{"id":4176,"date":"2016-04-16T13:14:34","date_gmt":"2016-04-16T13:14:34","guid":{"rendered":"http:\/\/transportsdufutur.ademe.fr\/?p=4176"},"modified":"2017-05-05T13:30:35","modified_gmt":"2017-05-05T13:30:35","slug":"en-finir-avec-la-technique-22","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/transportsdufutur.ademe.fr\/2016\/04\/en-finir-avec-la-technique-22.html","title":{"rendered":"En finir avec la technique [2\/2]"},"content":{"rendered":"

[Suite d’un premier article<\/strong><\/a>]<\/p>\n

Pourtant Laetitia Vitaud<\/b><\/a> nous dit que le salariat ne va pas disparaitre. L.Vitaud parle d\u2019une nouvelle forme de salariat, permettant de maintenir ces comp\u00e9tences, d\u2019\u00eatre prot\u00e9g\u00e9 au niveau de son logement et sa protection sociale pour pouvoir entreprendre. Rappelant que \u201cdans certains cas, le salariat est au contraire pr\u00e9f\u00e9rable pour une firme : plus besoin, par exemple, de recruter et de former chaque jour un travailleur journalier pour s\u2019acquitter des diff\u00e9rentes t\u00e2ches dans l\u2019entreprise. Un lien contractuel avec les travailleurs permet aussi d\u2019\u00e9viter de n\u00e9gocier constamment leur r\u00e9mun\u00e9ration<\/em>\u201d. Le salariat n\u2019a donc jamais \u00e9t\u00e9 aussi important et souhait\u00e9. Mais quel salariat ? Le salariat est d\u00e9j\u00e0 en train de se transformer : salariat en entreprise & travail ind\u00e9pendant, auto-entrepreneurs & salari\u00e9s, entrepreneur & ch\u00f4mage.<\/p>\n

Et L.Vitaud de rajouter un point essentiel sur cette transformation : \u201cEn revanche, l\u2019int\u00e9gration dans l\u2019institution salariale des composantes h\u00e9t\u00e9rog\u00e8nes que sont les revenus, la protection sociale et le statut social, longtemps garantie par les grandes entreprises, est en voie d\u2019affaiblissement. C\u2019est bien le \u201cd\u00e9groupage\u201d des composantes du travail salari\u00e9 qui est \u00e0 l\u2019oeuvre aujourd\u2019hui. Et la raison de cette d\u00e9sint\u00e9gration du salariat est l\u2019affaiblissement des grandes entreprises fordistes […] On assiste \u00e0 la cr\u00e9ation d\u2019institutions in\u00e9dites visant \u00e0 s\u00e9curiser leur situation et recr\u00e9er pour les freelancers la s\u00e9curit\u00e9 \u00e9conomique qui a fait l\u2019attractivit\u00e9 et la puissance du salariat<\/em>\u201d. Comme souvent nous manquons de mot et de recul sur notre propre regard pour d\u00e9crire plus finement les transformations en cours. Le travail se transforme donc, il est en transition. Seul le mot reste, et nos imaginaires …<\/p>\n

\n

\u00ab\u00a0We can’t see our culture very well, because we see with it<\/em>\u00ab\u00a0, William Gibson<\/strong><\/h3>\n<\/blockquote>\n

\"metiers\"<\/a><\/p>\n

<\/p>\n

La pr\u00e9carit\u00e9 n\u2019est plus li\u00e9e uniquement \u00e0 des difficult\u00e9s de contrat mais plus globalement \u00e0 celles pour s\u2019individuer et se relier \u00e0 des r\u00e9seaux \u00e9tendus de comp\u00e9tences. Les entreprises en croissance auront tout int\u00e9r\u00eat \u00e0 fid\u00e9liser des travailleurs par de nouveaux \u201ccontrats\u201d \u00e0 la fois stables et poreux, adoss\u00e9es \u00e0 des conditions de d\u00e9veloppement adapt\u00e9es pour les retenir. Ainsi, des formes hybrides se r\u00e9v\u00e8leront entre l\u2019intermittence, le salariat et le freelance. De nouvelles solutions de protection des plus fragiles devront \u00eatre invent\u00e9es pour leur permettre de se r\u00e9v\u00e9ler vraiment pour ensuite se former, s\u2019individuer et se connecter.<\/p>\n

Ainsi organis\u00e9s, les collectifs apprennent et se d\u00e9veloppent tout autant par le chemin pour faire aboutir le projet que dans la finalit\u00e9 du projet lui-m\u00eame. Les innovations sociales proc\u00e8dent avec de telles subtiles alchimies.<\/p>\n

Nos fa\u00e7ons de travailler, d\u2019exploiter les machines pour nous lib\u00e9rer de l\u2019emploi, faire apparaitre tous les talents, outiller tous les collectifs sans forc\u00e9ment attendre une production comptable, conditionneront un nouvel \u00e9ther, l\u2019ambiance de nos quotidiens. Dans ces nouvelles conditions de travail<\/i>, apparaitront alors de nouvelles architectures sociales aujourd\u2019hui peu invisibles. Dans ce compost le plus vari\u00e9 possible, pourra alors se d\u00e9velopper des collectifs \u00e9veill\u00e9s conscients des limites de la seule technique, capables d\u2019innover dans les processus, dans les usages, dans le droit, simultan\u00e9ment aux niveaux individuel et collectif. Les techniques <\/i>seront alors exploit\u00e9es pour \u00e9quilibrer les \u00e9changes, mettre en oeuvre des plateformes contributives, r\u00e9duire les externalit\u00e9s n\u00e9gatives car elles ne seront plus des finalit\u00e9s mais simplement des moyens.<\/p>\n

Kevin Kelly brosse un portrait int\u00e9ressant des \u00e9volutions des technologies en posant une question singuli\u00e8re : \u201cQu\u2019est ce que la technologie veut ?<\/em>\u201d. Pour K.Kelly, la technique est le moyen permettant \u00e0 chacun de trouver son travail<\/em>, de se r\u00e9v\u00e9ler.
\n