Après un concours sur ce style sur ce thème (voir ici), il semble que les ventes de véhicules neufs suivent la même tendance, on choisit maintenant des véhicules plus légers, plus petits, moins consommateurs. La moyenne des émissions 2009 de 133 gCO2/km tient bien plus au report vers la gamme inférieure qu'à des innovations technologiques. En effet, les GMP des véhicules du segment énergétique B (voir graphique ci dessous) sont en majorité des moteurs essence utilisant des technologies déjà commercialisées dans les années 90 (turbo, VVT, bloc alu…), en incluant certes les progrès de l'électronique et du post traitement. Mais alors on arrête le progrès ?
Quelques tendances :
L'évolution des émissions de CO2/km pondérées par les ventes montre une tendance nette à la baisse, plaçant la France à la tête des pays européens. On peut également noter que l'essence passe devant le Diesel. Ceci mérite de s'intéresser au sujet, plusieurs explications :
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à isoperformance, le moteur Diesel émet moins de CO2/km qu'un moteur essence, mais en général, les moteurs Diesel sont maintenant choisis quand on monte en gamme,
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le moteur essence est moins cher donc choisi de façon privilégié sur des véhicules d'entrée de gamme,
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les moteurs essence ont progressé en terme d'efficacité énergétique tout en maintenant un niveau de pollution plus favorable que le Diesel (NOx notamment surtout en utilisation réelle),
En conséquence, le discours qui demandait de ne pas durcir les normes pollution des Diesel (NOx, particules) pour des questions de dommages collatéraux vis à vis des consommations et de surcoûts pouvant conduire à un report vers les moteurs essence jugés plus émetteurs de CO2, ne tient pas.
L'évolution des ventes par classe énergétique montre clairement la transition vers des véhicules plus petits, donc moins consommateurs. Le graphique suivant est lui sans appel, la masse chute : moins 80kg en deux ans ! Et pourtant depuis 2007, il n'y a pas eu de découverte majeure dans l'allégement des véhicules, dans les matériaux utilisés…
Pour la seconde fois depuis 1993, la masse moyenne des véhicules vendus diminue. Les consommateurs n'achètent pas moins, ils achètent des véhicules adaptés à leurs besoins, donc mieux. La clé du succès pourrait donc être de proposer des véhicules petits et simples mais personnalisés, émotionnels et "communautaires".
Rien pour autant n'est acquis, comme par le passé, la masse pourrait-elle repartir à la hausse ? Il existe des produits (type hybride – véhicule gamme moyenne/haute) pour lesquels la consommation est réduite aux prix de technologies chères mais permettant des masses élevées. Ce type de produit n'a de place que dans un contexte de croissance économique. C'est vraissemblablement l'origine de la reprise observée dans les années 1993 uniquement sur les véhicules essence. Est ce que ce phénomène pourrait se reproduire ? d'autant plus que nous avons vécu entre temps des crises, que des mécanismes incitatifs sont en place…
Et une étude commune ADEME – IFP montre qu'en réduisant la masse, qu'en adaptant les performances aux besoins réels, il est possible de réduire sans délai les émissions de GES en améliorant ainsi l'efficacité énergétique. Les objectifs de 120 gCO2/km en 2012 puis 95 gCO2/km en 2020 sont non seulement atteignables, mais sans surcoût, sans attendre d'hypothétique rupture technologique… Et si c'était cela le progrès ?