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Les bioraffineries, panorama et potentiel

par Gabriel Plassat

Une étude complète a été menée sur le sujet à l'ADEME. Les principales conclusions sont reprises ci dessous. Des schémas complets qui présentent les principales filières sont également insérés. Nous avons pour ce sujet d'avenir, également un nouvel écosystème en construction avec des acteurs qui sont, à la fois, concurrents et indispensables à coordonner, pour que naisse de nouveaux vecteurs énergétiques. Ces vecteurs devront être parfaitement caractérisés en terme de contenu carbone, pollution, ressource en eau et en terre arable, ses indicateurs devront être transparents et accessibles à tous.

Le développement des bioraffineries et de la chimie du végétal s’est accéléré depuis ces dernières années. Les filières céréalières, betteravières et oléagineuses sont parfaitement structurées. Il en est de même de celles qui approvisionnent les usines de pâte à papier. Les autres filières d'approvisionnement en biomasse lignocellulosiques sont en revanche encore dans leur phase de développement. Si l'amont de ces différentes filières reste bien identifié, chacune conservant toutes ses spécificités, les secondes transformations génèrent des molécules plateformes communes qui sont à l'origine des mêmes dérivés.

Les biotechnologies blanches connaissent un essor rapide, favorisé par le développement des outils de bioinformatique et de tri à haut débit. Les changements d'échelle restent cependant longs et coûteux et les réalisations industrielles sont encore en nombre limité, hormis dans le domaine du bioéthanol et du biodiesel de première génération.

Le développement de plusieurs molécules plateformes avait été anticipé par les experts. Certaines prévisions se sont révélées correctes (glycérol, sorbitol, acide succinique) mais d'autres molécules tardent à être produites avec des procédés innovants (3-HPA, acide levulinique, furanes). A l'inverse, on assiste à des développements "imprévus" de projets industriels de fabrication par fermentation de terpènes et de butanol ou de conversion chimique du bioéthanol en éthylène et dans ses dérivés.

Nous vivons une période de transition, tant sur le plan énergétique que sur celui des ressources utilisées par l'industrie chimique. Cette transition n'est ni spontanée, ni continue, comme nous l'ont montré les évènements et les crises de ces dernières années. Le développement des bioraffineries et de la chimie du végétal doivent être soutenus et accompagnés. Au-delà des paramètres économiques, la rencontre entre les filières agricoles ou forestières et celles de la chimie doit être stimulée car elle réunit des secteurs qui se méconnaissent et ne parlent pas encore le même langage.

Le bioraffinage est une industrie lourde qui doit être concentrée pour être compétitive. Elle nécessite des investissements importants en R&D puis en équipements, avec des horizons de rentabilité encore incertains, largement liés aux évolutions respectives des cours du pétrole et des matières premières agricoles.

Il est important de renforcer ce qui peut faire notre excellence. La France a des atouts forts : l'abondance des ressources, la qualité de l'organisation de ses filières agricoles et celle de ses acteurs agroindustriels. L'Europe compte dans ses rangs les plus importantes entreprises de la chimie de la planète et des leaders mondiaux en biotechnologie. Si la France se doit de définir sa propre politique de développement de la chimie du végétal, il lui faut nécessairement intégrer ses efforts à ceux de ses voisins pour créer un secteur compétitif à l'échelle mondiale.

La France est un grand pays céréalier mais aux prises avec la forte concurrence d'autres régions et dont les cultures subissent les évolutions climatiques. Nous devons offrir à nos filières blé et maïs de nouveaux débouchés industriels en profitant de l'excellence de nos entreprises agroindustrielles de première et deuxième transformation.

Notre filière oléagineuse est un modèle de structuration. Il convient de l'appuyer pour accélérer son développement dans la chimie des dérivés des huiles végétales.

Notre pays est un leader mondial en matière de production betteravière. Celle-ci bénéficie également d'une filière parfaitement structurée, productrice de sucre et d'éthanol. Nous devons définir son positionnement propre dans les développements à mettre en oeuvre afin qu'elle valorise ses atouts spécifiques.

Traditionnellement, la France raisonne par filière végétale alors que ce sont les mêmes agriculteurs qui produisent des céréales, des oléagineux et des betteraves. Si les industries de transformation resteront concurrentes, il est important d'encourager un positionnement d'ensemble de notre agriculture comme nouveau fournisseur de l'industrie chimique. Nos différentes productions agricoles seront de plus en plus les matières premières des mêmes molécules. Il convient également de rapprocher l'agriculture et la forêt. De nouveaux horizons doivent être donnés à nos filières papetières et de mobilisation de la biomasse forestière. Il convient de développer et de faire fructifier ce croisement des regards et des approches, non seulement au niveau de la recherche mais à celui des développements industriels.

La production massive de carburants pétroliers a permis l'essor de la pétrochimie. Celle des biocarburants végétaux est inéluctablement un pilier du développement des bioraffineries et de la chimie du végétal. N'exigeons pas aujourd'hui de nos biocarburants de première génération – ni demain de ceux de seconde génération ! – qu'ils offrent un profil parfait, tant sur le plan technique qu'économique ou environnemental. Donnons en revanche aux secteurs concernés des objectifs de dynamisme, d'innovation et de courroie d'entrainement pour les industries qui peuvent croître dans leur sillage. Les bioraffineries de première génération ont un rôle précurseur et structurant essentiel, qui doit être reconnu, largement mis en avant, et être positionnées comme le tremplin des progrès à venir.

Les bioraffineries n'obéiront pas un modèle unique ni à des typologies prédéfinies. Il convient d'en tenir compte dans les politiques de soutien et d'évaluation les concernant. Il faut notamment se garder des appréciations réductrices qu'entrainent certains modèles d'analyse de cycle de vie. Les bioraffineries ont vocation à produire une diversité de produits offrant les meilleures valorisations et non à vivre en autarcie énergétique. Les usages de leurs coproduits en alimentation animale restera un élément essentiel de leur raison d'être. 

Filière blé
 
Filière betterave
 
Filiere colza
 
Filiere lignocellulosique 

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