ADETEC a réalisé une étude (disponible ici) dans le cadre du PREDIT suivie par l'ADEME et le MEEDDM. L’autopartage dans la sphère privée est la mise en commun d’un ou plusieurs véhicules, utilisés par des amis, des voisins ou des proches pour des trajets différents à des moments différents. Il se distingue des services d’autopartage, qui sont des systèmes de location de courte durée, gérés par une entreprise ou une association et réservés aux personnes abonnées au service.
En 2009, 24 villes françaises disposent d’un ou plusieurs services d’autopartage. Il s’agit pour l’essentiel de très grandes villes. Les stations d’autopartage sont implantées pour l’essentiel dans les centres-villes. En 2008, les services d’autopartage totalisaient 570 véhicules et 9 400 abonnés, dont environ la moitié à Paris. Ces chiffres sont en croissance assez rapide. Ils se situent toutefois encore assez loin de pays comme la Suisse (100 000 abonnés pour 10 millions d’habitants). Dans la plupart des cas, les abonnés peuvent emprunter un véhicule 24h/24, ce qui constitue une des clés du succès de ce type de service. L’utilisation du service est facturée à la fois au kilomètre et à l’heure. Nous avons évalué le coût de deux utilisations types (représentant 2 400 et 4 800 km par an) dans 4 villes françaises : rapporté au kilomètre, le coût varie entre 0,54 et 0,77 €/km.
En extrapolant, nous avons pu estimer l’autopartage dans la sphère privée en France entre 10 000 et 20 000 véhicules, conduits par 35 000 à 70 000 personnes.
L’autopartage résulte généralement du rapprochement entre un propriétaire se servant peu de son véhicule et des utilisateurs en ayant besoin pour certains déplacements infaisables autrement. Dans les 3/4 des cas, le véhicule partagé appartenait à un des membres avant l’autopartage. Seulement 3 véhicules ont été achetés spécialement pour l’autopartage. Les principales motivations de départ des autopartageurs sont :
– l’optimisation de l’usage du véhicule,
– les économies,
– la démarche collective, la mutualisation, le « faire ensemble ».
En moyenne, chaque véhicule partagé est utilisé par 3 ménages et conduit par 3,5 conducteurs différents. L’autopartage se fait en général entre personnes qui se connaissaient bien avant même de partager le véhicule (amis, famille, collègues). Les utilisateurs n’habitent pas forcément à proximité immédiate du véhicule partagé. Plus de la moitié d’entre eux sont à plus d’un kilomètre.
Seulement 4 autopartages sur 20 fonctionnent sous statut associatif. Les 16 autres se font sans aucune structure juridique spécifique. Le fonctionnement de l’autopartage est basé sur la confiance. Seulement 6 groupes ont rédigé un document écrit, formalisant de manière plus ou moins complète les règles de fonctionnement.
Les frais sont partagés de manière très variable. Dans 10 groupes, les utilisateurs et le propriétaire du véhicule partagent tous les frais. Dans 6 autres, seulement certaines charges sont partagées. Dans 3 autres, les utilisateurs ne paient que l’essence. Dans tous les cas, les modalités retenues satisfont les intéressés, car d’autres échanges (matériels, sous forme de services ou informels) équilibrent la relation. On observe par ailleurs que, par rapport au prêt de véhicule, l’autopartage permet de lever le tabou du coût de la voiture, les propriétaires et les utilisateurs trouvant tous avantage à fonctionner avec le « juste prix ». La gestion de l’autopartage prend généralement moins d’une demi-heure par mois. Cette gestion est assurée bénévolement, le plus souvent par le propriétaire du véhicule. Aucune compagnie d’assurances ne propose de contrat adapté à l’autopartage dans la sphère privée. Il en résulte des difficultés pour faire figurer les noms de tous les conducteurs sur le contrat et, surtout, des conséquences sérieuses en terme de malus, en cas d’accident responsable. En effet, le malus est affecté au véhicule et non au conducteur. Si un utilisateur du véhicule a un accident responsable, le malus peut avoir des répercussions pendant plus de 20 ans et engendrer un surcoût cumulé pouvant atteindre 2 000 €, à la charge du propriétaire du véhicule. Peu de groupes d’autopartage ont réfléchi à ces conséqu
ences financières. Toutefois, la plupart d’entre eux pensent qu’ils trouveraient un arrangement amiable si un accident responsable survenait. Le véhicule est réservé par téléphone, de vive voix ou par mail, suivant les cas. Il est assez rare que deux autopartageurs aient besoin du véhicule en même temps (2 à 3 fois par an, en moyenne). Si tel est le cas, une solution amiable est généralement trouvée. La plupart des groupes d’autopartage utilisent un carnet de bord dans lequel sont notés à chaque utilisation la date, le nom de l’utilisateur et le kilométrage de départ et d’arrivée.
Les véhicules partagés effectuent en moyenne 12 500 km, soit presque autant que la moyenne nationale (13 000 km). Le kilométrage annuel médian est de 4 000 km pour les propriétaires, 5 000 km pour les copropriétaires et 1 000 km par utilisateur. Les propriétaires utilisent le véhicule partagé en moyenne 1 fois par semaine, les copropriétaires 2 fois par mois et les utilisateurs 1 à 2 fois par mois. Les véhicules partagés sont utilisés majoritairement le week-end et le soir, essentiellement pour des déplacements privés (activité sportive ou culturelle, sortie en soirée, achats volumineux, départ en week-end…). Dans tous les cas, plus que la faible fréquence d’utilisation, c’est la complémentarité des besoins qui constitue la condition de base de l’autopartage.
5 des 15 propriétaires interrogés auraient vendu leur voiture s’ils ne l’avaient pas partagée. Au moins 4 utilisateurs auraient acheté une voiture s’ils n’en avaient pas trouvé une à partager. Par ailleurs, au moins 4 utilisateurs ont vendu leur voiture avant d’entrer dans l’autopartage privé. Au total, les 20 groupes d’autopartage ont permis d’économiser au moins 5 véhicules. Le chiffre est encore plus élevé si l’on considère que l’autopartage évite sur le long terme aux utilisateurs d’acheter une voiture. Dans la moitié des cas et notamment chez la majorité des propriétaires, l’autopartage n’a eu aucune influence sur l’usage de la voiture. Cela traduit à la fois une bonne disponibilité des véhicules partagés et une pratique importante des modes alternatifs à la voiture (transports en commun, vélo et marche à pied) laquelle n’a pas attendu l’autopartage pour se développer. Un tiers des autopartageurs ont réduit leur usage de la voiture, par rapport à la situation antérieure (propriétaires) ou par rapport ce qu’ils auraient fait sans l’autopartage (3 utilisateurs et 1 copropriétaire qui, sans l’autopartage, auraient acheté leur propre voiture). Enfin, 5 autopartageurs ont légèrement augmenté leur usage de la voiture. L’autopartage leur permet d’effectuer des déplacements qu’ils n’auraient pas pu faire autrement. Il répond donc à un vrai besoin et, dans les 5 cas, l’usage de la voiture est faible. Pour tous, l’usage des modes alternatifs est conforté sur le long terme.
Conseils aux personnes intéressées par l’autopartage
Les autopartageurs encouragent les personnes intéressées par cette formule à leur emboîter le pas : « Essayez, c’est très simple », « On garde une grande liberté et un grand confort », etc. Leurs principales recommandations et conseils portent sur les points suivants :
– règles de fonctionnement et de partage des frais définies dès le départ et acceptées de tous,
– confiance et respect mutuels,
– besoins modérés et compatibles de la voiture,
– vision utilitariste de la voiture.