus pourront être considérés en même temps comme potentiellement concurrent et comme une nouvelle activité. Ce radeau pourra (devra) être en contact avec de nouvelles parties prenantes, plus agiles, plus légères, plus nombreuses, à la fois ouvertes et fermées, et plus variées aussi. Une véritable bio-diversité …

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