Le dernier article de l'Officiel des Transporteurs porte sur le vol de fret (voir ci dessous). Il analyse les statistiques, les moyens mis en oeuvre coté pouvoirs publics et coté des entreprises pour réduire ce risque, puis donne la parole aux assurances. Déjà abordé dans ce blog (voir ici), le prix des matières premières, dont le pétrole, influence directement les vols et les actes de vandalisme.
D'une façon plus générale au niveau mondial, et si les vols et l'insécurité, générés simultanément par la montée des prix des matières premières et celle des inégalités, n'allaient pas fortement structurer à la fois les véhicules, les relations chargeurs – transporteurs et finalement la logistique ?
Les tendances identifiées par les pouvoirs publics et les grands groupes (TNT, Chronopost) sont là: augmentation des vols en tournée de livraison urbaine, mais également vols de fret, vols à la bâche, avec des équipes organisées et plusieurs niveaux d'intermédiaires pour écouler les produits. Pour Chronopost, l'investissement annuel pour améliorer la sûreté est de 7 M€.
Les acteurs s'organisent :
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amélioration au niveau des véhicules (verrouillages, antidémarrage, alarmes…) au niveau des tracteurs, des remorques et des réservoirs de carburant. La prestation "security" devient un argument de vente pour un constructeur et permet de réduction au niveau du coût de l'assurance. Les échanges de pratiques internationales permettent de capitaliser et d'améliorer jusqu'au cryptage des données pour centraliser la fermeture des portes.
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choix des itinéraires les plus sûrs et des parkings les mieux gardés. Des systèmes complets sont proposés comme le SecuriTpark, qui conduisent en partie à imposer le parcours. Pour répondre aux besoins des assureurs (voir ci dessous), de plus en plus de données à la fois des véhicules et des marchandises transportées doivent être échangées entre chargeurs et transporteurs pour que chacun connaisse les risques associés à chaque transport.
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Les pouvoirs publics, notamment la gendarmerie, utilisent des technologies de surveillance de plus en plus performantes, comme un système de reconnaissance en temps réel en circulation des numéros de plaques pour identifier les véhicules volés (système L2V).
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Des sociétés proposent des systèmes de type Cheval de troie où les marchandises sont "marquées" de façon unique et permanente par des tags spécifiques (SmartWater SAS).
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Les assurances conscients des surcoûts engendrés revoient leurs méthodes et leurs outils. Ainsi AXA propose de prendre en charge une partie des coûts des parking sécurisés. Mais de façon plus profonde, les assureurs révèlent les faiblesses des liens et des contrats entre chargeurs et transporteurs. Un rapport spécifique (rédigé par l'association pour le management des risques et des assurances dans l'entreprise) permet de comprendre les évolutions majeures de ce secteur et les conséquences.
Ainsi, la sous-traitance, le partage d'un même véhicule pour améliorer son remplissage, pourraient être abandonnés pour des questions de sécurité via des contrats d'assurance les rendant non compétitifs ou interdits.
"Le chargeur confie ses marchandises à des prestataires dans le cadre d’un contrat de transport. Dès lors, il n’est plus en mesure de contrôler directement les risques encourus par la marchandise. Lors de la préparation de l’expédition, il lui revient de la préserver autant que possible contre les agressions éventuelles survenant au cours de la chaîne du transport et, d’une façon générale, contre tous les aléas. L’investissement nécessaire pour mener de telles actions doit être à la hauteur de l’enjeu que représente la marchandise, au‐delà même de sa valeur commerciale. Le transporteur est en théorie responsable des marchandises qui lui sont confiées. Cependant il ne peut pas tout contrôler : les poids réels sont‐ils vraiment ceux indiqués ? L’emballage est‐il adéquat ? Est‐il informé ou sensibilisé à la nature des marchandises ? Les choix logistiques sont‐ils pertinents ?"
Comme dans d'autres domaines, la maîtrise des risques, quand elle n'est plus traitée par les entreprises du secteur, renforce le champs de compétence des assureurs. Ces derniers vont progressivement étendre leur surveillance à toute la chaîne logistique et l'accès à de nouvelles données. Selon le niveau des coûts engendrés par les vols et l'insécurité, réelle ou perçue, vis à vis, par exemple, des autres coûts d'exploitation, des choix globaux de schémas logistiques pourraient être revus avec des conséquences non négligeables en matière d'environnement et de performances énergétiques :
- nouveaux itinéraires,
- nouveaux modes de transport,
- nouveaux emballages ou types de remorques.
Transit City vient de publier récemment un billet sur les voitures blindées en Inde… La sécurité contre l'efficacité énergétique ?
En complément, émission de Public sénat sur la surveillance :