Parce qu'il cumule les spécificités et les difficultés, le centre hospitalier se révèle comme un lieu très intéressant en matière d'études et d'actions concernant la mobilité des biens et des personnes :
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publics variés, avec des motivations de déplacement très différentes,
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horaires à la fois très variables et peu souples (les employés n'ont pas tous de plages d'horaires), avec des périodes de fortes fréquentations souvent découplées des transports en commun classiques,
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flux de marchandises très spécifiques,
Dans un contexte où le recrutement du personnel soignant se révèle de plus en plus difficile, où la multi-activité des professionnels de santé (alternant des actes médicaux en secteur libéral et des vacations dans le secteur public, par exemple) et la pratique des temps partiels (liée certainement à la féminisation de la profession) se développent, l’accessibilité à l’hôpital devient aussi un enjeu prédominant pour faire face aux évolutions de l’emploi du personnel hospitalier.
L'Institut d'aménagement et d'urbanisme Ile de France propose une étude spécifique sur ce sujet particulièrement intéressante (rapport complet ici).
Les points principaux à retenir :
L’analyse des pratiques de mobilité de l’ensemble des usagers des hôpitaux montre que la voiture particulière est le moyen d’accès incontournable et privilégié par la majorité des publics. Cette préférence modale provoque des problèmes de saturation du stationnement car, généralement, les hôpitaux n’ont pas encore appliqué une gestion différenciée de leur capacité de stationnement, pouvant leur apporter une meilleure optimisation à ces espaces. Par ailleurs, la desserte en transport collectif des centres hospitaliers reste essentielle pour les personnes non motorisées. Cependant les périodes de forte fréquentation de ces équipements sont inhabituelles pour les services de transport. En effet, l'hyper-pointe a lieu entre 13h30 et 15h et le personnel soignant de l'après-midi cesse son activité aux environs de 21h. Il serait alors envisageable d’étudier un renforcement ou une adaptation horaire des services de bus desservant ces établissements.
Toutes ces actions, ainsi que d’autres mesures complémentaires, à l’image du covoiturage ou du développement de l’information auprès des voyageurs, peuvent être portées par l’administration des centres hospitaliers en partenariat avec les collectivités du bassin de santé de proximité et les opérateurs de transport. Le contexte y est favorable puisque les établissements hospitaliers prévoient des projets immobiliers importants afin de faire face aux évolutions de leurs activités médicales. Ces projets, qui impactent le plus souvent les emprises foncières occupées par le stationnement, peuvent susciter de véritables opportunités pour repenser le parcours complet de prise en charge du patient (du domicile au service de soins, du suivi au retour à domicile), mais aussi l’intégration urbaine de ces équipements. Les questions de desserte, qui ne sont pas une priorité aujourd’hui, pourront alors devenir une préoccupation majeure pour les responsables de site hospitalier.
Multimodalité sur une large plage horaire, véhicules partagés, gestion de l'espace de stationnement et des emprises foncières, informations multimodales, de nombreuses pistes à étudier au cas par cas.