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Dongfeng/PSA et Facebook/WhatsApp

par Gabriel Plassat

En même temps, Dongfeng injecte 800 Millions d'euro et Facebook rachète WhatsApp 16 Milliards d'euro. Ces deux évènements ont lieu. Jouant probablement dans deux mondes différents. En tout cas, ce sont deux visions du monde qui vient. La première Alliance tente de prolonger une économie de la rareté, utilisant des ressources finies pour des marchés à remplir. La seconde met en oeuvre des ressources immatérielles (appuyées sur des techniques et des investissements lourds), des ressources infinies pour des expériences à inventer.

16 milliards pour des abeilles

Pourquoi investir 16 milliards dans un réseau de messagerie instantanée ? Est ce que "ça les vaut" ? Pour tenter d'analyser cela, il faut penser comme les acteurs du numérique. Yann Moulier Boutang a théorisé ce mode de fonctionnement par l'économie de la pollinisation. La valeur de l'Abeille n'est pas uniquement dans le miel et la cire mais dans la pollinisation. Et c'est bien cela que Facebook a acheté : des abeilles.

Ces utilisateurs de Whatsapp, qui utilisent cette application parce qu'elle est séduisante, fonctionnelle (pour attirer les abeilles), créent de la valeur par le contenu qu'ils publient. Ce sont les flux, la pollinisation, qui vont être captés par Facebook. 450 millions d'abeille exactement. Ces abeilles postent des messages régulièrement, très régulièrement, puisque 310 millions le font tous les jours (voir cet article). Certains vont déjà faire le calcul du prix de l'abeille ou des flux générés par les abeilles… Mais je pense que toutes les abeilles ne se valent pas. Ces utilisateurs participent, sans le savoir, à des améliorations permanentes de l'application (Whatsapp) et de la plateforme à laquelle elle est rattachée (Facebook). L'attractivité augmente, donc les flux, donc la pollinisation. Certains utilisateurs sont probablement plus actifs, plus sensibles, plus engagés. L'objectif de la plateforme est avant tout de les séduire pour les amener à collaborer, de les surprendre. Le combat des plateformes a commencé depuis à peine quelques années, et déjà les principales relient des centaines de millions d'abeilles (lire la plateformisation a déjà commencé). Le contrat, non explicité, est le suivant : plus vous utilisez cette appli, plus elle s'améliore, vous donnant des services (gratuits) des plus en plus performants et en échange, la plateforme (Facebook) valorise le pollen. Ce contrat est accepté, pour le moment. Gardons en tête ces mécanismes contributifs pour envisager de les appliquer sur une autre plateforme.

Et si naissait une plateforme citoyenne pour mieux gérer les communs ?

Il est tout à fait envisageable d'utiliser les mêmes mécanismes sur une plateforme "commune", non privée, dans le but d'engager des mécanismes contributifs pour partager des ressources matérielles et immatérielles. Wikipédia ou OpenStreetMap sont des exemples, même si ils n'opérent que sur un segment très précis et limité (encyclopédie, carte). Ainsi nous utiliserions les mécanismes et les dispositifs technologiques de la pollinisation pour produire et gérer des "communs". Yann Moulier Boutang indique en effet que beaucoup de nos activités quotidiennes intégrent des externalités positives qu'une plateforme commune permettrait d'amplifier, de révéler, de faciliter en mettant à disposition des ressources mutualisées. Ce dispositif permet également mécaniquement de réduire les externalités négatives, de valoriser ainsi la réduction de consommation de matières rares. 

Pollinisation

Schéma Philippe Botte basé sur la théorie de Yann Moulier Boutang

Calèche puis Automobile et demain WikiMobilis

Dans le domaine des mobilités, ce blog décrit de nombreux services, considérés comme des applications. Chaque service est spécialisé sur une fonction, une mobilité précise, un environnement donné. Il n'existe pas de plateforme globale rassemblant ces différentes applications. Nous pouvons attendre qu'un acteur le fasse, probablement celui qui possède l'application la plus puissante (lire notamment la MétaNote N°14 l'avenir de l'automobile). Soit nous considérons cette plateforme comme un commun, indispensable pour faire muter notre système de transport, pour construire une société libre et équilibrée. Esquissons cette plateforme.

Elle hébergera plusieurs monnaies (et les dispositifs pour les gérer), toutes les applications (services de mobilité et d'immobilité), des systèmes complets de réputation, des outils de réseaux sociaux basés sur le web sémantique permettant de capitaliser et de faire des propositions de mobilité adaptées aux besoins (si vous vous déplacez comme ça dans telle condition alors vous pourriez aussi essayer ce service). Appelons cette plateforme WikiMobilis. Elle devra être séduisante, simple d'usage et présente dans chaque poche (comme un clé de voiture). Elle rassemblera plusieurs millions d'abeilles utilisatrices et contributives de services de mobilités mais également productrices de connaissances sur les usages, productrices de liens sociaux, productrices de bénéfices sur notre santé. Plus nous l'utiliserons plus elle sera performante, plus elle intègrera de nouvelles applications (services), plus elle attirera d'abeille. Les valeurs qu'elle porte devront bien sûr être cohérente avec les aspirations des "citoyens du futur" (lire la MétaNote Apprenons à connaître les citoyens du futur).

Progressivement WikiMobilis révèlera les pratiques de mobilités, maximisera l'usage des ressources rares, fera monter en compétences les utilisateurs dans toutes les pratiques de mobilité, augmentera les liens "faibles" tellement riches, permettra à des territoires d'augmenter leur attractivité et leur résilience, réduira les externalités négatives, … 

Alors qui commence à créer WikiMobilis ?

 

 

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