{"id":673,"date":"2010-06-11T15:37:38","date_gmt":"2010-06-11T15:37:38","guid":{"rendered":"http:\/\/transportsdufutur.ademe.fr\/?p=673"},"modified":"2010-06-11T15:37:38","modified_gmt":"2010-06-11T15:37:38","slug":"3-livres-pour-des-mutations-automobiles","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/transportsdufutur.ademe.fr\/2010\/06\/3-livres-pour-des-mutations-automobiles.html","title":{"rendered":"3 livres pour des "mutations automobiles""},"content":{"rendered":"

L'automobile est symbole de libert\u00e9 et sympt\u00f4me \u00e0 la fois de d\u00e9clin et de potentiel de renouveau industriel. Son avenir peut \u00eatre imagin\u00e9 sur les plans du catastrophisme environnemental ou du futurisme technologique. Quelques ouvertures \u00e0 partir de trois ouvrages en anglais<\/a><\/strong>.  – JULIEN DAMON, PROFESSEUR ASSOCI\u00c9 \u00c0 SCIENCES PO (MASTER D'URBANISME).<\/p>\n

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Two Billion Cars Driving Toward Sustainability par Daniel Sperling et Deborah Gordon Oxford University Press 209, 304 pages.<\/h3>\n

La terre est peupl\u00e9e d'un milliard de v\u00e9hicules motoris\u00e9s. Il s'agit, selon les termes des experts am\u00e9ricains Daniel Sperling et Deborah Gordon, d'une des plus grandes menaces, d'origine humaine, pour l'humanit\u00e9. L'optimisme est toutefois possible. Dans sa pr\u00e9face \u00e0 l'ouvrage, le gouverneur de Californie, Arnold Schwarzenegger, entrevoit un avenir plus sain et plus intelligent, \u00e0 condition de r\u00e9soudre l'\u00e9quation croissance, innovation et protection de l'environnement. <\/p>\n

Vers une humanit\u00e9 motoris\u00e9e<\/h3>\n

Le livre importe d'abord par les projections qu'il rapporte. Si rien ne change, le monde sera tr\u00e8s certainement bient\u00f4t insupportable (pour ne pas dire \u00ab insoutenable \u00bb). Le parc mondial de voitures, bus, camions et scooters, qui \u00e9tait estim\u00e9 \u00e0 100.000 unit\u00e9s en 1950, serait aujourd'hui de 1,5 milliard (dont 700 millions de voitures). En 2020, il passerait \u00e0 2 milliards, et, en 2030, \u00e0 2,7 milliards. Cette flotte, si l'on peut dire, pourrait submerger la plan\u00e8te. Alors que 85 % des habitants n'ont pas encore de voiture, leurs attentes sont consid\u00e9rables. Aux Etats-Unis, \u00ab pionniers de l'humanit\u00e9 motoris\u00e9e \u00bb, la croissance du nombre de pots d'\u00e9chappement devrait \u00eatre inf\u00e9rieure \u00e0 1 % par an, quand elle pourrait atteindre de 7 \u00e0 8 points en Inde et en Chine. <\/p>\n

Cette prolif\u00e9ration automobile, avec son cort\u00e8ge de pollution, appelle des transformations profondes. Nos auteurs, avec leur gouverneur pr\u00e9facier, font la part belle \u00e0 l'innovation technologique. Celle-ci est \u00e0 mettre au service de l'int\u00e9r\u00eat g\u00e9n\u00e9ral et non plus des d\u00e9sirs priv\u00e9s (en particulier d'aller toujours plus vite). La nouvelle g\u00e9n\u00e9ration de v\u00e9hicules passera par l'\u00e9lectricit\u00e9, l'hydrog\u00e8ne, les biocarburants et par des m\u00e9canismes de march\u00e9 appropri\u00e9s. L'id\u00e9e clef est de faire passer les innovations (dont les firmes am\u00e9ricaines ne manquent pas) des laboratoires au march\u00e9. Certes, les acheteurs sont un peu conservateurs, mais quelques incitations fiscales (des prix planchers \u00e9lev\u00e9s pour l'essence plut\u00f4t que des taxes carbone) peuvent les amener \u00e0 changer. On notera que bureaucrates de Washington et industriels automobiles traditionnels de Detroit sont un rien conspu\u00e9s. <\/p>\n

Cet ouvrage renseign\u00e9 et militant (en faveur d'une solution que l'on dira \u00ab californienne \u00bb) estime que le syst\u00e8me actuel de transport est trop cher et inefficient. Il faut r\u00e9inventer la mobilit\u00e9, les v\u00e9hicules et les carburants. A cet effet, ce qui est g\u00e9n\u00e9ralement per\u00e7u comme une menace (la consid\u00e9rable demande des pays \u00e9mergents) doit \u00eatre con\u00e7u comme une opportunit\u00e9. Il est en effet plus ais\u00e9 d'implanter de nouvelles options que de changer de vieilles habitudes. <\/p>\n

Reinventing the automobile Personal Urban Mobility for the 21st Century par William Mitchell, Christopher Borroni-Bird et Lawrence Burns MIT Press, 227 pages<\/h3>\n

Avec un livre au format original, et avec des illustrations que sauront appr\u00e9cier les amateurs de belles bagnoles (du futur), deux ing\u00e9nieurs, pass\u00e9s par General Motors<\/font><\/a> et un c\u00e9l\u00e8bre professeur du MIT, William J. Mitchell, font oeuvre utile. Ils d\u00e9veloppent une vision d'un nouveau syst\u00e8me de transport urbain, pour une mobilit\u00e9 soutenable et une ville durable (entendre aussi \u00ab agr\u00e9able \u00bb). Souhaitant ouvrir une nouvelle page de l'histoire de l'automobile, ils la veulent avant tout verte et diverse (quand Ford, on s'en souvient, n'en proposait qu'une noire). Relevant que la voiture du XXI e<\/sup> si\u00e8cle est toujours con\u00e7ue pour un si\u00e8cle qui n'est plus, ils en soulignent les limites. Elle est adapt\u00e9e pour convoyer plusieurs passagers, rapidement, sur de longues distances. Elle est inefficace pour les besoins quotidiens de mobilit\u00e9 urbaine. <\/font><\/p>\n

Il convient, tout d'abord, de \u00ab changer l'ADN \u00bb des v\u00e9hicules, qui passeront du contr\u00f4le m\u00e9canique au contr\u00f4le \u00e9lectronique, du p\u00e9trole \u00e0 l'\u00e9lectricit\u00e9, du relatif isolement \u00e0 l'interconnexion int\u00e9grale. Les voitures, plus l\u00e9g\u00e8res et plus propres, seront devenues assez \u00ab intelligentes \u00bb pour \u00e9viter accidents et encombrements. La deuxi\u00e8me r\u00e9volution tient dans le Wi-Fi embarqu\u00e9. Les automobiles seront reli\u00e9es \u00e0 de l'Internet mobile, permettant de partager des donn\u00e9es, de se coordonner, de rester connect\u00e9s. L'optimisation, en temps r\u00e9el, des offres et des demandes de transport pourrait solutionner les probl\u00e8mes d'embouteillage et de sous-utilisation des voitures. Le troisi\u00e8me changement rel\u00e8ve des infrastruc-tures de fourniture d'\u00e9nergie propre. Adieu les stations-service et bienvenue \u00e0 un nouveau r\u00e9seau de recharge, avec implantation de points aliment\u00e9s par l'hydraulique, le solaire, l'\u00e9olien et le g\u00e9othermique. Enfin, de nouvelles politiques d'am\u00e9nagement contribueront au renouveau des villes, avec fiscalit\u00e9 et tarification incitatives, pour les parkings, les p\u00e9ages, le covoiturage (limit\u00e9 tout de m\u00eame \u00e0 certains contextes). <\/p>\n

L'ambition des auteurs n'est pas de r\u00e9viser l'industrie automobile, mais de r\u00e9inventer la mobilit\u00e9 urbaine personnelle. Ils souhaitent \u00ab sauver la vie en ville \u00bb par les nouvelles automobiles. Si on peut douter de la r\u00e9alisation totale de leur projet, on lira une synth\u00e8se importante de tous les travaux sur la question, et l'on s'int\u00e9ressera aux prototypes qui sont pr\u00e9sent\u00e9s (avec nouvelles exp\u00e9riences de conduite et nouvelles configurations int\u00e9rieures). Relevons que la strat\u00e9gie \u00e9labor\u00e9e porte d'abord sur les Etats-Unis (o\u00f9 les villes ont \u00e9t\u00e9 adapt\u00e9es \u00e0 l'automobile) et moins sur d'autres contextes, comme l'Europe (o\u00f9 l'automobile est, historiquement, plus adaptable \u00e0 la ville). <\/p>\n

Traffic Why We Drive the Way We Do par Tom Vanderbilt Random House, 416 pages<\/h3>\n

Le journaliste am\u00e9ricain Tom Vanderbilt est fascin\u00e9 par la circulation. Ayant lu la montagne de recherches consacr\u00e9es \u00e0 la question et ayant pass\u00e9 d'innombrables heures \u00e0 observer, \u00e0 travers le monde, nos comportements en tant que conducteurs, passagers ou pi\u00e9tons, il en a tir\u00e9 un best-seller (compl\u00e9t\u00e9 par son blog howwedrive.com). Traffic souligne combien la voiture est un puissant r\u00e9v\u00e9lateur. En un mot, notre conduite est un prisme de l'ensemble de nos conduites, les uns \u00e0 l'\u00e9gard des autres. <\/p>\n

Vanderbilt \u00e9crit que les routes sont remplies de gens qui pensent qu'elles ne sont faites que pour eux. Il propose des pages m\u00e9morables sur le stress du changement de voie, la complexit\u00e9 psychique des d\u00e9placements motoris\u00e9s, les m\u00e9canismes cognitifs mobilis\u00e9s pour nous rep\u00e9rer, les dangers des habitudes
\n(nous faisons moins attention aux trajets familiers). Reprenant des th\u00e8ses \u00e9tablies, notre passionn\u00e9 soutient que plus on se sent en s\u00e9curit\u00e9, plus notre conduite sera \u00e0 risque. Traverser en dehors des passages pi\u00e9tons peut \u00eatre \u00e0 cet \u00e9gard moins dangereux - car nous sommes alors davantage sur nos gardes -que de les respecter. <\/p>\n

La s\u00e9curit\u00e9, notre responsabilit\u00e9<\/h3>\n

Vanderbilt d\u00e9clare que les ralentissements ont des vertus. La congestion (dont les femmes seraient davantage responsables) fait perdre du temps mais sauve des vies. Vanderbilt indique aussi que les routes ne sont naturellement ni totalement libres ni totalement gratuites. L'introduction de p\u00e9ages et\/ou de voies sp\u00e9cialis\u00e9es autorise une fluidit\u00e9 accrue. Enfin, il rappelle que ce ne sont pas les d\u00e9faillances m\u00e9caniques des voitures modernes (bard\u00e9es d'\u00e9lectronique) qui tuent. Ce sont d'abord les chauffards (tr\u00e8s majoritairement des hommes). <\/p>\n

Vanderbilt consid\u00e8re que l'automobile est une part, roulante, de notre identit\u00e9. Sanctuaire intime ou familial, la voiture est un espace personnel qui coupe du dehors et qui modifie la conscience que l'on a de soi et de son environnement. Appelant \u00e0 se rappeler des fourmis, qui savent circuler de mani\u00e8re parfaitement coordonn\u00e9e, l'auteur ne croit pas que les innovations technologiques puissent d'ici peu tout transformer. La psychologie sociale peut, plus rapidement, contribuer \u00e0 l'am\u00e9lioration de nos conduites. Parmi les le\u00e7ons de l'auteur, retenons celle-ci : nous ne sommes pas d'aussi bons conducteurs que nous le croyons\u2026 <\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"

L'automobile est symbole de libert\u00e9 et sympt\u00f4me \u00e0 la fois de d\u00e9clin et de potentiel…<\/p>\n","protected":false},"author":18,"featured_media":0,"comment_status":"open","ping_status":"closed","sticky":false,"template":"","format":"standard","meta":{"_acf_changed":false,"_lmt_disableupdate":"","_lmt_disable":"","footnotes":""},"categories":[],"tags":[130],"class_list":["post-673","post","type-post","status-publish","format-standard","hentry","tag-mit"],"acf":[],"_links":{"self":[{"href":"https:\/\/transportsdufutur.ademe.fr\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/673","targetHints":{"allow":["GET"]}}],"collection":[{"href":"https:\/\/transportsdufutur.ademe.fr\/wp-json\/wp\/v2\/posts"}],"about":[{"href":"https:\/\/transportsdufutur.ademe.fr\/wp-json\/wp\/v2\/types\/post"}],"author":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/transportsdufutur.ademe.fr\/wp-json\/wp\/v2\/users\/18"}],"replies":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/transportsdufutur.ademe.fr\/wp-json\/wp\/v2\/comments?post=673"}],"version-history":[{"count":0,"href":"https:\/\/transportsdufutur.ademe.fr\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/673\/revisions"}],"wp:attachment":[{"href":"https:\/\/transportsdufutur.ademe.fr\/wp-json\/wp\/v2\/media?parent=673"}],"wp:term":[{"taxonomy":"category","embeddable":true,"href":"https:\/\/transportsdufutur.ademe.fr\/wp-json\/wp\/v2\/categories?post=673"},{"taxonomy":"post_tag","embeddable":true,"href":"https:\/\/transportsdufutur.ademe.fr\/wp-json\/wp\/v2\/tags?post=673"}],"curies":[{"name":"wp","href":"https:\/\/api.w.org\/{rel}","templated":true}]}}