Accueil Où doit-on innover ? Pour cela, comment peut-on collectivement se représenter les champs de recherche ?

Où doit-on innover ? Pour cela, comment peut-on collectivement se représenter les champs de recherche ?

par Gabriel Plassat

Quels sont les principaux de champs de recherche et d'innovations dans les domaines des mobilités pour les personnes et les marchandises ? 8 champs sont proposés. Mais je cherche une représentation graphique de ces champs et des liens entre eux, pour mieux partager ces objectifs collectivement. N'hésiter pas à m'envoyer vos propositions (en mode commentaire ou par mail) …

Partons d'un exemple d'actualité. Carrefour vient d'inaugurer des magasins 'éphémères', c'est à dire léger/versatile/mobile, en utilisant les capacités numériques distribuées des citoyens (smartphone), permettant à chacun de scanner un produit. Notons que cela a été mis en oeuvre pour la première fois en Corée par Tesco (voir ici). Quelques interrogations :

  • Ceci permet de découpler le lieu de stockage du produit, du point de rencontre personne/marchandise, donc de modifier simultanément mobilités des personnes et des marchandises. Est ce mieux d'un point de vue énergétique, économique ? Y a t-il des effets de seuil (si cela se développe et dépasse les magasins traditionnels …).
  • Ceci aura donc des conséquences en matière de logistique, de la même façon d'une commande internet. Mais alors pourquoi avoir besoin d'un magasin physique même si ce n'est qu'un cube ? Y a t-il des consommateurs qui modifient leur comportement par étape ? est-ce plus 'confortable', pratique, simple que le site web de Carrefour ?
  • Quelles seront les conséquences sur les pratiques et les imaginaires ? Quelles seront les prochaines étapes ? comment faire pour qu'elles intègrent en même temps des objectifs énergétiques et environnementaux au coeur de leur système ?

En complément, Carrefour a intégré l'usage de Foursquare et du jeu. Ce point innovant a déjà été abordé dans plusieurs articles précédents comme Ingress. Le jeu comporte plusieurs caractéristiques intrinsèques qui conduisent notamment à engager, à "faire faire". Il permet également de simuler des systèmes très complexes, tout en affichant des interfaces simples: le joueur découvre progressivement la complexité de façon intuitive par apprentissage successif. Dans cet exemple, Carrefour couple mobilité, localisation et commerce grâce à un jeu concours sur Foursquare en invitant les consommateurs à faire leur course/jouer.

"Le principe : chaque jour, du 15 au 31 octobre 2012, les deux premiers participants qui s’enregistrent sur ce lieu à partir de 18h reçoivent un bon d’achat de 8€ à valoir dans l’ensemble des magasins Carrefour. Les participants sont également invités à immortaliser le check-in en prenant des photos, voir ci-dessous. Le 31 octobre 2012, la personne qui sera Maire (Mayor) du magasin virtuel à la Gare du Nord aura également une surprise."

  • Quelles seront les pratiques réelles et les bénéfices apportés par le jeu ? N'y a-t-il pas d'autres récompenses que les bons d'achat de 8€ ? Ne faut-il pas proposer en fonction de chaque joueur/consommateur/citoyen une "récompense adaptée" pour accroître son engagement ? Dès lors quelles seront les monnaies de demain ?
  • Le couplage de plus en plus complexe, multi-niveau du réel et du virtuel semble engagé dans de nombreux secteurs. Là aussi, comment faire pour que ces dispositifs intègrent en même temps des objectifs énergétiques et environnementaux au coeur de leur système ?

Pour répondre à toutes ces questions (et bien d'autres), il convient d'identifier non plus les services de mobilité innovants eux-mêmes, les 'innovations techniques', mais bien d'analyser et de comprendre les conditions favorables à leur mise en oeuvre pour mieux répliquer les conditions, et non obligatoirement les services de mobilité. Les frontières du système à considérer sont également tout aussi important que les conditions. L'exemple de Carrefour nous le montre : psychologie et sociologie jusqu'à la chaîne logistique, jeu et commerce …

L'extrait ci dessous du rapport sur la fiscalité numérique montre à quel point le numérique s'insère dans tous les champs de l'innovation, de l'étude comportementale jusqu'au design et modèles d'affaires : " L’obsolescence de notre conception de la R&D par rapport à sa réalité dans l’économie numérique est une menace stratégique pour la compétitivité. Les dispositifs d’aide à la R&D et les concepts auxquels ils sont adossés ont une influence déterminante sur la spécialisation de nos entreprises et sur leur capacité à trouver leur chemin dans l’économie numérique. Le biais découlant d’une conception obsolète de la R&D explique que peu d’entreprises françaises soient des acteurs majeurs de cette économie : plutôt que de les encourager à innover en matière de modèle d’affaires, de design, de collecte et de traitement de données, de mise en place d’interfaces de programmation d’applications (API), les dispositifs en vigueur les enferment dans des efforts – réels ou feints – d’innovation technologique devenus caducs à l’ère du logiciel libre et des plateformes logicielles, et les empêche de donner la priorité à la « traction » (la capacité à nouer très rapidement une relation privilégiée avec des utilisateurs puis à faire levier des données issues du suivi régulier et systématique de leur activité pour enrichir l’offre et accélérer la conquête de parts de marché) et à l’exploitation des données issues de l’activité des utilisateurs."

8 champs sont proposés ci-dessous.

  1. Intégration Multimodale intégrale : informations, paiement, trajets, expériences, marketing individualisé … Ceci implique tant au niveau des entreprises créatrices de solution de mobilité, des opérateurs, des collectivités des décloisonnements multiples et des re-conceptions de nouveaux services aves des conséquences sur les organisations humaines de ces structures. Le numérique joue ici un rôle 'classique' de liant.
  2. Ingénierie de co-conception simultanée d'une nouvelle offre de mobilité associée à une demande de mobilité elle-aussi modifiée. Le citoyen ou l'entreprise utilisatrice de solutions de mobilité accepte de revoir l'organisation de ses activités, de les modifier, de les réorganiser pour expérimenter une offre conçue pour sa "nouvelle" demande. Il s'agit ici de trouver de nouveaux points d'équilibre offre/demande. Ceci passe obligatoirement par une co-conception au plus près des utilisateurs, donc "avec eux" et pour les meilleurs "par eux".
  3. Mieux analyser et comprendre la situation actuelle: ce champs impose
    d'élargir le périmètre du système à considérer à utiliser massivement les outils numériques pour accéder au niveau des pratiques quotidiennes et de leurs déterminants. Il est également nécessaire de créer de nouvelles interfaces (appelées "riches") pour permettre à chaque acteur d'analyser et mieux comprendre à la fois son environnement, son point de vue mais également le point de vue des autres et le point de vue du collectif (notion d'holoptisme) . Les différents jeux d'acteurs rentrent également dans ce champs multidomaine.
  4. Mieux révéler le besoin de changer et mieux conduire le changement: ce champs traite à la fois de la capacité à faire réver, à guider, à expliquer pour préparer la décision, puis à inciter, contraindre et/ou récompenser le changement, aider à faire le 1er pas, et enfin dans la capitalisation et le partage de l'expérience vécue. Bien sûr toutes ces étapes sont dépendantes des interlocuteurs, des conditions. Il faut les contextualiser.
  5. Mieux comprendre et coupler les approches Top down et Bottom up pour les mettre en synergie et obtenir des bénéfices conjoints. Le récent rapport sur la fiscalité du numérique indique clairement les processus en cours et le rôle de plus en plus stratégique des utilisateurs dans la chaîne de valeur. Tout ceci doit être analysé et mis en oeuvre dans le domaine des mobilités.
  6. Mieux utiliser le meilleur du numérique et du réel comme le montre l'exemple de Carrefour, ces deux Univers sont en train de se tisser. Ce champs rejoint le précédent car les approches Bottom up utilisent les outils numériques pour rassembler des communautés de pratiques, pour partager des expériences, pour aggréger de nouvelles connaissances, mais également pour noter, juger ou encore échanger.
  7. Concevoir et mettre en oeuvre de nouvelles contraintes/récompenses partagées pour les citoyens consommateurs dans l'objectif de rendre visible et compréhensible les mesures existantes (taxes, péages, …). Ce champs multidomaine permettra d'engager de nouvelles pratiques.
  8. Concevoir et mettre en oeuvre de nouvelles contraintes/récompenses partagées pour les territoires et les collectivités, avec le même objectif.    

 

Bien sûr ces 8 champs de recherche sont liés entre eux. Comment représenter ces 8 champs graphiquement et leurs liens ? Y a t-il d'autres champs ? N'hésiter pas à rédiger vos propositions en mode commentaire ci dessous ou par mail (voir Contact en haut). 

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