{"id":690,"date":"2010-05-26T10:59:04","date_gmt":"2010-05-26T10:59:04","guid":{"rendered":"http:\/\/transportsdufutur.ademe.fr\/?p=690"},"modified":"2010-05-26T10:59:04","modified_gmt":"2010-05-26T10:59:04","slug":"en-temps-de-crise-peuton-faire-des-transports-gratuits","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/transportsdufutur.ademe.fr\/2010\/05\/en-temps-de-crise-peuton-faire-des-transports-gratuits.html","title":{"rendered":"En temps de crise, peut-on faire des transports gratuits ?"},"content":{"rendered":"\n

Ce qui n'a de prix n'a pas de valeur, Si c'est gratuit \u00e7a ne co\u00fbte rien, … Ces phrases toutes faites s'appliquent-elles aux transports en commun ou d'autres modes ? Comment les consommateurs contribuables per\u00e7oivent cette gratuit\u00e9 ? Pourquoi se lancer dans le gratuit ? Et si la gratuit\u00e9 n'\u00e9tait qu'une \u00e9tape pour aller vers la transparence compl\u00e8te des op\u00e9rateurs de transports publics ? <\/span><\/p>\n

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Un an apr\u00e8s la mise en place d\u2019un service de transports en commun totalement gratuit dans toute la communaut\u00e9 d\u2019agglom\u00e9ration du pays d\u2019Aubagne et de l\u2019Etoile, l\u2019heure est au bilan<\/font><\/a><\/strong>. Mardi 18 mai 2010, la communaut\u00e9 d\u00e9voilait les r\u00e9sultats d\u2019une enqu\u00eate sociologique<\/font><\/a><\/strong> qui tente de mesurer l\u2019impact qualitatif du passage \u00e0 la gratuit\u00e9, pour savoir ce que les habitants en pensent vraiment. Car en dehors de l\u2019aspect \u00e9cologique, la gratuit\u00e9 aurait un impact non n\u00e9gligeable sur la vie sociale.<\/span><\/p>\n

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\u00ab On pense souvent que ce qui est gratuit n\u2019a pas de valeur<\/em>, remarque le sociologue Alain Mergier. Or, pour les habitants que nous avons interview\u00e9s, la gratuit\u00e9 produit un effet de valorisation des transports en commun et du territoire de l\u2019agglom\u00e9ration.<\/strong> <\/em>\u00bb D\u00e9senclavement des villages, stimulation des activit\u00e9s marchandes et non marchandes, pr\u00e9sence de pi\u00e9tons dans les centres-villes: le sociologue \u00e9voque la mise en place d\u2019un cercle vertueux. Comme les transports sont gratuits, on les prend plus, ce qui permet de r\u00e9animer le territoire, en invitant les habitants \u00e0 se m\u00e9langer plus souvent. Ainsi, 80% des usagers consid\u00e8rent que la gratuit\u00e9 a rendu l\u2019utilisation des bus plus conviviale.<\/o:p><\/span><\/p>\n

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Les jeunes, \u00ab fans \u00bb de la gratuit\u00e9<\/o:p><\/span><\/strong><\/p>\n

Les plus satisfaits sont les jeunes utilisateurs, qui repr\u00e9sentent pr\u00e8s de 32% des nouveaux usagers. \u00ab Ils ont l\u2019impression que cette mesure a \u00e9t\u00e9 prise pour eux et que c\u2019est un cadeau qui a un impact imm\u00e9diat en termes financiers et en termes d\u2019autonomie \u00bb, juge le sociologue. Une solution \u00e0 la question des incivilit\u00e9s dans les transports, qui font r\u00e9guli\u00e8rement la une des m\u00e9dias? M\u00eame si aucun chiffre ne peut pour l\u2019instant l\u2019attester, aucune augmentation des incivilit\u00e9s ne semble avoir \u00e9t\u00e9 constat\u00e9e et les conducteurs de bus se diraient \u00ab soulag\u00e9s \u00bb. Par ailleurs, les \u00e9lus peuvent se r\u00e9jouir: l\u2019enqu\u00eate r\u00e9v\u00e8le que le choix de passer \u00e0 la gratuit\u00e9 est vu comme une manifestation de \u00ab courage politique \u00bb, avec une sensation de \u00ab savoir o\u00f9 va l\u2019argent public \u00bb. \u00ab Avec la gratuit\u00e9, les jeunes se sentent au c\u0153ur des pr\u00e9occupations de l\u2019Agglom\u00e9ration. Ils y voient une reconnaissance de leurs besoins et contraintes, un b\u00e9n\u00e9fice direct en termes financiers, en termes d\u2019autonomie, en termes d\u2019enrichissement de leur vie sociale (amicale, culturelle, sportive, scolaire\u2026). C\u2019est aussi une forme de confiance qui leur est t\u00e9moign\u00e9e et dont ils d\u00e9clarent vouloir se montrer dignes. \u00bb <\/em>commente le sociologue Alain Mergier, Directeur de l\u2019Institut Wei.<\/o:p><\/span><\/p>\n

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La gratuit\u00e9, pas plus cher ?<\/strong><\/span><\/p>\n

La gratuit\u00e9 n\u2019exclut pas le raisonnement \u00e9conomique, au contraire, elle l\u2019int\u00e8gre et le renouvelle. En effet, les personnes interrog\u00e9es ne font aucunement preuve de na\u00efvet\u00e9. Elles savent pertinemment que gratuit\u00e9 ne veut pas dire absence de co\u00fbt, mais elles \u00e9voquent le profit g\u00e9n\u00e9ral pour la vie de l\u2019Agglom\u00e9ration, lequel suppose un financement diff\u00e9rent, diversifi\u00e9 et une gestion irr\u00e9prochable : 67% des interview\u00e9s estiment que la gratuit\u00e9 est possible gr\u00e2ce \u00e0 la bonne gestion de l\u2019Agglom\u00e9ration et \u00e0 l\u2019accroissement des ressources provenant des entreprises.<\/em><\/strong> <\/span><\/span>Du c\u00f4t\u00e9 des \u00e9lus, on assure d\u2019ailleurs que la mesure n\u2019a pas eu d\u2019impact sur l\u2019imposition des contribuables, le passage \u00e0 la gratuit\u00e9 \u00e9tant en partie financ\u00e9 par le versement transport entreprise. Certes, les entreprises de plus de dix salari\u00e9s ont du faire face \u00e0 une forte augmentation de cette taxe,  <\/span>une hausse qui accompagne en fait l\u2019\u00e9volution d\u00e9mographique de l\u2019agglom\u00e9ration, qui a r\u00e9cemment d\u00e9pass\u00e9 les 100 000 habitants. \u00ab Mais celle-ci est compens\u00e9e par une baisse de la taxe professionnelle \u00bb, nuance Alain Belviso.<\/o:p><\/span><\/p>\n

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Apr\u00e8s l\u2019analyse sociologique, une \u00e9tude sur l\u2019impact \u00e9cologique devrait suivre. A priori, on pourrait d\u00e9j\u00e0 noter une r\u00e9duction du trafic automobile, car 18% des personnes interrog\u00e9es expliquent qu\u2019elles n\u2019auraient pas pris le bus s\u2019il n\u2019\u00e9tait pas gratuit, et parmi elles, 63% auraient utilis\u00e9 un moyen de transport \u00ab polluant \u00bb.La gratuit\u00e9, assortie d\u2019une qualit\u00e9 de service, travaille \u00e0 la revalorisation du service public : 82 % des habitants pensent que la gratuit\u00e9 des bus montre qu\u2019il est possible d\u2019avoir un bon service public (gestion, efficacit\u00e9, respect de l\u2019environnement) am\u00e9liorant la vie des habitants.<\/em><\/strong><\/o:p><\/span><\/p>\n

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\u00ab Cette \u00e9tude montre la r\u00e9ussite de notre politique \u00bb <\/span><\/em>conclut Alain BELVISO, Pr\u00e9sident de la Communaut\u00e9 d\u2019Agglom\u00e9ration du Pays d\u2019Aubagne et de l\u2019\u00c9toile : \u00ab Les r\u00e9sultats donnent des \u00e9l\u00e9ments pouvant servir d\u2019exemples et de r\u00e9f\u00e9rences \u00e0 d\u2019autres communes fran\u00e7aises. Au-del\u00e0 des lieux communs sur l\u2019\u00e9cologie, l\u2019am\u00e9lioration de la circulation ou le service public, la gratuit\u00e9 montre bien d\u2019autres avantages jamais mesur\u00e9s jusqu\u2019\u00e0 aujourd\u2019hui. \u00bb<\/em><\/o:p><\/span><\/p>\n

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Qu'est ce que le gratuit<\/strong>: sans valeur marchande pour celui qui le consomme, qui l'utilise, les co\u00fbts pouvant support\u00e9s par quelqu'un d'autre que celui qui consomme. Internet, wikip\u00e9dia, l'\u00e9cole ou la police, t\u00e9l\u00e9phone gratuit, de nombreux exemples montrent que la gratuit\u00e9 "apparente" a plusieurs formes. Gratuit pour l'utilisateur mais pas pour le contribuable (inclus dans les imp\u00f4ts ou  les assurances, donc globalis\u00e9), pay\u00e9 par la publicit\u00e9 (avec pour objectifs de vendre un autre produit, donc il s'agit d'un investissement diff\u00e9r\u00e9), objet compris dans un forfait (permettant de vendre des services) ou encore compl\u00e9tement d\u00e9connect\u00e9 de la sph\u00e8re marchande comme wikip\u00e9dia (consultation de savoir sans publicit\u00e9). Cette derni\u00e8re voie, d\u00e9j\u00e0 d\u00e9taill\u00e9e dans le blog (voir ici<\/a><\/strong> et ici<\/a><\/strong>), appelle des m\u00e9canismes sociaux complexes : pourquoi des personnes donnent du temps, des savoirs gratuitement en r\u00e9digeant un article ? Comment favoriser, d\u00e9velopper cette cr\u00e9ativit\u00e9 purement gratuite ? Une piste est de d\u00e9velopper, d'utiliser la puissance des r\u00e9seaux sociaux<\/a><\/strong>.<\/span><\/p>\n

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En for\u00e7ant les traits, ce qui est abondant deviendra gratuit, ce qui est rare deviendra cher. La mobilit\u00e9 porte \u00e0 porte fluide permettant de valoriser son temps pendant le transport aura donc une valeur de plus en plus grande, le temps libre \u00e9tant la ressource la plus pr\u00e9cieuse (voir ici<\/a><\/strong>). Une partie de cette valeur pourra \u00eatre pay\u00e9e par d'autres personnes, en fonction par exemple des qualit\u00e9s \u00e9nerg\u00e9tiques et environnementales de leur mobilit\u00e9. A l'inverse les objets permettant de se d\u00e9placer seront progressivement de moins en moins chers, voire m\u00eame gratuits (voir ici<\/a><\/strong>) inclus dans des forfaits.  Dans le cas d'Aubagne, \u00e9quilibr\u00e9 entre ville et campagne, le lien social semble piloter le choix de la gratuit\u00e9. Il en d\u00e9coule d'autres avantages: augmentation des fr\u00e9quentations, sentiment de reconnaissance notamment chez les jeunes, environnement. <\/o:p><\/span><\/p>\n

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La gratuit\u00e9 rel\u00e8ve avant tout d'une utopie, celle d'une \u00e8re v\u00e9cue comme abondante. Mais elle permet de mettre en oeuvre un mod\u00e8le qui lib\u00e8re des contraintes. Certaines mobilit\u00e9s peuvent donc devenir gratuites (en utilisant plusieurs formes de gratuit\u00e9s) par la prise en compte des co\u00fbts par d'autres citoyens moins vertueux, par la publicit\u00e9, par l'int\u00e9gration du temps de travail de certains citoyens ayant d\u00e9velopp\u00e9s des outils gratuits. Les cons\u00e9quences de cette gratuit\u00e9 au niveau des b\u00e9n\u00e9fices sociaux, relationnels devront \u00eatre suivies, quantifi\u00e9es. Et simultan\u00e9nement, les tableaux de bord financiers des op\u00e9rateurs devront s'ouvrir aux citoyens<\/a><\/strong>. Ces derniers ne sont pas dupes des co\u00fbts, la gratuit\u00e9 sera alors incluse dans un mouvement plus vaste de transparence, de participation des usagers \u00e0 certaines d\u00e9cisions, notamment celles des financements de leurs moyens de transport.<\/span><\/p>\n

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