Entre 1997 et 2009, la proportion d'obèses est passé en France de 8.5 à 14.5%. Reprenant Le Monde du 19 novembre 2009, le constat est unanime : l'obésité ne cesse de croître dans les pays industrialisés, elle atteint 27% en Angleterre et 30% aux USA. Le diagnostic est connu également : alimentation, sédentarisation, manque d'activité physique et terrain génétique.
Les conséquences économiques sont prévisibles : aux USA, l'obésité devient le principal poste de dépense du secteur de la santé devant le traitement des cancers, et cela arrivera en Europe.
Avant que le secteur marchand ne s'empare seul de ce problème, quelques éléments du futur pour mieux éclairer le présent.
La Commission Européenne soutient la recherche dans le cadre de son programme FP7. Le sujet des Technologies de l'Information et de la Communication (TIC) appliquées au domaine de la santé est particulièrement éclairant sur les technologies possibles à l'avenir et surtout les usages et les modifications de comportement que ces technologies pourraient engendrer. Je cite : "Les dépenses de santé en Europe sont déjà importantes (8.5% du PIB) et augmentent plus vite la croissance économique globale. La nouvelle situation exige un changement dans la manière dont les soins de santé sont dispensés et celle dont les connaissances médicales sont gérées et introduites dans la pratique clinique. Les TIC sont essentielles pour mettre en oeuvre ces changements de ce domaine où l'information joue un très grand rôle". Il est notamment détaillé les projets attendus :
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Les solutions reposeront sur des systèmes TIC vestimentaires ou portables/mobiles, qui permettront aux citoyens de participer aux processus de soins de santé et faciliteront le suivi à distance et les soins dans des environnements privilégiés, y compris à domicile. L'accent sera mis sur un suivi multiparamétrique, non-invasif ou minimalement invasif, combiné à un retour d'informations et à des soins de la part d’experts, dans des systèmes à boucle fermée. Le suivi multiparamétrique englobe différents paramètres de santé (ex.: signes corporels de vie ou analytes biochimiques), qui déterminent l'état de santé d'un individu, et peut également comprendre des informations concernant l'activité, le lieu ainsi que le contexte social et environnemental. Les systèmes intelligents combineront et corréleront des données multiparamétriques avec des connaissances biomédicales d’experts.
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Diagnostic sur le lieu d’administration des soins: systèmes pour applications de dépistage multi-analytes au niveau de soins primaires. Il s'agira de dispositifs portables ou mobiles reposant par exemple sur des technologies à base de biopuces et de laboratoires sur puce, en mesure de réaliser des essais multiples.
Il est donc fortement probable que l'on aura des technologies plus ou moins invasives permettant de remonter un état de santé, une activité physique et un contexte. Ces systèmes seraient proposés au départ pour des cas particuliers de suivi spécifique puis petit à petit étendus pour réduire les coûts, en fournissant des données précises. Des normes associées à ces données pourraient alors se mettre en oeuvre pour contrôler les dépenses de santé. L'état de santé sera alors suivi, et les activités physiques conseillées pour se maintenir en forme sous peine d'avoir de mauvais indicateurs, et éventuellement de payer plus cher son assurance santé. Le lien sera tissé entre l'activité physique, l'état de santé, le coût pour la société.
Il nous faut anticiper cette évolution possible pour l'éviter, et inventer des chemins pour que la mobilité active (marche à pied, vélo) reste, ou redevienne, un plaisir avant d'être une obligation. La CE a récemment annoncé son plan d'action pour la mobilité urbaine qu'elle soutient la mise en œuvre de stratégies dans le domaine du surpoids et de l’obésité, et qu'elle recherchera d’autres synergies entre les politiques de santé publique et de transport. Saisissons cette chance !
Les canadiens se lancent des défis pour maigrir en montant les escaliers à travers un programme national "escaliers vers la santé", pourquoi pas. Mais peut-on pas utiliser autrement cette énergie, notamment pour nos mobilités quotidiennes de courtes distances ? Le vélo, inventé après le train, a une efficacité énergétique du même ordre qu'un TGV (quelques wh/km à comparer à 200-300 wh/km pour une voiture), mérite une place plus grande dans nos territoires, un partage de la voirie plus respectueux de son potentiel.
Peut-on donner aux citoyens "actifs" un moyen simple de montrer les bénéfices de leurs actions ? Quels partenariats peut-on imaginer avec les compagnies d'assurance, l'assurance maladie et les autorités organisatrices des transports ? Et engager notamment des financements innovants pour des pistes cyclables permettant de réduire les maladies cardio vasculaires, les accidents, les émissions de GES, la dépendance au pétrole.
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