La mobilité a changé. La manière d’innover a changé. Il est urgent de compléter les dispositifs de soutien à l’innovation pour répondre aux nouveaux défis : Comment faire levier du numérique et aider les start-up à faire évoluer l’ensemble de l’écosystème ? Comment fédérer ces acteurs autour de la nouvelle filière industrielle des mobilités ? Qu’attendent les entrepreneurs ? L’ADEME a fait réaliser une étude auprès d’experts et d’acteurs de l’innovation pour tenter de répondre à ces questions.
L’étude est téléchargeable ici et visionnable au bas de l’article.
L’innovation ne s’impose plus. Elle ne se déclare plus. Elle se constate, dans l’adoption massive par le marché d’une technologie, d’un service ou d’un usage. Ce changement de paradigme nécessite d’adopter une approche plus modeste, résiliente et plus “apprenante” de l’innovation.
Pour les acteurs traditionnels du transport la question n’est plus : “comment lutter contre les changements et défendre nos positions ?”, mais “comment apprendre nous aussi à inventer des services de mobilités, des plateformes qui soient adoptés par nos (futurs nouveaux) clients ?”.
S’appuyant sur les dynamiques entreprenariales issues des 2 jours du séminaire Mobilites Mutations, l’ADEME a confié à 15marches une étude de définition d’un nouveau dispositif de soutien à l’innovation dans le domaine des mobilités.
La démarche retenue est inductive. Une quinzaine d’entretiens semi-directifs ont été réalisés . Le choix s’est majoritairement porté sur des acteurs hors du secteur traditionnel de l’automobile, venant de structures de tailles et de situations variables : startups, structures de soutien, grandes entreprises impliquées dans l’écosystème, experts de l’innovation. L’objectif n’était pas de bénéficier d’un panorama global mais d’un retour d’expériences sur le système. “L’innovation vue par les gens qui la côtoient et la pratiquent au quotidien pour mieux esquisser les contours de ce nouveau dispositif.”
Les personnalités interrogées dans cette étude [lien vers entretien] considèrent que les démarches d’innovation actuelles sont peu efficaces pour relever ces défis : trop prévisibles, trop lourdes, trop ciblées sur les seules technologies, répétant le passé. Ces méthodes passent à côté de ce qui fait le succès des “nouveaux entrants” : la capacité à trouver l’adéquation produit/marché et passer à l’échelle rapidement.
Et surtout, ces démarches privilégient les grandes entreprises au détriment des startups, têtes chercheuses de l’innovation moderne.
Le succès foudroyant de certaines startups – souvent étrangères – interroge sur les ingrédients et les modèles mis en oeuvre par celles-ci. La manière dont elles interagissent avec leur écosystème en particulier est souvent décisive. La question posée : “quel est le meilleur dispositif pour soutenir l’innovation ? “ a souvent été reformulée par nos interlocuteurs en :
“Comment développer une véritable culture de l’innovation dans les entreprises et organisations?”
“Comment faciliter l’émergence d’innovations de rupture au sein et autour de ces organisations ?”.
Le défi de l’innovation à l’ère d’internet est de faire confiance à la capacité créative de chaque partie pour faire progresser l’ensemble de l’écosystème. Ceci suppose pour la filière d’accepter de ne plus tout maîtriser et de se mettre au service des autres acteurs, déjà identifiés ou non. De créer les conditions de réussite, de développer une nouvelle culture de l’innovation et d’ouvrir ses ressources, sans savoir à l’avance ce qu’il en adviendra. De co-construire ensemble un nouveau dispositif d’émergence et d’accélération de l’innovation.
Les pouvoirs publics ont un rôle essentiel à jouer : ils maîtrisent l’infrastructure physique et légale; ils peuvent favoriser la diffusion des externalités positives générées. Ils peuvent également jouer le rôle d’intermédiation entre tous les acteurs pour identifier, lever les barrières, regrouper les ressources identifiées, capitaliser et diffuser les connaissances, et jouer dans certains cas le rôle de tiers de confiance. La tâche est immense, tant la filière des nouvelles mobilités s’ignore encore aujourd’hui. Elle est passionnante, car l’essentiel des changements est devant nous.
Le dispositif proposé dans cette étude n’a pas vocation à être exhaustif; il s’agit ici d’une esquisse. Il complète les dispositifs existants et ne vient pas les concurrencer. Le dispositif décrit est un prototype qu'il conviendra de travailler avec tous les acteurs de l'écosystème pour qu'ils se l'approprient intégralement et qu’il s’auto-réalise. Les liens, les connexions et les réseaux qui seront mis en oeuvre seront tout aussi importants que les ressources elles-même. Ils légitimeront ce nouvel espace d'action et de création.
La création d’une nouvelle culture de l’innovation en France est appelée de tous les voeux. Le secteur des nouvelles mobilités, au croisement des modes de vie et de la technologie, peut en être le fer de lance tant il touche à la fois nos vies quotidiennes, nos territoires et nos industries. C’est une chance qui se présente pour les citoyens, pour les entrepreneurs et pour l’environnement.
Les pictogrammes sont des créations originales inspirées de “Ecosystem”, de Red Cross Red Crescent Climate Centre, et “startup”, de Five by Five
Liste des participants à l’étude (les compte-rendu d’interviews sont consultables ici) :
Consultants :
- Olivier EZRATTY (consultant)
- Philippe MEDA (Merkapt)
- Stéphanie BACQUERE (Node-A)
Structures d’accompagnement :
- Nicolas COLIN (The Family)
- Paul RICHARDET (Numa)
Startups :
- Louis CHATRIOT (Local Motion)
- Nicolas JAULIN (Pysae)
Transports :
- Éric POYETON (Volvo et P.F.A.)
- Mickael DESMOULINS (Renault)
- Guillaume USTER (IFSTTAR)
- Romain LALANNE (SNCF)
Grands groupes :
- Arnaud MICHARD (Bouygues Telecom)
- Romina STROYEMEYTE (Gemalto)
Acteurs publics :
- Benoît JEANVOINE (BPI)
- Romain LACOMBE (Etalab)
- Raphael SUIRE (Université Rennes-1)