Matières premières : nous entrons dans l’âge de la rareté, repenser le système complet des flux de matières, maximiser leur usage et ensuite les protéger…
Les vols de cuivre posent désormais un vrai problème à la SNCF (40 vols par semaine, plusieurs millions d’euros) et également aux gestionnaires de feu de circulation dans de nombreuses villes. Un groupe métaux a été créé pour trouver des solutions. Après les vols de carburant, les métaux deviennent des cibles… Nous entrons dans le monde de la rareté, base d'une économie repensée : fonctionnalité, circulaire, relationnelle.
Nous entrons dans le monde de la rareté des matières premières. Comme le développe Robin Chase au LIFT Marseille et au CAS, nous devons maximiser l'usage des biens physiques en utilisant des plateformes collaboratives immatérielles. Buzzcar qu'elle vient de créer en France applique cette philosophie aux véhicules, rendant possible le peer to peer. Après les fichiers, les canapés, de nombreux objets physiques seront vraisemblablement partagés (puis demain créés) directement entre particulier via des réseaux sociaux (complétés par des tiers de confiance) ou vendus à travers des services par des opérateurs. Ainsi nous maximiserons l’usage des objets physiques. Mais dès lors, la conception de l’objet doit être re-pensée pour d’une part les adapter au partage (robustesse, efficacité, …) et d’autre part les adapter à être ré-utiliser indéfiniment. Phénomène décrit par Michèle Debonneuil dans son rapport sur « L’économie quaternaire » : « Le régime de croissance centré principalement sur la production de biens mobilise des ressources considérables pour apporter un surcroît marginal de bien-être minuscule à une clientèle toujours plus restreinte. »
Le recyclage n'est alors plus une option, il reste une nécessité. Mais il ne permet pas de répondre aux besoins et n'apporte que quelques années de répits dans l’économie actuelle. Il convient de concevoir des objets en considérant toutes ces vies et tous les flux : l’économie circulaire. La Chine vient d'inscrire dans sa loi l'économie circulaire car avec une croissance de près de 10% sur des produits physiques (et non des services) les besoins de matières premières ne seront pas couverts si les flux de matière, les phases de vie et les usages ne sont pas repensés.
Dans le monde de la rareté, le véhicule électrique inclus dans l’économie de la fonctionnalité, conçu dans l’économie circulaire sera très différent des objets que l’on présente aujourd’hui : très efficace (car impactant le TCO de l’exploitant), à durée de vie infinie donc conçu pour changer de batterie (car impactant le TCO de l’exploitant), partagé et exploité pour maximiser son usage (car impactant le TCO de l’exploitant)…
Une fois que les industries produiront des objets partageables et réutilisables, la protection des composants clés devra être incluse au cahier des charges avec, par exemple, des solutions de traçage ou peut être l'internet des objets. Dès lors le prix des matières premières sera sans doute re-considéré en incluant, par le biais des solutions de sécurisation, le prix de la rareté.
Le vol du cuivre rend visible les changements du monde qui vient. Le cuivre a été considéré comme une commodité, les mécanismes économiques actuels ont conduit à sous évaluer sa valeur de telle sorte qu’il a été utilisé banalement, sans protection, sans traçabilité. Nous avons largement sous estimé les valeurs réelles d’usage des matières premières, et les marchés (financiers donc non physiques), agissant correctement mais trop rapidement, ne laissent pas le temps aux organisations (physiques) de s’adapter. Plus nous (tous les acteurs) mettrons du temps à passer aux économies circulaire + fonctionnalité pour protéger la rareté, moins nous aurons d’outils et de solutions pour combattre le vol de cuivre.