{"id":28,"date":"2014-11-04T15:10:17","date_gmt":"2014-11-04T15:10:17","guid":{"rendered":"http:\/\/transportsdufutur.ademe.fr\/?p=28"},"modified":"2015-07-21T16:35:28","modified_gmt":"2015-07-21T16:35:28","slug":"ce-que-je-sais","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/transportsdufutur.ademe.fr\/2014\/11\/ce-que-je-sais.html","title":{"rendered":"Ce que je crois savoir"},"content":{"rendered":"

Il faut bien une premi\u00e8re fois.<\/p>\n

Et bien ce sera le premier article dans lequel l'auteur de ce blog utilisera le "je". Simplement, pour partager des sensations plus des visions. Il existe plein des sc\u00e9narios du futur, chacun peut choisir le sien, celui qui lui fait le moins mal, celui dans lequel il se voit le plus facilement. Je ne donnerai donc pas de sc\u00e9nario du futur. Dans cet article, je dirai donc ce que je crois savoir.<\/p>\n

La prospective m'int\u00e9resse par sa capacit\u00e9 \u00e0 nous obliger \u00e0 diss\u00e9quer le pr\u00e9sent pour mieux l'oublier. Je ne sais pas comment nous nous d\u00e9placerons dans le futur, mais je sais que les mots et les concepts que nous avons lentement forg\u00e9s sont en train de devenir inutiles, pire ils freinent. Heureusement pas tout le monde, certains artisans mod\u00e8lent de nouvelles fa\u00e7ons de faire, de penser, de r\u00e9fl\u00e9chir ensemble. Les fronti\u00e8res comme le transport public collectif et le transport individuel priv\u00e9, et m\u00eame l'achat, la location de v\u00e9hicule ou l'achat de mobilit\u00e9 ne d\u00e9coupent d\u00e9j\u00e0 plus des domaines d'actions. Penser le futur, c'est d'abord proposer de nouveaux concepts pour discuter ensemble des glissements qui s'op\u00e8rent aujourd'hui, pour s'affranchir des silos construits par le temps et les fili\u00e8res industrielles (voir Georges Amar<\/strong><\/a>).<\/p>\n

"je ne dis pas que ces transformations radicales vont se r\u00e9aliser, je dis que pour la premi\u00e8re fois, nous pouvons vouloir qu'elles se r\u00e9alisent" A.Gorz<\/strong><\/p>\n

<\/p>\n

D\u00e8s 2008, j'ai d\u00e9crit<\/strong><\/a> que le num\u00e9rique allait modifier notre capacit\u00e9 \u00e0 cr\u00e9er et recueillir de l'information contextualis\u00e9e partout, tout le temps, d'\u00eatre reli\u00e9 \u00e0 d'autres pairs, d'utiliser et en m\u00eame temps de produire une bourse temps r\u00e9el de si\u00e8ge libre, et donc que le num\u00e9rique allait modifier notre rapport \u00e0 l'objet "voiture", mais \u00e9galement \u00e0 tous les modes de transport. De ce glissement, pouvaient na\u00eetre de nouvelles industries. Elles \u00e9mergent aujourd'hui, port\u00e9es par un nouveau type d'acteur capable de naviguer dans le monde moderne. Le num\u00e9rique, comme moyen de d\u00e9construire les silos, de renverser les asym\u00e9tries d'information, de s'allier \u00e0 la multitude, de passer \u00e0 l'acide des fili\u00e8res. Oublier le mot "virtuel", il ne s'applique plus. Le num\u00e9rique, nouvelle ontophanie<\/strong><\/a>, met en oeuvre, en m\u00eame temps, de nouveaux concepts philosophiques du r\u00e9el et de nouveaux usages des modes de transports. Je sais que maintenant je vois le monde par le num\u00e9rique (voir St\u00e9phane Vial<\/strong><\/a>). Toutes mes actions, mes d\u00e9cisions, mes choix portent en eux des flux et des traces num\u00e9riques. Je sais que je deviens surfeur des flux (voir Joel de Rosnay<\/strong><\/a>, Thierry Crozet<\/strong><\/a>). Le secteur du transport n'a encore rien vu de cette mutation que d\u00e9j\u00e0 se perm\u00e9abilisent les fronti\u00e8res du travail<\/strong><\/a>, des loisirs, du tourisme. Disparaissent \u00e9galement les cloisons mobilit\u00e9 et immobilit\u00e9, vies personnelle et professionnelle, d\u00e9placement et rencontre. Notre quotidien se fractalise, tout est dans tout (voir Bruno Marion<\/strong><\/a>). Je sais que l'on vit dans le chaos et que l'on peut y \u00eatre heureux. En sym\u00e9trique, de nouvelles pr\u00e9carit\u00e9s \u00e9mergent.<\/p>\n

\"Couleurs-fractal\"<\/a><\/p>\n

De nouvelles \u00e9conomies, vers le pire ou le meilleur<\/strong><\/p>\n

En se reliant sans friction, le pair \u00e0 pair num\u00e9ris\u00e9 se d\u00e9veloppe dans tous les domaines pour maximiser l'usage de nos ressources, pour utiliser "l'exc\u00e8s de capacit\u00e9" de nos voitures immobiles, de nos si\u00e8ges vides, de nos places de parking vides. Cette \u00e9conomie du partage, appuy\u00e9e sur des plateformes, porte en elle les germes d'une multitude de futurs selon les chemins que prendront les entrepreneurs de ces empires en naissance. Soit de nouvelles formes de panoptisme, de bonus\/malus se d\u00e9velopperont, amplifi\u00e9es par l'intrusion num\u00e9rique g\u00e9n\u00e9ralis\u00e9e dans tous les objets, dans tous nos comportements, et nous aurons \u00e9chou\u00e9<\/strong><\/a>. Soit na\u00eetront de nouvelles plateformes r\u00e9flexives<\/a><\/strong> offrant l'holoptisme \u00e0 tous les pairs (Voir Pierre L\u00e9vy<\/strong><\/a>, Jean-fran\u00e7ois Noubel<\/a><\/strong>). En industrialisant l'\u00e9conomie du partage, nos relations aux objets se bouleversent. Est ce que pour autant cela modifiera le d\u00e9sir mim\u00e9tique de poss\u00e9der ou de faire ce que fait l'autre ? Est ce que ces nouvelles \u00e9conomies ouvrent l\u00e0 quelques espoirs ? La th\u00e8se de Ren\u00e9 Girard<\/strong><\/a> sur le d\u00e9sir mim\u00e9tique comme socle de nos soci\u00e9t\u00e9s nous \u00e9claire sur les possibles \u00e0 venir. Soit nous prenons conscience que nous "consommons" avant tout pour mimer l'autre, pour lui ressembler tout en pensant \u00eatre diff\u00e9rent, sans \u00eatre attirer par l'objet du d\u00e9sir et nous "changeons de niveau"; soit nous continuons \u00e0 rester prisonnier de notre d\u00e9sir mim\u00e9tique et les "nouvelles" \u00e9conomies n'apporteront quasiment rien. Je sais que l'holoptisme ouvre des possibilit\u00e9s in\u00e9dites de vivre ensemble diff\u00e9rement.<\/p>\n

Serons nous conscient de notre d\u00e9sir mim\u00e9tique ?<\/strong><\/p>\n

Nos modes de vie et de consommations d\u00e9pendent profond\u00e9ment de nos d\u00e9sirs mim\u00e9tiques. Tous les pr\u00e9c\u00e9dents mouvements contre-culturels ont \u00e9t\u00e9 r\u00e9int\u00e9gr\u00e9s par les acteurs marchands (voir MM.Heath et Potter<\/strong><\/a>), qu'en sera-t-il pour l'\u00e9conomie collaborative ? Nous cherchons \u00e0 convoiter non pas les objets mais le d\u00e9sir de l'autre pour cet objet, et cela de fa\u00e7on inconsciente. Cela fonctionne pr\u00e9cis\u00e9ment parce que cela est inconscient. L'\u00e9conomie collaborative et plus g\u00e9n\u00e9ralement les plateformes num\u00e9riques se caract\u00e9risent par la capacit\u00e9 \u00e0 fournir aux utilisateurs des images de leurs \u00e9changes et de leurs activit\u00e9s (voir La M\u00e9taNote N\u00b021, l'hypercitoyen<\/strong><\/a>). En apportant cette r\u00e9flexivit\u00e9, nous pourrons prendre conscience de nos d\u00e9sirs mim\u00e9tiques et ainsi commencer \u00e0 les modifier.<\/p>\n

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"C\u2019est en quelque sorte la connaissance de la n\u00e9cessit\u00e9 du mim\u00e9tisme, qui nous rend libres. La th\u00e9orie du d\u00e9sir mim\u00e9tique se veut donc aussi une pens\u00e9e de la lib\u00e9ration, une pens\u00e9e de la r\u00e9appropriation des d\u00e9sirs par la connaissance du triangle (moi, objet, m\u00e9diateur – celui \u00e0 qui je veux ressembler). Toutefois, cette lib\u00e9ration n\u2019entra\u00eene pas un d\u00e9sir autonome, nous ne saurions jamais choisir directement nos d\u00e9sirs, en revanche, la possibilit\u00e9 se fait jour de se choisir un m\u00e9diateur. Faute de choisir l\u2019objet, il reste l\u2019autre p\u00f4le sur lequel exercer sa libert\u00e9, nous pouvons donc nous choisir un m\u00e9diateur." St\u00e9phane Vinolo : Ren\u00e9 Girard, le d\u00e9sir mim\u00e9tique<\/a>.<\/em><\/p>\n<\/blockquote>\n

S'ouvre alors une voie, notre d\u00e9sir mim\u00e9tique peut \u00eatre modifi\u00e9 et \u00eatre port\u00e9 sur des m\u00e9diateurs que nous aurons choisi et non plus sur les objets. Ce changement, rendu possible par l'open source<\/strong><\/a>, l'\u00e9conomie collaborative et la r\u00e9flexivit\u00e9 des plateformes<\/strong><\/a>, modifiera en profondeur nos relations aux objets, nos consommations. Vouloir la m\u00eame exp\u00e9rience que les m\u00e9diateurs que nous aurons choisis en conscience, tels seront les prochains d\u00e9sirs mim\u00e9tiques<\/strong>. Je sais que les prochains industriels dominants seront ceux qui proposeront des exp\u00e9riences int\u00e9grales, coh\u00e9rentes avec des valeurs mondiales, celles du beau, du bon, du vrai (voir Jean-fran\u00e7ois Noubel<\/a><\/strong>).<\/p>\n

Comment Christophe Colomb avait choisi son \u00e9quipage ?<\/strong><\/p>\n

Dans un monde fractal, par nature impr\u00e9visible, mettre en oeuvre des plateformes r\u00e9flexives et industrialiser de nouvelles exp\u00e9riences requi\u00e8rent de nouvelles fa\u00e7ons de travailler ensemble. Les processus planifi\u00e9s ne s'appliquent plus. Je sais que de nouvelles formes d'intelligence collectives \u00e9mergent et que de nouveaux m\u00e9tiers sont en train d'appara\u00eetre : des connecteurs, des disrupteurs, des facilitateurs, des archivistes, des critiques, des synchroniseurs, des animateurs … Ils apportent de nouveaux regards sur les flux, de nouvelles fa\u00e7ons de travailler, de nommer et structurer les richesses produites, de partager la valeur et surtout de construire des concepts. Pour explorer les fronti\u00e8res de l'innovation<\/strong><\/a>, c'est \u00e0 dire aller l\u00e0 o\u00f9 personne n'a r\u00e9ussi \u00e0 aller, l'entrepreneur moderne outill\u00e9 du num\u00e9rique s'allie avec la multitude pour trouver son mod\u00e8le d'affaire et construit son \u00e9quipage en regroupant des talents avec une forte biodiversit\u00e9. Je sais que les dispositifs de soutien \u00e0 la recherche d'un monde planifi\u00e9, pr\u00e9visible et structur\u00e9 autour de fil\u00e8res ne s'appliquent plus ici.<\/p>\n

Pour permettre aux entrepreneurs d\u2019it\u00e9rer, aux collectivit\u00e9s de jouer un r\u00f4le moteur dans leur capacit\u00e9 \u00e0 lever les barri\u00e8res, \u00e0 offrir des terrains de jeux, \u00e0 simplifier, rendre possible et orienter, pour faire na\u00eetre de nouvelles exp\u00e9riences d\u00e9sirables et adapt\u00e9es aux quotidiens en mutation pour les citoyens, de nouvelles fabriques<\/strong><\/a> verront le jour. Je sais que le territoire devient un composant majeur des processus d'innovation et que quelques villes "monde" aspireront les talents.<\/p>\n

Les nouveaux entrepreneurs<\/strong><\/p>\n

De ce chaos, s'appuyant sur le num\u00e9rique et la multitude donnant un "entrant abondant \u00e0 bas co\u00fbt", \u00e9mergent de nouveaux entrepreneurs. Seul, agile, nomade, obnubil\u00e9 par la satisfaction des besoins de ses clients, il s'adapte, it\u00e9re et cherche un mod\u00e8le d'affaire scalable. Ces t\u00eates chercheuses explorent ainsi une multitude de secteurs, de probl\u00e8mes \u00e0 r\u00e9soudre. Je sais que le temps est compt\u00e9 pour prendre des positions dans plusieurs domaines dont les transports, les flux urbains et l'\u00e9nergie. Et en m\u00eame temps, cette fili\u00e8re offrira une r\u00e9sistance importante compte tenu de la complexit\u00e9 des jeux d'acteurs (voir Edgar Morin<\/strong><\/a>), des r\u00f4les imbriqu\u00e9s du public et du priv\u00e9, des inerties industrielles et du d\u00e9sir mim\u00e9tique. Le num\u00e9rique ne r\u00e8glera pas tout (Voir Evgeny Morozov<\/strong><\/a>), loin de l\u00e0, mais il permet de r\u00e9interroger nos processus collectifs pour r\u00e9soudre certains probl\u00e8mes et am\u00e9liorer la vie quotidienne. Je sais qu'il ne faut pas surestimer cette ressource, ni la n\u00e9gliger. Pour profiter de cette r\u00e9sistance au changement, accueillir l'innovation passe donc par de nouveaux \u00e9cosyst\u00e8mes \u00e9tendus avec une grande biodiversit\u00e9, des zones franches, des droits \u00e0 l'erreur, des tiers de confiance, des r\u00e9gies de donn\u00e9es<\/strong><\/a>, de nouveaux concepts partag\u00e9s, des laboratoires vivants et des modules de capitalisation des pr\u00e9c\u00e9dents succ\u00e8s\/\u00e9chec. <\/p>\n

Je sais qu'il s'agit avant tout d'une nouvelle<\/strong> culture.<\/strong><\/a><\/p>\n

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Il faut bien une premi\u00e8re fois. Et bien ce sera le premier article dans lequel…<\/p>\n","protected":false},"author":7,"featured_media":0,"comment_status":"open","ping_status":"closed","sticky":false,"template":"","format":"standard","meta":{"_acf_changed":false,"footnotes":""},"categories":[],"tags":[46,69,71,86,99,102,106,107,108,134,140,150,156],"acf":[],"_links":{"self":[{"href":"https:\/\/transportsdufutur.ademe.fr\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/28"}],"collection":[{"href":"https:\/\/transportsdufutur.ademe.fr\/wp-json\/wp\/v2\/posts"}],"about":[{"href":"https:\/\/transportsdufutur.ademe.fr\/wp-json\/wp\/v2\/types\/post"}],"author":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/transportsdufutur.ademe.fr\/wp-json\/wp\/v2\/users\/7"}],"replies":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/transportsdufutur.ademe.fr\/wp-json\/wp\/v2\/comments?post=28"}],"version-history":[{"count":1,"href":"https:\/\/transportsdufutur.ademe.fr\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/28\/revisions"}],"predecessor-version":[{"id":3503,"href":"https:\/\/transportsdufutur.ademe.fr\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/28\/revisions\/3503"}],"wp:attachment":[{"href":"https:\/\/transportsdufutur.ademe.fr\/wp-json\/wp\/v2\/media?parent=28"}],"wp:term":[{"taxonomy":"category","embeddable":true,"href":"https:\/\/transportsdufutur.ademe.fr\/wp-json\/wp\/v2\/categories?post=28"},{"taxonomy":"post_tag","embeddable":true,"href":"https:\/\/transportsdufutur.ademe.fr\/wp-json\/wp\/v2\/tags?post=28"}],"curies":[{"name":"wp","href":"https:\/\/api.w.org\/{rel}","templated":true}]}}