{"id":5425,"date":"2020-01-31T10:34:54","date_gmt":"2020-01-31T10:34:54","guid":{"rendered":"https:\/\/transportsdufutur.ademe.fr\/?p=5425"},"modified":"2020-01-31T10:58:44","modified_gmt":"2020-01-31T10:58:44","slug":"apres-leffondrement","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/transportsdufutur.ademe.fr\/2020\/01\/apres-leffondrement.html","title":{"rendered":"Apr\u00e8s l’effondrement"},"content":{"rendered":"

Il n\u2019y a pas un effondrement. Il y a une infinit\u00e9 de disparition qui n\u2019apparaisse que lorsque nous y pr\u00eatons attention. Mises bout \u00e0 bout elles forment une forme de d\u00e9litement. Aucun responsable clairement identifi\u00e9 non plus, chacun de nous en porte une part. D\u00e9j\u00e0 la chute des populations d\u2019insecte et d\u2019oiseaux a lieu. Pas de grande marche, de cierge ou de Grand Plan engag\u00e9 pour contrer cette tendance. Nous l\u2019avons d\u00e9j\u00e0 int\u00e9gr\u00e9, malgr\u00e9 nous<\/em>.<\/p>\n

Il n\u2019y aura donc pas d\u2019avant, de pendant et d\u2019apr\u00e8s puisque \u00e7a a lieu maintenant, \u00ab petit \u00e0 petit \u00bb. Seuls les g\u00e9o-sociologues parle(ro)nt d’Anthropoc\u00e8ne. Comme nous n\u2019avons pas \u00e9duqu\u00e9 nos sens pour voir les signaux faibles, nous restons aveugles \u00e0 cette transition en cours. Quand cela devient visible, l\u2019irr\u00e9versible a d\u00e9j\u00e0 eu lieu. Notre cerveau reptilien a \u00e9t\u00e9 con\u00e7u pour r\u00e9agir \u00e0 aux signaux forts, aux menaces. Les m\u00e9dias exploitent ce filon et rares sont ceux qui aiguisent leurs sens pour percevoir les signaux faibles et \u00ab la for\u00eat qui pousse \u00bb.<\/p>\n

A cela se rajoute une autre difficult\u00e9. Il n\u2019y a pas d\u2019ennemi, d\u2019adversaire, pas de lutte \u00e0 engager \u00ab contre \u00bb quelqu’un. Dommage, nous avons construit tout un arsenal de posture, de croyance, de r\u00e9flexe, de moyen et conditionnement. Non, il est en nous. En nous tous. C\u2019est donc une lutte in\u00e9dite qui s\u2019engage dans l\u2019histoire de l\u2019humanit\u00e9. Cela n\u2019a rien \u00e0 voir avec une \u00ab guerre contre le climat \u00bb. C\u2019est une introspection plan\u00e9taire.<\/p>\n

Nous voil\u00e0 condamn\u00e9s \u00e0 nous regarder en face, en-nous.<\/p><\/blockquote>\n

<\/p>\n

Durant cette phase, les r\u00e9flexes, les sch\u00e9mas mentaux h\u00e9rit\u00e9s de notre histoire qui nous a conduit dans cette situation, ne sont pas d\u2019une grande aide. Pire, ils nous trompent et nous \u00e9garent. Les processus collectifs de nos organisations (entreprise, collectivit\u00e9 ou \u00e9tat) apparaissent, pour peu qu\u2019on les analyse avec un peu de recul, comme totalement inadapt\u00e9s pour comprendre et agir individuellement. Ces structures dites pyramidales utilisent et produisent des guides, normes, appelez \u00e7a comme vous le souhaitez, con\u00e7us dans des p\u00e9riodes stables et pr\u00e9visibles qui se r\u00e9v\u00e8lent hors de propos puisque, par nature, nous entrons dans un territoire inconnu avec une vitesse in\u00e9dite. A cela se rajoute une perception du r\u00e9el alt\u00e9r\u00e9e ou non eduqu\u00e9e. Nos bulles<\/a><\/strong>, nos asym\u00e9tries cognitives et nos nombreux biais<\/a><\/strong>, plus ou moins amplifi\u00e9s par notre culture et notre usage du num\u00e9rique, construisent des obstacles sur lesquels nous buttons sans m\u00eame nous en rendre compte. Olivier Auber dans Anoptikon<\/a><\/strong> propose d\u2019apprendre \u00e0 connaitre nos asym\u00e9tries pour les \u00ab remettre \u00e0 leur place \u00bb et ouvrir de nouvelles relations avec le num\u00e9rique.<\/p>\n

Il ne s\u2019agit pas non plus de disparition de l\u2019humanit\u00e9. \u00c7a serait bien plus simple. Pas de m\u00e9t\u00e9orite qui conduirait \u00e0 notre destruction. M\u00eame avec plusieurs degr\u00e9s de plus, certains d’entre nous seront toujours vivants. La th\u00e9orie du catastrophisme \u00e9clair\u00e9 forg\u00e9e par Ren\u00e9 Girard et JP.Dupuy fonctionne bien pour un risque de destruction. Dans ce cas, nous devons \u00eatre convaincus que la catastrophe (jusqu\u2019\u00e0 pr\u00e9sent nucl\u00e9aire) est imminente pour mettre en \u0153uvre les r\u00e9actions permettant de l\u2019\u00e9viter. Mais dans notre phase actuelle en transition<\/em>, il n\u2019y a pas de \u00ab\u00a0moment\u00a0\u00bb de bascule sur lequel nous pourrions nous focaliser collectivement pour enclencher une forme de r\u00e9action collective, un boostrapping<\/em>. Rien, tout est, en apparence, lisse. L\u2019effritement a, en fait, d\u00e9j\u00e0 lieu, en commen\u00e7ant par nous-m\u00eame : ce sentiment de sup\u00e9riorit\u00e9 vis-\u00e0-vis de la nature et du vivant comme pour compenser nos manques et notre solitude. Les premiers signaux forts<\/em> des cons\u00e9quences nous reviennent maintenant.<\/p>\n

Jamais nous n\u2019avons \u00e9t\u00e9 aussi puissants et nombreux, jamais nous n\u2019avons \u00e9t\u00e9 aussi fragiles et seuls face \u00e0 la t\u00e2che \u00e0 accomplir. Peut-\u00eatre avons-nous encore en nous les ressources pour se lancer dans ce formidable voyage\u00a0?<\/p>\n

Se centrer, se trouver, individuellement comme simple humain pour lib\u00e9rer ou cr\u00e9er de nouveaux sch\u00e9mas mentaux, de nouvelles postures. Se relier et s\u2019engager collectivement pour les partager, les ajuster, les moduler et faire avancer le moi<\/em> et le nous<\/em>. Et si nous commencions par une \u0153uvre en apparence simple : le g\u00e9n\u00e9rateur poi\u00e9tique<\/strong><\/a> cr\u00e9e par Olivier Auber, pour toucher du doigt l’imbrication du moi et du nous ? Ces organisations collectives apprenantes ne rassembleront en rien aux structures connues aujourd\u2019hui, utiliseront d\u2019autres outils et m\u00e9dias pour dompter <\/em>nos asym\u00e9tries cognitives.<\/p>\n

Existent-elles d\u00e9j\u00e0 ? Peut-on les voir et les comprendre ?<\/p><\/blockquote>\n

Les transitions en cours vont nous faire \u00ab atterrir \u00bb sur une autre plan\u00e8te, litt\u00e9ralement. Nous glissons d\u00e9j\u00e0 dans ce monde radicalement diff\u00e9rent dans lequel \u00ab nous n\u2019aurons pas le luxe de la collapsologie \u00bb pour reprendre l\u2019expression d\u2019Achille Mbembe [\u00e9mission de France Culture<\/a><\/strong>]. Sans doute irons-nous puiser de l\u2019inspiration dans les m\u00e9galopoles d\u2019Asie ou d\u2019Afrique, o\u00f9 \u00ab\u00a0on y r\u00e9pare sans cesse. Une porte. Une voiture. Une \u00e9toffe. Des gens. Je [Achille Mbembe] pr\u00e9f\u00e8re me concentrer sur ces micro-m\u00e9canismes de r\u00e9paration et de relance du vivant \u00bb et non dans nos smart cities\u00a0?<\/p>\n

Combien de structures mentales, de postures, de tradition devrons-nous remettre en question et transformer\u00a0? A quelle vitesse\u00a0? Et bien s\u00fbr vous vous en doutez, il ne faudra pas seulement\u00a0\u00e9teindre la lumi\u00e8re en sortant de la pi\u00e8ce<\/em>. Tout va y passer, en profondeur<\/strong><\/a> : alimentation, consommation, \u00e9nergie, mobilit\u00e9, mode de vie, m\u00eame notre language pour commencer puis nos codes sociaux, notre relation aux autres et au vivant en g\u00e9n\u00e9ral pour recommencer, it\u00e9rer et chercher \u00e0 aligner l\u2019\u00eatre et le faire. Nous ne pourrons pas faire l\u2019impasse sur la matrice des matrices : la monnaie et son m\u00e9canisme de cr\u00e9ation, tant elle conditionne notre perception de la richesse, nos comportements et nos vies. Rapidement nous devrons \u00e9galement rendre visible ces transformations invisibles qui s\u2019op\u00e8re(ro)nt en nous ?<\/p>\n

Vous l\u2019aurez compris, c\u2019est une nouvelle ontologie qu\u2019il nous faut construire en engageant notre \u00eatre, en s\u2019autorisant \u00e0 faire autrement, \u00e0 se bricoler soi-m\u00eame, \u00e0 interroger chaque norme sociale. Il ne s\u2019agit pas d\u2019un effondrement mais d\u2019une v\u00e9ritable \u00e9volution du vivant.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"

Il n\u2019y a pas un effondrement. Il y a une infinit\u00e9 de disparition qui n\u2019apparaisse…<\/p>\n","protected":false},"author":7,"featured_media":5426,"comment_status":"open","ping_status":"open","sticky":false,"template":"","format":"standard","meta":{"_acf_changed":false,"footnotes":""},"categories":[268],"tags":[50,107],"acf":[],"_links":{"self":[{"href":"https:\/\/transportsdufutur.ademe.fr\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/5425"}],"collection":[{"href":"https:\/\/transportsdufutur.ademe.fr\/wp-json\/wp\/v2\/posts"}],"about":[{"href":"https:\/\/transportsdufutur.ademe.fr\/wp-json\/wp\/v2\/types\/post"}],"author":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/transportsdufutur.ademe.fr\/wp-json\/wp\/v2\/users\/7"}],"replies":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/transportsdufutur.ademe.fr\/wp-json\/wp\/v2\/comments?post=5425"}],"version-history":[{"count":3,"href":"https:\/\/transportsdufutur.ademe.fr\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/5425\/revisions"}],"predecessor-version":[{"id":5429,"href":"https:\/\/transportsdufutur.ademe.fr\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/5425\/revisions\/5429"}],"wp:featuredmedia":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/transportsdufutur.ademe.fr\/wp-json\/wp\/v2\/media\/5426"}],"wp:attachment":[{"href":"https:\/\/transportsdufutur.ademe.fr\/wp-json\/wp\/v2\/media?parent=5425"}],"wp:term":[{"taxonomy":"category","embeddable":true,"href":"https:\/\/transportsdufutur.ademe.fr\/wp-json\/wp\/v2\/categories?post=5425"},{"taxonomy":"post_tag","embeddable":true,"href":"https:\/\/transportsdufutur.ademe.fr\/wp-json\/wp\/v2\/tags?post=5425"}],"curies":[{"name":"wp","href":"https:\/\/api.w.org\/{rel}","templated":true}]}}