Certaines évolutions sont prévisibles, inscrites dans les tendances historiques. Le "beau, bon et vrai" produit est toujours préféré par le citoyen. Quand la connaissance permettant de juger si le produit/service est "beau, bon et vrai" n'est pas accesssible, la réglementation ajoute quelques barrières pour protéger du mieux possible ce dernier. Mais ce n'est pas du tout équivalent. La pollution automobile correspond parfaitement à ce cas.
Autrefois inconnues, non valorisées, quasiment inutiles pour le consommateur, les émissions de polluants et de CO2 deviennent stratégiques. Ce n'est qu'une question de temps. Ce qui change maintenant, ce sont les dynamiques en cours et les rapports de force.
Et si le consommateur avait accès à la connaissance intégrale des émissions réelles (toutes les émissions) des voitures à la vente, est ce qu'il y aurait besoin de réglementation ? Comment achèterait-il ?
Et si un autre acteur parvenait à produire ces données aujourd'hui inconnues, sans rien demander au constructeur ? et à se positionner de façon inédite dans une nouvelle chaîne de valeur ?
Quand les contraintes (affichage CO2) en cours et à venir sur les émissions de CO2 obligent les utilisateurs des véhicules (chargeurs, transporteurs) à connaître de mieux en mieux ces données pour établir des bilans environnementaux sur les transports de personnes et marchandises, et plus tard les produits vendus,
Quand l'écart entre la donnée connue par l'acheteur (et le législateur) et la réalité devient tellement important (jusqu'à un facteur 10), un nouvel acteur a intérêt à s'introduire pour la produire (ou s'en approcher) car ces données acquièrent une valeur. Le Joint Research Center (Centre de Recherche de la commission européenne) a publié un rapport précis sur les écarts entre les émissions mesurées sur cycles et en usage réel, et les conséquences au niveau réglementaire : Le rapport,
Quand des acteurs comme Uber ou blablacar, font de la mobilité un nouveau modèle d'affaire, le bilan environnemental des personnes transportées deviendra un argument commercial majeur, donc la connaissance des données sera obligatoire,
Quand les technologies open source (logiciel et hardware) se développent et abaissent les barrières pour permettrent à de nouveaux entrepreneurs d'accéder aux données à bord des véhicules et de produire une estimation des émissions polluantes,
Quand la pollution locale et le non respect des plafonds fixés par la commission européenne devient un enjeu politique national et local, la connaissance des émissions réelles devient stratégique pour mieux arbitrer et surtout mieux justifier les décisions,
Quand la transparence à l'ère du numérique n'est plus option, comme l'illustre le concept ZMOT de Google,
Et quand, sont déjà "entrés" dans l'automobile, les géants du numérique, comme par exemple l'Open Automotive Alliance,
La connaissance, la production et la diffusion des émissions réelles (polluants et CO2) ne sont plus des options. Si les constructeurs ne s'y engagent pas, d'autres entrepreneurs le feront. Ils posséderont alors les données stratégiques, déterminantes pour les consommateurs. D'ici moins de 5 ans, des véhicules produieront eux-mêmes leurs émissions en temps réel. Cette transparence, quelque soit la valeur des émissions, leur donnera également une priorité d'accès et des avantages.