{"id":166,"date":"2013-04-17T10:42:00","date_gmt":"2013-04-17T10:42:00","guid":{"rendered":"http:\/\/transportsdufutur.ademe.fr\/?p=166"},"modified":"2015-07-21T16:35:43","modified_gmt":"2015-07-21T16:35:43","slug":"votre-reputation-numerique-sera-votre-monnaie-et-la-base-de-votre-implication-altruiste","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/transportsdufutur.ademe.fr\/2013\/04\/votre-reputation-numerique-sera-votre-monnaie-et-la-base-de-votre-implication-altruiste.html","title":{"rendered":"Votre r\u00e9putation (num\u00e9rique) sera votre monnaie, et la base de votre implication altruiste"},"content":{"rendered":"
L\u2019automobile n\u2019a pas \u00e9t\u00e9 invent\u00e9e en faisant des innovations sur la cal\u00e8che. Alors qu\u2019il existait une industrie du foin, il n\u2019existait pas d\u2019industrie du carburant liquide, ou d\u2019industrie du pneumatique. Cet \u00e9cosyst\u00e8me complexe (au sens du complexus<\/a><\/strong>, tiss\u00e9 ensemble) s\u2019est auto-aliment\u00e9 autour d\u2019un futur cr\u00e9dible et souhaitable, reprenant JP Dupuy<\/a><\/strong>, d\u2019une cr\u00e9ation, l\u2019automobile, objet de libert\u00e9 et de productivit\u00e9.<\/p>\n Nos syst\u00e8mes de transports du futur, r\u00e9silients, \u00e9conomes, efficients, multicarburants ne seront pas obtenus en innovant uniquement sur l\u2019automobile. Quels sont les imaginaires port\u00e9s aujourd\u2019hui par les services de mobilit\u00e9s existants ? quels seront ceux engendr\u00e9s par la prochaine g\u00e9n\u00e9ration de services dans un monde num\u00e9rique et connect\u00e9 ?<\/p>\n <\/a> <\/p>\n Cette compr\u00e9hension de la complexit\u00e9 n\u2019est possible qu\u2019avec le num\u00e9rique et le r\u00f4le cl\u00e9 des donn\u00e9es, \u00e0 travers plusieurs \u00e9tapes : cr\u00e9ation des donn\u00e9es brutes, traitement et big data, interfaces riches pour leur donner du sens. <\/strong>HenriVerdier<\/strong><\/a>, directeur d\u2019Etalab, nous rappelle que les donn\u00e9es ne sont pas un carburant<\/strong><\/a>, et d\u00e9taille leur r\u00f4le cl\u00e9 pour nos \u00e9conomies.<\/p>\n Le p\u00e9trole est une ressource naturelle non renouvelable. On investit pour l'extraire, on l'accumule, le transporte, le distribue. Puis on le transforme en \u00e9nergie, ou en mat\u00e9riaux. Utiliser le p\u00e9trole, m\u00eame transform\u00e9, le d\u00e9truit et donc en d\u00e9truit la valeur. Il a en effet une valeur d'usage qui dispara\u00eet apr\u00e8s utilisation. Il a un propri\u00e9taire, il s'\u00e9change sur les bourses du monde entier, il dispara\u00eetra… Sa valeur est transitive : 100 fois plus de p\u00e9trole vaudra 100 fois plus de valeur. <\/em><\/p>\n Les donn\u00e9es n'ont rien de naturel. Elles sont produites par des dispositifs techniques, d\u00e9velopp\u00e9s par des ing\u00e9nieurs, en fonction de certains objectifs, et qui ont trouv\u00e9 des financements… Elles s'articulent d'une mani\u00e8re ou d'une autre au r\u00e9el, dont elles sont la trace, le symbole ou l'empreinte. Un r\u00e9el qui peut parfois m\u00eame \u00eatre le fort int\u00e9rieur de l'individu, inali\u00e9nable et incessible… Elles sont parfois extraites (comme le p\u00e9trole), mais de plus souvent produites et \u00e9chang\u00e9es librement par les individus. Ce ne sont pas des ressources rares. Non seulement elles ne s'usent pas quand on les utilise, mais elles prennent sans doute m\u00eame de la valeur<\/strong>. Cette valeur, comme leur sens, d\u00e9pend profond\u00e9ment du contexte. Les donn\u00e9es peuvent \u00eatre accapar\u00e9es, mais il est difficile de les stocker, Ensuite, cette tentation de vendre les donn\u00e9es brutes, comme on vend du p\u00e9trole brut, en imaginant qu'on touchera une fraction significative de la valeur d'usage et qu'on pourra continuer \u00e0 vendre des donn\u00e9es apr\u00e8s \u00e9puisement des premi\u00e8res. [Il faut ] utiliser les donn\u00e9es comme support d'innovation, cr\u00e9er de grands r\u00e9f\u00e9rentiels qui ouvrent le champ des possibles, cr\u00e9er de grandes plateformes autour de ses jeux de donn\u00e9es, les croiser pour mieux les f\u00e9conder, les faire vivre dans les interactions.<\/em><\/p>\n D'une part, les donn\u00e9es sont "moins" qu'une mati\u00e8re brute. De plus en plus un substrat, un continuum qui d\u00e9crit de plus en plus l'ensemble de la r\u00e9alit\u00e9 et dans lequel il faut d\u00e9sormais apprendre \u00e0 se mouvoir. Un substrat de plus en plus complexe, avec lequel les gens apprennent \u00e0 construire une image d'eux-m\u00eames. <\/em><\/p>\n Et en m\u00eame temps, les donn\u00e9es sont "plus" qu'une mati\u00e8re premi\u00e8re ou une \u00e9nergie. Elles deviennent insensiblement \u00e0 la fois le contenant et le contenu de la r\u00e9volution num\u00e9rique. Elles deviennent le nouveau code au coeur de la machine Internet, le flux sur lequel se greffent toutes les autres applications, le principe d'organisation et de r\u00e9gulation du num\u00e9rique. Elles conjuguent \u00e0 la fois, dans un format fluide et maniable, du sens, de la raison, de l'imagination et m\u00eame de l'esth\u00e9tique. <\/em><\/p>\n Les donn\u00e9es restent un impens\u00e9. A la fois empreintes, quasiment organiques, et mati\u00e8re \u00e9minemment politique, p\u00e9nalis\u00e9es par une d\u00e9finition, qui, en Fran\u00e7ais, est un faux ami (rien de moins "donn\u00e9" qu'une donn\u00e9e), leur fonction, qui est souvent confondue avec une variable alors qu'elles sont de plus en plus le principe fondamental sur lequel se greffent le code, les applications et les usages, et leur r\u00e9gulation qui a \u00e9t\u00e9 pens\u00e9e pour les informations et les documents, mais pas pour cette mati\u00e8re hyperfluide, il reste un \u00e9norme travail de pens\u00e9e \u00e0 fournir pour comprendre comment vont s'architecturer d\u00e9sormais nos \u00e9conomies, nos rapports sociaux et nos identit\u00e9s.<\/em><\/p>\n Dans un scenario de prospective r\u00e9alis\u00e9 par la FING<\/a>, les donn\u00e9es jouent un nouveau r\u00f4le, celui de devenir source de revenu pour ceux qui les g\u00e9n\u00e8rent : Les big data \u00e0 la base du revenu universel d\u2019existence – \u201cPas d\u2019usages du num\u00e9rique, pas de revenu !\u201d<\/strong><\/p>\n Suite au rapport fran\u00e7ais Colin&Collin paru en 2013, une fronde s\u2019\u00e9tend en Europe. La r\u00e9utilisation des donn\u00e9es personnelles, symbolis\u00e9e par les \u00ab Big Data \u00bb, fait l\u2019objet de luttes sociales et politiques importantes. Les entreprises pratiquant l\u2019analyse et la r\u00e9utilisation des donn\u00e9es personnelles se voient contraintes, \u00e0 partir de 2014, de Les donn\u00e9es g\u00e9n\u00e9r\u00e9es par les citoyens, partag\u00e9es de fa\u00e7on volontaire, \u00ab citoyenne \u00bb, pourraient \u00eatre \u00e0 la base de nouvelles connaissances in\u00e9dites indispensables pour cr\u00e9er cette projection cr\u00e9dible et souhaitable . Ces nouveaux savoirs permettront aux pouvoirs publics, sous un contr\u00f4le rapproch\u00e9 des citoyens \u00e0 inventer, de mieux choisir, de mieux rendre compte, de concevoir de nouveaux dispositifs d\u2019aides et de taxes adapt\u00e9s aux changements de comportements que ces derniers veulent induire. Mais aujourd\u2019hui, ce n\u2019est pas le cas. Personne n\u2019a encore invent\u00e9 le marketing politique qui sous-tend ce \u00ab don \u00bb de donn\u00e9es, ce nouvel altruisme num\u00e9rique.<\/p>\n Actuellement, les producteurs de donn\u00e9es, les usagers, se rendent compte des \u00ab prises de b\u00e9n\u00e9fices \u00bb rendues possible par leur donn\u00e9e \u00e0 destination des entreprises. Dans certains cas, les \u00ab retours sur dons de donn\u00e9es \u00bb sont satisfaisants : les services progressent, les exp\u00e9riences propos\u00e9es deviennent plus s\u00e9duisantes. Mais dans la majorit\u00e9 des cas, ce n\u2019est pas le cas.<\/p>\n Dans The Nature Of The Future: Dispatches From The Socialstructed World<\/a>, Marina Gorbis soutient que nous nous \u00e9loignons du monde d\u00e9personnalis\u00e9 de la production institutionnelle vers une nouvelle \u00e9conomie fond\u00e9e sur des liens sociaux et des r\u00e9compenses – un processus qu'elle appelle \u00ab socialstructing \u00bb. Ainsi cet altruisme num\u00e9rique pourrait \u00eatre facilit\u00e9 par de nouvelles monnaies. Ces traces num\u00e9riques enrichies par croisements avec d\u2019autres donn\u00e9es<\/em><\/p>\n
Pour r\u00e9aliser cette projection, nous (citoyens) devons acc\u00e9der \u00e0 un niveau de connaissance \u00ab sup\u00e9rieur \u00bb \u00e0 la fois de nos pratiques quotidiennes essentiellement port\u00e9es par l\u2019automobile et les 1er<\/sup> services de mobilit\u00e9. Il nous faut \u00e9galement progresser sur nos repr\u00e9sentations de ces mobilit\u00e9s, et sur des processus de conception de solutions de mobilit\u00e9\/immobilit\u00e9 adapt\u00e9es \u00e0 nos futurs modes de vie et de collaboration, nos futures entreprises, nos futures cit\u00e9s. Il s\u2019agit bien de pure cr\u00e9ation d\u2019un nouvel \u00e9cosyst\u00e8me cr\u00e9dible et souhaitable. Et si la principale innovation n'\u00e9tait pas une solution de mobilit\u00e9, mais des outils de repr\u00e9sentations de nos pratiques, pour mieux int\u00e9grer ces feedbacks dans le design des syst\u00e8mes de transport ?<\/strong> <\/p>\n
notamment parce qu'elles co\u00fbtent de moins en moins cher \u00e0 produire et que la multitude finit toujours par les produire elle-m\u00eame \u00e0 bas prix. Elles peuvent aussi servir \u00e0 constituer des biens communs non rivaux. Leur valeur est donc plus que transitive (le tout vaut plus que la somme des parties).<\/em><\/p>\n
\npayer des droits de r\u00e9utilisation aux usagers, selon un mod\u00e8le \u00e9labor\u00e9 par les CNIL europ\u00e9ennes. Ces r\u00e9tributions deviennent alors la base d\u2019un revenu minimum d\u2019existence, compl\u00e9t\u00e9 par des aides publiques et du salariat classique. Mais de nouvelles in\u00e9galit\u00e9s apparaissent, en particulier aupr\u00e8s des publics dits de l\u2019e-exclusion. <\/em><\/p>\n