Les progrès réalisés sur les véhicules depuis un siècle sont remarquables. L'automobile rassemble aujourd'hui les savoirs de milliers d'ingénieurs ayant réussis à développer et industrialiser en masse un produit de haute technologie usiné au micron à un prix très bas. Cela va se poursuivre mais cela reste largement insuffisant.
D'une part, les progrès réalisés sur l'efficacité énergétique sont bien souvent "réutilisés" pour proposer plus de confort, de pseudo-performances (performances vendues au client mais jamais utilisées, comme la capacité à rouler à 170 km/h ou des capacités d'accélérations), de sécurité. Appelons cela la boucle rétroactive "plus lourd à consommation constante". D'autre part, l'objet automobile est très mal utilisé: 1,2 personne par voiture en moyenne. Il devient nécessaire de revoir ces 2 paramètres : réallouer tous les gains énergétiques sans compromis pour atteindre moins de 2 litre/100 km sans aucun surcoût sur le véhicule ET atteindre 2 personnes/voiture en remplissage moyen.
Less is more
Le premier objectif pourrait se résumer par "less is more". Observons tout d'abord, à la différence d'un réfrigérateur, qu'une automobile moins chère, est, en général, plus petite, plus légère, donc consomme moins. La majorité des gains en matière d'émissions de CO2/consommation obtenus sur les ventes de véhicules neufs ont été obtenus grâce aux petits véhicules, et non à des progrès technologiques en rupture (voir ce précédent article sur le sujet). Certaines industries sont en train de se concentrer sur ce créneau du véhicule simple, léger, efficace, à faible marge. Une des questions technologiques est Qui sera faire un GMP de 20 kW au meilleur prix ? Bien sûr, le coeur du sujet est économique: le modèle d'affaire. Pour industrialiser et commercialiser en masse des véhicules "less is more", il devient nécessaire de re-penser l'intégralité du modèle d'affaire puisque la valeur quitte en partie l'objet. Ce dernier devient une commodité, les fonctionnalités deviennent centrales. Frost & Sullivan présente ci dessous un résumé de cette transition, largement décrité sur ce blog.
Ainsi la capacité à industrialiser des véhicules à moins de 2 litre/100 km et surtout à les utiliser n'est déjà plus liée aux technologies automobiles, mais aux modèles économiques, et donc aux technologies numériques seules capables de valoriser en MASSE de nombreux usages très différents dans tous les territoires. Finalement ce sera la capacité à concevoir simultanément ces véhicules efficaces et les services territorialisés dans lesquels ils seront inscrits, qui permettra d'effectuer cette première rupture.
2 personnes par voiture
Viser "2 personnes par voiture" est un objectif de recherche opérationnelle tout aussi ambitieux, louable et valorisable que les progrès technologiques. Il faut développer un marketing pour faire de cette seconde rupture un objectif collectif tout aussi attractif au niveau politique et institutionnel qu'un véhicule prototype.
"2 personnes par voiture" nécessite une approche intégrée en rassemblant de nombreux acteurs territoriaux, tant les liens et les symbioses entre tous les modes devront être complets, dynamiques et optimisés. Cette approche détaillé notamment dans cet article est complexe (intégrant de nombreuses boucles retroactives) et étendue (multidomaines). Mais cette approche peut également avoir des conséquences sur les véhicules eux-mêmes pour mieux les intégrer avec les autres modes, pour mieux les partager (maximiser l'usage des ressources finies), pour finalement beaucoup mieux les utiliser.
Numérique, électronique et composite
Il y a dans ces 2 objectifs "less is more" et "2 personnes par voiture" des synergies évidentes, des boucles vertueuses. Plus les objets roulants seront simples, robustes et efficaces, plus ils seront intégrables dans des services innovants à hautes performances, et plus les liens véhicules/services seront serrés, imbriqués, brevetés. Le numérique, l'électronique et le composite seront les clés de cette imbrication au deux sens du terme : il faudra les maîtriser et ils protégeront les objets et les services des copies. Grâce au numérique, électronique, composite, les objets porteront et protégeront les services qui créeront des emplois. Plus les objets roulants seront simples, robustes et efficaces, plus les services de mobilités seront territorialisables et adaptables avec toutes les configurations locales.
1 commentaire
Atteindre le but de « 2 personnes par voiture » represente certes un progres evident, qui devrait nous permettre de reduire notre dependance energetique. Il faudrait aussi certes favoriser les developpements de la voiture electrique de meme que toutes les pieces ayant rapport avec l’electronique et le numerique qui galopent vers l’avant.