{"id":4240,"date":"2016-07-26T10:26:13","date_gmt":"2016-07-26T10:26:13","guid":{"rendered":"http:\/\/transportsdufutur.ademe.fr\/?p=4240"},"modified":"2017-05-05T13:10:25","modified_gmt":"2017-05-05T13:10:25","slug":"apres-pokemon-go","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/transportsdufutur.ademe.fr\/2016\/07\/apres-pokemon-go.html","title":{"rendered":"Apr\u00e8s Pokemon Go"},"content":{"rendered":"
Le ph\u00e9nom\u00e8ne Pokemon Go \u00e9tonne par son ampleur et ses caract\u00e9ristiques. Or ce n’est qu’une \u00e9mergence visible de ph\u00e9nom\u00e8nes et de d\u00e9veloppement en cours depuis des ann\u00e9es. Comme nous l’explique tr\u00e8s bien Philippe Gargov<\/strong><\/a>, Pokemon Go nous permet de comprendre la ville num\u00e9rique, telle qu’elle est, ou plut\u00f4t telle qu’elle \u00e9tait<\/strong> avant m\u00eame que Pokemon Go n’existe. En effet, devant une apparence de jeu sympa pour enfant, il y a une aventure industrielle qui remonte \u00e0 plusieurs ann\u00e9es. En r\u00e9sum\u00e9, d\u00e9tenir le record de t\u00e9l\u00e9chargement (des millions de personnes par jour), le record de temps pass\u00e9 (des dizaines de minutes par jour), ne doit rien au hasard.<\/p>\n <\/a><\/p>\n C’est l’histoire de John<\/strong><\/p>\n John Hanke, le CEO et fondateur de Niantic est un entrepreneur en s\u00e9rie et ancien de Google.\u00a0 Il a cr\u00e9e the founders of Keyhole<\/a><\/strong>, achet\u00e9 par Google pour cr\u00e9er Google Earth. Il travaille bien s\u00fbr sur Google Maps avant de lancer Niantic. La carte ou plut\u00f4t les cartes sont parties prenantes de Google et de Niantic en apportant des repr\u00e9sentations du r\u00e9el, en tissant des liens entre les mondes physiques et num\u00e9riques<\/a><\/strong>. Aujourd’hui Pokemon s’appuie sur d\u00e9j\u00e0 sur ces infrastructures techniques, utilisent les portails d’Ingress, l’autre grand jeu cr\u00e9\u00e9 par John (400 millions de joueur). Fin 2012, nous \u00e9crivions d\u00e9j\u00e0 :<\/p>\n Le num\u00e9rique change nos vies. Il influence, notamment, nos fa\u00e7ons de nous d\u00e9placer, d’appr\u00e9hender les territoires. Le monde virtuel limit\u00e9, il y a peu, \u00e0 la connaissance, s’\u00e9tend dans tous les domaines. Il arrive dans les objets en leur reliant entre eux avec le tout. Le \u00ab\u00a0tissage\u00a0\u00bb, d\u00e9j\u00e0 abord\u00e9 dans plusieurs articles pr\u00e9c\u00e9dents (l’exemple d’Ingress<\/mark><\/a><\/strong>, le logiciel<\/a><\/strong>), entre l’objet et le logiciel, se poursuit construisant un monde nouveau avec de nouvelles r\u00e8gles, de nouveaux mod\u00e8les d’affaires. D\u00e9j\u00e0, plusieurs entreprises ont investi ces territoires vierges, elles y inventent -seules- leur loi, leur vision du monde.<\/em><\/p>\n<\/blockquote>\n Pokemon Go utilise tous les canons d’une plateforme r\u00e9ussie : \u00e9quipotentialit\u00e9 d’acc\u00e8s, holoptisme, monnaie de r\u00e9putation, viralit\u00e9, num\u00e9rique et physique. Mais int\u00e9ressons nous \u00e0 l’Apr\u00e8s Pokemon Go. Car ce n’est qu’un d\u00e9but. Ces acteurs industriels vont poursuivre leur d\u00e9veloppement et acc\u00e9der \u00e0 TOUS les domaines aujourd’hui pr\u00e9serv\u00e9s. N\u00e9 il y a maintenant plus de 40 ans<\/a><\/strong>, le num\u00e9rique se propage. Pour cela, ces industriels d\u00e9ploient une infrastructure technique faite de capteurs, de donn\u00e9es, d’algorithmes, de serveurs, de satellites, d’\u00e9crans. La plupart du temps invisible, elle devient\u00a0quelque fois visible comme avec Pokemon. Cette infrastructure se connecte et se tisse maintenant avec le vivant social, la multitude. Et c’est l\u00e0 le point cl\u00e9. Cette connexion est dite \u00ab\u00a0forte\u00a0\u00bb \u00e0 la diff\u00e9rence de la plupart des acteurs qui pensent encore avoir une influence. Faire bouger des millions de personnes (en marchant ou en v\u00e9lo), d\u00e9cider (oui d\u00e9cider) o\u00f9 elles vont et quand, quel chemin elles utilisent et comment elles y vont. Philippe Gargov parle de porosit\u00e9 public-priv\u00e9 \u00e0 l’\u00e9preuve du num\u00e9rique. N’est ce pas plut\u00f4t un tsunami contre lequel les tweets de la gendarmerie pour calmer les chasseurs sont peu de choses.<\/p>\n Ces acteurs industriels construisent de nouveaux standards en mati\u00e8re de connexion et d’influence auxquels vous pouvez vous comparer. Combien de temps pour engager un million de personne ? combien de temps pour que le temps moyen sur une\u00a0plateforme d\u00e9passe 30 minutes, une heure par jour ? Rendez vous \u00e0 l’\u00e9vidence. Vous ne savez plus parler aux gens ou plut\u00f4t personne ne vous \u00e9coute, m\u00eame si vous avez un statut d’autorit\u00e9 ou pesez des milliards en bourse.<\/p>\n La philosophie est alors cruciale. St\u00e9phane Vial dans sa th\u00e8se \u00ab\u00a0La structure de la r\u00e9volution num\u00e9rique : philosophie de la technologie<\/a><\/strong>\u00a0\u00bb nous indique qu’il s’agit bien d’une r\u00e9volution ontophanique<\/strong>, c\u2019est-\u00e0-dire un \u00e9branlement des structures de la perception et du processus par lequel l\u2019\u00eatre nous appara\u00eet<\/strong>. Il devient alors urgent que toutes les structures, dont les entreprises issues de Prom\u00e9th\u00e9e (aujourd’hui d\u00e9pass\u00e9 par Herm\u00e8s nous dirait M.Serres) comme celles de l’automobile, s’engagent totalement dans ces territoires pour y percevoir de nouvelles formes de liens sociaux.\u00a0Elles n’ont pas d’autres choix que de le vivre, elles ne pourront pas l’\u00e9tudier de \u00ab\u00a0l’ext\u00e9rieur\u00a0\u00bb. Des chercheurs<\/strong> <\/a>cr\u00e9ent alors des disciplines comme l’Intelligence Collective dans le Cyberespace.<\/em><\/p>\n S.Vial nous propose\u00a0onze caract\u00e9ristiques fondamentales pour d\u00e9crire l’ontophanie num\u00e9rique : la noum\u00e9nalit\u00e9 (que l’on peut percevoir sans \u00eatre capable de le d\u00e9crire ni de l’exp\u00e9rimenter totalement), l\u2019id\u00e9alit\u00e9, l\u2019interactivit\u00e9, la virtualit\u00e9, la versatilit\u00e9, la r\u00e9ticularit\u00e9<\/strong> <\/a>(capacit\u00e9 \u00e0 fonctionner en r\u00e9seau), la reproductibilit\u00e9 instantan\u00e9e, la r\u00e9versibilit\u00e9, la destructibilit\u00e9, la fluidit\u00e9 et la ludog\u00e9n\u00e9it\u00e9 (capacit\u00e9 \u00e0 \u00eatre exp\u00e9rimenter par le jeu). Et il indique que \u00ab\u00a0le r\u00f4le du design, comme activit\u00e9 ph\u00e9nom\u00e9notechnique qui fa\u00e7onne le monde, est d\u00e9fini comme essentiel dans la constitution cr\u00e9ative de l\u2019ontophanie num\u00e9rique\u00a0\u00bb.<\/em><\/p>\n<\/blockquote>\n Vous pensez que c’est un effet de mode, que \u00e7a va passer. Mais\u00a0ce ne sont l\u00e0 que des cons\u00e9quences visibles et d’autres vont arriver. De nouvelles industries se cr\u00e9ent pour\u00a0hacker le r\u00e9el, hacker la perception que nous avons le r\u00e9el.<\/p>\n C’est l’histoire de Rony<\/strong><\/p>\n Rony Abovitz, son truc \u00e0 lui, c’est Magic Leap<\/strong><\/a>. Ce n’est qu’une startup soutenue par Google et Alibaba. Son objectif est simple, cr\u00e9er une nouvelle r\u00e9alit\u00e9, voire plusieurs. Cet article de Wired r\u00e9dig\u00e9 par Kevin Kelly (le copain de Stewart Brand<\/a><\/strong>) est juste excellent : The untold story of Magic Leap<\/strong><\/a>. L\u00e0 aussi tout commence fin des ann\u00e9es 80 (toujours 40 ans) avec un certain Jason Lanier<\/strong><\/a> qui invente le terme de r\u00e9alit\u00e9 virtuelle<\/em> utilis\u00e9e aujourd’hui dans Pokemon. Magic Leap est soutenue et financ\u00e9e depuis plusieurs ann\u00e9es \u00e0 hauteur de plus d’un milliard.<\/p>\n\n
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