Accueil Puis viendra l’ubérisation d’Uber (2/2)

Puis viendra l’ubérisation d’Uber (2/2)

par Gabriel Plassat

[Suite de la première partie de cet article co-rédigé avec Marc Tirel, auteur de Voyages en Emergence]

Voici donc trois futurs possibles, trois futurs non exclusifs et compatibles entre eux … mais la réalité de demain sera surement faite d’autres possibles ! Nous sommes en 2025, dans 10 ans seulement.

lechat1 – Incredible China !

La double annonce faite par les autorités chinoises en ce mois caniculaire et surpollué d’aout 2025 a de quoi glacer le sang d’un bon nombre d’acteurs du marché des transports.

  • interdiction de circulation dans les grandes métropoles pour tous les véhicules non électriques,
  • interdiction de circulation dans les grandes métropoles pour tous les véhicules conduits par des humains.

Autrement dit pour rouler dans des villes comme Pékin ou Shangaï il faut être une “voiture” électrique et autopilotée. Les enjeux sont multiples :

  • réduire la pollution, les taux de mortalité en hausse ainsi que les protestations de la société urbaine,
  • être en mesure d’accueillir la prochaine COP 31 d’ici 5 ans tout en incitant l’Inde à prendre des mesures similaires très rapidement,
  • se placer comme le leader de la robotisation urbain, attirer les industriels du monde entier et placer sur l’Europe et les Etats-Unis sur certaine pression.

Pour la mise en oeuvre de cette décision forte c’est la phrase de Deng Xiao Ping : “Peut importe qu’un chat soit blanc ou noir pourvu qu’il attrape les souris” qui fait office de stratégie.

L’important est d’arriver au résultat escompté quels que soient les acteurs et leur façon de faire. Pour autant la seule obligation donnée à ces acteurs est d’utiliser le blockchain chinois… La Chine veut effectivement tenter de garder une forme de contrôle et il est devenu possible de le faire en limitant les usages à la mobilité qui plus est à l’intérieur de la Chine. Alibaba et Baidu ont rapidement fait alliance pour développer un premier robot taxi. Le gouvernement a pour cela mis en oeuvre en 6 mois un territoire d’expérimentation sous la forme d’une “ville vide” pour valider des systèmes d’exploitation de robots. Et bien sûr tous les constructeurs ont ouvert un centre dans ce territoire. La Chine a ainsi réussi l’alliance d’un blockchain privé et d’une cohorte de robotaxis avec des développements potentiels dans la plupart des mégalopôles d’Asie et d’Afrique en commençant par le Nigeria.

2 – Google AutoDroid

Après le premier partenariat conclu entre les 2 géants dès 2019, la course à la masse critique de clients et celle qui consiste à réunir le maximum de fonds pour l’exploration de l’espace s’accélère. Cela amène les 2 mastodontes que sont Google et Tesla à fusionner. L’AutoDroid, version d’Android destinée aux véhicules roulants s’impose comme standard de fait et devient la norme mondiale talonné par l’Apple Car parti sur ce marché un peu plus tardivement.

Uber, déjà racheté par Google en 2018, est devenu une marque commerciale ayant acquis plusieurs dizaine de milliers de robot dès les 1ères années. Les conséquences ne sont pas anodines pour le secteur des transports. Les robotaxis se propagent à grande vitesse dans plusieurs villes en offrant des trajets à très faibles coûts grâce à la publicité. Pendant 10 à 20% du temps de trajet des écrans publicitaires sont diffusés tant à l’intérieur de la voiture qu’à l’extérieur. Les gains énergétiques étant supérieurs à 80%, faire rouler des robotaxis ouvrent des droits Carbone pour les villes qui les mettent en oeuvre, réduisant d’autant plus la place pour l’automobile à conduite humaine. Seules les zones rurales échappent encore à cette mutation. La production automobile s’effondre et la valeur se déplace de l’objet vers le gestionnaire de la flotte mais surtout vers le “dataire”, celui qui possède les TeraOctets de données générées par la circulation des drones.

Google a réussi, non pas à faire circuler des humains, mais à mettre à jour ses millions de km de carte de façon automatique par des robots. Le combat des cartes devient plus que jamais une lutte stratégique majeure. La mobilité n’est finalement pour lui qu’un co-produit.

3 – L’Europe ubérise Uber avec CarChain

Il ne fallait pas lutter contre lui, il fallait simplement inventer quelque chose de mieux…Comme les taxis dans les années 2015, les chauffeurs d’Uber sont en grève, ils paralysent les grandes capitales européennes : Paris, Madrid, Rome, Bruxelles et en appellent au gouvernement européen. “Ce n’est pas normal, ils nous prennent nos emplois. Maintenant avec CarChain, tout le monde peut rouler sans chauffeur. Ce n’est pas légal ! ”.

Les initiatives nationales avaient toutes échouées et c’est sous l’impulsion de citoyens connectés et « hackers », européens et russes, que Carchain naquit. Réunis autour du projet «voitures citoyennes», ils utilisent une évolution du blockchain autour de Vitalik Buterin, fondateur d’Ethereum.

Selon Vitalik Buterin, une application covoiturage doit répondre à quatre fonctions de base. Premièrement, elle doit permettre aux passagers de publier des demandes. Ensuite, elle doit être équipée d’un mécanisme qui filtre ces demandes et de systèmes de paiement et de notation .

Une société de transport basée en Ethereum n’effectuerait pas toutes ces tâches. Un développeur peut créer l’interface, un autre le système de paiement , tandis qu’un autre conçoit le système de GPS. Grâce à des contrats cryptés entre l’utilisateur et les développeurs, chacun de ces programmes pourraient construire un ensemble cohérent, beaucoup moins cher que les services existants.

Quand un conducteur est à la recherche d’un passager, le logiciel client du conducteur pourrait proposer une fonction de coût, comme “préfère trajets qui commencent plus proche de moi.” À ce moment, “le conducteur publie un contrat crypté sur le blockchain qui peut automatiquement évaluer les demandes d’ incitatifs présentés, et après N secondes paye automatiquement une prime de 0,10 $ à quiconque fournit trajet le plus favorable », dit Buterin .

Une fois que le contrat du conducteur pour le plus favorable des trajets est payé, le contrat s’auto-supprime, et l’information est transmise au conducteur. Tout ou partie de ce calcul pourrait être externalisée. Dans l’exemple Uber décentralisé, il existerait une industrie complètement en libre accès composé de noeuds Uber décentralisés dans le cloud. « Leur seul but serait de chercher des contrats avec des algorithmes de recherche qui déterminent quel trajet permet de maximiser le score avec l’autre. Et Buterin dit que dans ce système quiconque pourrait immédiatement commencer à participer.”

Quelque chose comme cela existe déjà : La’Zooz, une startup basée en Israël , a construit la première application de covoiturage décentralisée utilisant le blockchain. Semblable à la vision de Buterin pour un concurrent de l’Ethereum à Uber, les utilisateurs finaux en sont propriétaires. Ils peuvent également gagner des Zooz crypto-monnaies en contribuant à améliorer l’écosystème de La’Zooz . La différence entre l’application de blockchain La’Zooz, et une à base d’Ethereum est que la première est géré par trois co-fondateurs , tandis que la seconde n’aurait besoin de personne.

Ce projet soutenu par des fonds européens visait à constituer plusieurs flottes expérimentales de voitures électriques et autonomes dans quelques capitales. Après une première flotte d’ambulances, de nombreuses flottes d’entreprises privées se mirent à utiliser Carchain basée sur OpenSourceMap et Ethereum puis vinrent les grandes métropoles. Celles-ci reconcoivent entièrement leur système de transport public en faisant évoluer bus, transport à la demande et taxis.  Des citoyens adhérent à des coopératives investissant dans des cohortes de robotaxis Carchain intégrant l’assurance également en blockchain. Ces objets roulants créent par leur activité des données collectives majeures en commun concernant la qualité de l’air, la congestion et bien sûr la cartographie. Ceci permet de mettre à jour OpenStreetMap, de l’enrichir plus vite que les voitures de Google ne peuvent le faire pour GoogleMap.

Progressivement des villes développent des services de mobilité (comme le Honduras et son registre foncier) en utilisant le blockchain. Carchain permet finalement de créer à la fois des solutions de mobilités distribuées et également de nombreux co-produits comme une multitude de données riches elles-aussi capitalisées sous forme de communs. De nombreuses plateformes exploitent maintenant ces données pour produire de nombreux services aux citoyens. Nous découvrons que la valeur de la donnée est éphémère et qu’elle se révèle à posteriori par l’hybridation avec d’autres données.

La notion de datadiversité ou compost numérique d’un territoire émerge …

Pour en savoir plus :

Le groupe de discussion Blockchain et Mobilité

Ethereum : https://www.ethereum.org/

La Zooz : http://lazooz.org/

Rapport IBM sur l’Internet des Objets et le blockchain

1 commentaire

hadj 20 août 2015 - 8 h 52 min

excellent article.
j’aime beaucoup tous ces informations pour l’ubérisation.
merci pour le partage .

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