{"id":100,"date":"2014-01-23T00:03:32","date_gmt":"2014-01-23T00:03:32","guid":{"rendered":"http:\/\/transportsdufutur.ademe.fr\/?p=100"},"modified":"2018-01-24T15:35:45","modified_gmt":"2018-01-24T15:35:45","slug":"fiction-n7-cc","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/transportsdufutur.ademe.fr\/2014\/01\/fiction-n7-cc.html","title":{"rendered":"[fiction N\u00b07] La Plateformisation a commenc\u00e9"},"content":{"rendered":"

\u00ab\u00a0La valeur de la donn\u00e9e dispara\u00eet quand on parvient \u00e0 lui en donner une. Il faudra fixer la valeur en remontant le temps. De l\u00e0 est n\u00e9e l\u2019id\u00e9e du traceur informationnel\u00bb, Mathieu \u2013 2027.<\/em><\/p>\n

Dire que tout avait commenc\u00e9 en 2015 dans un village, 300 habitants, les pionniers. Ils s’\u00e9taient engag\u00e9s volontairement dans une d\u00e9marche de co-construction de services citoyens sans voir attendus ni les acteurs marchands, ni la puissance publique, sans savoir si \u00e7a<\/strong> allait fonctionner. En fait, ce mouvement avait \u00e9t\u00e9 visible dans plusieurs communaut\u00e9s au niveau mondial. Vers 2014, La ville de Chicago<\/strong><\/a>\u00a0avait mis en \u0153uvre une plateforme open source pour g\u00e9rer certains services urbains, puis rapidement elle a \u00e9t\u00e9 r\u00e9utilis\u00e9e\u00a0: ouverte aux citoyens et alimenter par eux pour co-produire des nouveaux services et aliment\u00e9e par des donn\u00e9es de fa\u00e7on volontaire. La mise \u00e0 disposition d’outils num\u00e9riques distribu\u00e9s et ouverts avait fourni un socle. Le basculement est apparu quand la technologie avait permis d\u2019augmenter le niveau de confiance et de lib\u00e9rer les \u00e9changes de richesses entre citoyen. Le changement a \u00e9t\u00e9 imm\u00e9diat, brutal pour certains. La pression exerc\u00e9e par les contraintes budg\u00e9taires, \u00e9nerg\u00e9tiques et environnementales, d’une part, et par la domination des plateformes\u00a0mondiales majeures (Google, Amazon, Facebook, Amazon), d’autre part, avait particip\u00e9 \u00e0 cette mutation. Devenus acteurs de son futur, cette communaut\u00e9 locale est maintenant capable de mieux se mobiliser, mieux repr\u00e9senter l’impact de ses actions, de maximiser l’usage de ses richesses (lire\u00a0les articles sur les richesses<\/strong><\/a>). Plus que tout, ce collectif coordonn\u00e9 inspire les initiatives individuelles, les renforce, les catalyse, leur donne du sens et se faisant il devient plus performant.<\/p>\n

<\/p>\n

GAFA et BitCloud<\/strong><\/p>\n

Il a fallu attendre 2014-2015 pour faire comprendre au plus grand nombre que les GAFA alimentaient leurs mod\u00e8les (num\u00e9riques, pr\u00e9dictifs, \u00e9conomiques) en mettant \u00e0 disposition des plateformes s\u00e9duisantes et en captant une partie des richesses produites par l’activit\u00e9 des consommateurs. \u00ab\u00a0Plut\u00f4t une strat\u00e9gie d\u00e9lib\u00e9r\u00e9e, un usage intensif du design, de longs tests d\u2019utilisation, un ouvrage cent fois remis sur le m\u00e9tier jusqu\u2019\u00e0 ce que l\u2019exp\u00e9rience de l\u2019utilisateur soit parfaite, fluide, rassurante. Nos g\u00e9ants du Net ont compris, mieux encore que les g\u00e9nies du marketing \u00e0 l\u2019ancienne, la force d\u2019un usage\u00a0ritualis\u00e9.<\/em>\u00a0\u00bb (l’\u00e2ge de la Multitude, Nicolas Colin, Henri Verdier<\/strong><\/a>).\u00a0Les donn\u00e9es g\u00e9n\u00e9r\u00e9es par les usagers \u00e9taient imm\u00e9diatement valoris\u00e9es pour faire \u00e9voluer les plateformes, pour esquisser le besoin d’un produit ou d’un service marchand, pour construire des typologies de consommateur et finalement nous cartographier. Les GAFA avaient \u00e9tendu leur zone de production de donn\u00e9es strat\u00e9giques, au d\u00e9but uniquement sur leur place de march\u00e9, puis d\u00e9sormais partout. Rien ne leur \u00e9chappe. Ni vos communications. Ni vos d\u00e9placements. Ni votre activit\u00e9 quotidienne \u00e0 l’int\u00e9rieur de votre maison et \u00e0 l’ext\u00e9rieur. Ni vos consommations d’\u00e9nergie. Tous les lieux, tout le temps. Les progr\u00e8s r\u00e9alis\u00e9s dans les algorithmes pr\u00e9dictifs rendaient des services pour \u00ab\u00a0mieux\u00a0\u00bb consommer, pour moins perdre de temps, pour \u00eatre en meilleure sant\u00e9, mais progressivement cette hypersurveillance \u00e9tait devenue \u00e9vidente et de moins en moins accept\u00e9e. Tout \u00e9tait question d’\u00e9quilibre entre les b\u00e9n\u00e9fices et les risques r\u00e9els et suppos\u00e9s. Des\u00a0\u00e9claireurs<\/strong><\/a>\u00a0avaient jou\u00e9 un r\u00f4le essentiel pour r\u00e9v\u00e9ler ces dynamiques en cours \u00e0 tous les acteurs marchands, aux pouvoirs publics et aux citoyens. D\u00e8s 2014, Val\u00e9rie Peugeot indiquait notamment (lire l\u2019article int\u00e9gral Les biens communs\u00a0: un outil politique pour repenser notre rapport \u00e0 la technologie)<\/strong><\/a>qu\u2019il fallait consid\u00e9rer la donn\u00e9e en tant que \u00ab\u00a0commun\u00a0\u00bb. Cette notion de \u00ab\u00a0commun\u00a0\u00bb ne remplace pas le public et le priv\u00e9, elle le compl\u00e8te\u00a0: \u201cPour r\u00e9\u00e9quilibrer les choses, nous avons besoin de nouvelles perspectives th\u00e9oriques et pratiques, de nouvelles r\u00e8gles de gouvernement, de changer les r\u00e9gimes de propri\u00e9t\u00e9 [\u2026] Nous avons besoin de repenser la technique comme un objet politique \u00e0 part enti\u00e8re, et ce d\u2019autant que nous sommes dans une p\u00e9riode o\u00f9 les m\u00eames outils peuvent nous amener vers des mod\u00e8les de soci\u00e9t\u00e9 tr\u00e8s diff\u00e9rents, \u00e0 l\u2019image des Big Data\u201d<\/em>.<\/p>\n

\"P2P_P_P\"<\/a><\/p>\n

Inspir\u00e9 par le programme\u00a0Datact<\/strong><\/a>, Mathieu, talentueux programmeur, avait r\u00e9alis\u00e9, avec une \u00e9quipe internationale, le premier \u00ab\u00a0r\u00e9v\u00e9lateur stockeur de donn\u00e9es personnelles\u00a0\u00bb et avait propos\u00e9 plusieurs th\u00e9ories majeures sur les mod\u00e8les d\u2019\u00e9changes de richesses des donn\u00e9es. Le \u00ab\u00a0r\u00e9v\u00e9lateur stockeur\u00a0\u00bb \u00e9tait un outil citoyen con\u00e7u pour comprendre cet \u00e9quilibre risques\/b\u00e9n\u00e9fices. Il affichait clairement pour qui, pourquoi les GAFA et autres plateformes marchandes utilisaient vos traces num\u00e9riques ? \u00e0 qui \u00e9taient-elles fournies ? pour quels b\u00e9n\u00e9fices ? Puis vous pouvez d\u00e9cider de les aspirer int\u00e9gralement, pour les stocker sur des serveurs s\u00e9curis\u00e9s et g\u00e9rer votre propre compte de data, votre Big Data perso. Vous d\u00e9cidez alors qui les utilise et pour quels usages, comme\u00a0Green Button<\/strong><\/a>\u00a0le proposait d\u00e9j\u00e0 en 2013 dans le domaine de l’\u00e9nergie. Des usages philanthropiques de vos donn\u00e9es sont \u00e9galement possible (comme ce don d’activit\u00e9 physique pour ceux qui souffrent de la faim<\/strong><\/a>). Ce gisement de donn\u00e9es avait naturellement fourni de la mati\u00e8re premi\u00e8re \u00e0 une plateforme citoyenne mondiale (\u00e0 l’image de nombreux\u00a0exemples actuels<\/strong>\u00a0<\/a>et de\u00a0BitCloud<\/strong><\/a>). Et les premiers services citoyens territorialis\u00e9s sont apparus dans ce village, tout simplement. Ces citoyens avaient tant de talents, de richesses dans un environnement contraint g\u00e9ographiquement et budg\u00e9tairement.<\/p>\n

La valeur de la donn\u00e9e personnelle<\/strong><\/p>\n

Plusieurs projets avaient travaill\u00e9 ce sujet d\u00e8s les ann\u00e9es 2010, les GAFA rachetant \u00e0 coup de millions des comptes utilisateurs, riches de traces num\u00e9riques. Depuis Mathieu avait forg\u00e9 plusieurs concepts : la valeur de la donn\u00e9e est fondante. Elle diminue avec le temps et il faut alors l\u2019historiser pour capter et stocker sa valeur r\u00e9siduelle. Sa valeur est maximale fra\u00eeche et \u00ab\u00a0dans le mouvement\u00a0\u00bb. C\u2019est son hybridation avec d\u2019autres donn\u00e9es qui lui donnera, \u00e0 posteriori<\/strong>, une valeur. En cons\u00e9quence, le stockage et l\u2019immobilisation de la donn\u00e9e lui font perdre de la valeur. En cons\u00e9quence encore, il faut accepter de fournir des donn\u00e9es sans conna\u00eetre, \u00e0 priori,<\/strong> son usage et donc sa valeur. A l\u2019extr\u00eame, d\u00e8s que l\u2019on conna\u00eet la valeur de la donn\u00e9e, cela signifie qu\u2019elle a \u00e9t\u00e9 \u00ab\u00a0crois\u00e9e\u00a0\u00bb avec d\u2019autres donn\u00e9es, qu\u2019elle a g\u00e9n\u00e9r\u00e9 un service, donc qu\u2019elle est en train de perdre sa valeur.<\/p>\n

Par contre, il sera n\u00e9cessaire de pouvoir remonter le temps pour r\u00e9compenser \u00e0 posteriori<\/strong>, pour indiquer au porteur de la donn\u00e9e l\u2019int\u00e9gralit\u00e9 des usages qui en ont \u00e9t\u00e9 faits, pour attester le respect des consignes fournies par l\u2019utilisateur. Invent\u00e9 en 2018, l\u2019id\u00e9e d\u2019associer \u00e0 chaque donn\u00e9e un \u00ab\u00a0traceur informationnel\u00a0\u00bb avait r\u00e9solu ce probl\u00e8me. Ce traceur capitalise les usages faits des donn\u00e9es et alimente le stockeur individuel\u00a0: historique des usages, r\u00e9compenses.<\/p>\n

Enfin, la notion de comptabilit\u00e9 en euro de la valeur est totalement d\u00e9pass\u00e9e. Les richesses \u00e9changeables, mesurables et exprimables mises en jeux dans ces flux entre citoyens conduisent maintenant \u00e0 travailler avec des constellations mon\u00e9taires d\u00e8s 2020. Devenue une commodit\u00e9 (comme BitCoin en Finlande en 2014<\/strong><\/a>), chaque monnaie est consid\u00e9r\u00e9e comme une technologie. Cette derni\u00e8re est dot\u00e9e de caract\u00e9ristiques sp\u00e9cifiques qui sont \u00ab\u00a0designer\u00a0\u00bb au cas par cas pour r\u00e9aliser des objectifs fix\u00e9s par chaque communaut\u00e9\u00a0: maintenir les flux dans un p\u00e9rim\u00e8tre g\u00e9ographique donn\u00e9, interdire des flux vers des produits\/services \u00e9nergivores, \u00e9viter l\u2019accumulation et soutenir la circulation des richesses, etc\u2026 Depuis 2023, chaque collectif peut concevoir et exploiter facilement sa monnaie gr\u00e2ce \u00e0 OpenCoin, une suite logicielle compl\u00e8te permettant de sp\u00e9cifier les propri\u00e9t\u00e9s, le volume total, crypter, se lier \u00e0 d\u2019autres monnaies, g\u00e9rer les flux quotidiens, alimenter les modules de r\u00e9putation et produire des comptabilit\u00e9s.<\/p>\n

Ceci impose donc d\u2019instaurer un niveau de confiance \u00e9lev\u00e9 et de s\u2019entendre d\u00e8s le d\u00e9part sur les objectifs globaux vis\u00e9s. Pour cela, de nouvelles structures d\u2019int\u00e9r\u00eat citoyen ont \u00e9t\u00e9 cr\u00e9\u00e9es au niveau local et supranational entre pairs, sous plusieurs formes juridiques. Tout le dispositif ne fonctionne et n\u2019est visible qu\u2019avec des donn\u00e9es r\u00e9elles en mouvement. Comme le v\u00e9lo, il faut en faire et tomber pour apprendre.<\/p>\n

De l’intelligence collective originelle \u00e0 l’intelligence collective holomidale<\/strong><\/p>\n

Avec un peu de recul, cette \u00e9mergence n’avait rien du hasard. Les innovations sociales ont bien s\u00fbr toujours eu lieu dans des collectifs humains, cette capacit\u00e9 \u00e0 produire et faire \u00e9merger des communs (une organisation, une loi, une conscience), sans limiter les capacit\u00e9s et facult\u00e9s individuelles. Au d\u00e9part, limit\u00e9 \u00e0 de petits groupes de personnes en relation directe (une tribu, une \u00e9quipe, un groupe de musique), l’intelligence collective originelle va \u00e9voluer dans certains cas vers l’intelligence collective pyramidale. Cette derni\u00e8re, gr\u00e2ce \u00e0 l’\u00e9criture et l’imprimerie, se caract\u00e9rise par une organisation stable et structur\u00e9e, des proc\u00e9dures, avec des objectifs fixes et pr\u00e9visibles. Ainsi \u00e9quip\u00e9s les collectifs humains r\u00e9alisent de grands projets gr\u00e2ce \u00e0 cette forme d’intelligence sociale, qui dominait largement au d\u00e9but du XXI\u00e8me si\u00e8cle. Pour am\u00e9liorer l’ex\u00e9cution des proc\u00e9dures, ces industries avaient fait na\u00eetre au milieu du XX\u00e8me si\u00e8cle, l’ordinateur. D’abord inscrit dans la structure pyramidale ferm\u00e9e, il est devenu individuel et reli\u00e9 \u00e0 l’ext\u00e9rieur de l’entreprise.<\/p>\n

Sans le savoir, cette rupture allait faire \u00e9merger une nouvelle forme d’intelligence, l’intelligence collective holomidale, reliant des citoyens entre eux, sans structure de commandement, horizontalement, et en grand nombre. Au d\u00e9but, nous \u00e9tions maladroits et pourtant de nombreuses richesses avaient d\u00e9j\u00e0 \u00e9merg\u00e9 (lire\u00a0cet article de Val\u00e9rie Peugeot sur Les collectifs num\u00e9riques, source d’imaginaire politique<\/strong><\/a>) : partage de savoirs, monnaies alternatives, r\u00e9habilitation urbaine,\u00a0solidarit\u00e9s interg\u00e9n\u00e9rationnelles ou de quartier, \u00e9nergies alternatives, financements\u00a0participatifs, gestion de conflits, troc de semences, circuits courts de consommation,\u00a0recyclage, do-it-yourself, carte contributive. Dans le domaine des transports, nombreux sont les\u00a0exemples d’initiatives d\u00e9centralis\u00e9es, collaboratives de pair \u00e0 pair<\/strong><\/a>.<\/p>\n

Individuation et \u00ab\u00a0Commonisation\u00a0\u00bb<\/strong><\/p>\n

Compte tenu des progr\u00e8s des dispositifs num\u00e9riques, ces collectifs progressaient vite dans la capacit\u00e9 \u00e0 construire des communs dans des environnements complexes et impr\u00e9visibles tout en favorisant l’individuation, la capacit\u00e9 pour chacun de cultiver et d’exprimer ses talents. De toutes ces forces cr\u00e9atrices, il avait fallu les cartographier pour mieux les utiliser, en parler et les faire progresser. Amandine avait travaill\u00e9 ce sujet avec passion, convaincue qu’elle explorait un Univers nouveau, \u00e0 fort contenu technologique. Paradoxalement, elle passait \u00e9galement de long mois dans les tribus primitives d’Am\u00e9rique du Sud et d’Australie, pour comprendre, capitaliser et retranscrire cette Intelligence Collective (IC) originelle, si proche, de l’IC holomidale. Les publications du r\u00e9seau d’Amandine avaient permis de progresser sur le design des plateformes et les outils associ\u00e9s, sur la base de donn\u00e9es, sur les mod\u00e8les d’affaires et surtout sur la compr\u00e9hension des richesses \u00e9chang\u00e9es dans chaque collectif. Pour cela, un travail de fourmi a \u00e9t\u00e9 r\u00e9alis\u00e9, imposant de se plonger dans chaque communaut\u00e9, d’oublier ses r\u00e9f\u00e9rences, d’en comprendre le terreau qui lui a permis de germer, d’identifier les flux, pour faire ressortir\u00a0les valeurs primaires<\/strong><\/a>\u00a0de toutes nos cr\u00e9ations.<\/p>\n

Amandine \u00e9tudiait \u00e9galement les cons\u00e9quences \u00ab\u00a0individuelles\u00a0\u00bb de ces \u00e9volutions collectives. Dans ces communaut\u00e9s, les talents individuels, de la programmation \u00e0 la fabrication industrielle, sont essentiels, cultiv\u00e9s et reconnus. Ils sont amplifi\u00e9s dans des cercles collectifs lors de projet pour r\u00e9aliser des \u0153uvres communes. Plus les richesses circulantes sont exprim\u00e9es, plus la confiance et l\u2019attractivit\u00e9 de la plateforme augmentent. Des acteurs marchands \u00e9voluent maintenant sans structure hi\u00e9rarchique traditionnelle, comme\u00a0Zappos<\/strong>\u00a0<\/a>d\u00e8s 2014.<\/p>\n

En cours de \u00ab\u00a0plateformisation\u00a0\u00bb<\/strong><\/p>\n

Des projets port\u00e9s par des pionniers<\/strong><\/a>\u00a0avaient \u00e9merg\u00e9 dans les ann\u00e9es 2010. Il n’a fallu finalement que 15 ann\u00e9es pour qu’ils se d\u00e9ploient. Nous \u00e9tions au d\u00e9but de dynamiques sociales in\u00e9dites pour leur taille et leur \u00e9nergie. La transformation en plateforme a acc\u00e9l\u00e9r\u00e9 et f\u00e9d\u00e9r\u00e9 de nombreuses initiatives, a permis des mutualisations et des \u00e9conomies d’\u00e9chelle et surtout a simplifi\u00e9 la capitalisation et la mise en valeur de toutes ces \u00e9nergies. Chaque projet local peut non seulement s’appuyer sur une plateforme solide, fournissant de nombreuses ressources, permettant de mettre \u00e0 disposition rapidement un nouveau service mais cette nouvelle activit\u00e9 va renforcer la plateforme en connaissances nouvelles, et lui proposer des \u00e9volutions et de nouvelles fonctionnalit\u00e9s.<\/p>\n

De nombreux acteurs marchands d\u00e9veloppent \u00e9galement des services payants en exploitant ces plateformes citoyennes; la \u00ab\u00a0plateformisation\u00a0\u00bb des entreprises les oblige \u00e0 se repenser, int\u00e9gralement. Ainsi, d\u00e8s 2015, pour contrer l’Open Automotive Alliance<\/strong><\/a>\u00a0(permettant la diffusion d’Android dans de nombreux v\u00e9hicules), un constructeur a d\u00e9velopp\u00e9 une plateforme logicielle pour lui-m\u00eame, puis, \u00ab\u00a0cette plateforme est\u00a0mise \u00e0 disposition de tous les acteurs du march\u00e9 (concessionnaires, garagistes, d\u00e9veloppeurs d\u2019applications) et m\u00eame des concurrents du constructeur \u2013 tout\u00a0comme la\u00a0<\/em>place de march\u00e9 d\u2019Amazon<\/em><\/a>\u00a0est ouverte \u00e0 tout vendeur ou la plateforme\u00a0<\/em>Amazon Web Services<\/em><\/a>\u00a0est ouverte \u00e0 toute entreprise technologique. Les b\u00e9n\u00e9fices tir\u00e9s de cette plateforme logicielle automobile permettent de maintenir la localisation en France et ainsi, dans une boucle vertueuse, d\u2019augmenter sans cesse la cadence d\u2019innovation sur les cha\u00eenes de production \u2013 car, rappelons-le, nous ne sommes pas sur le march\u00e9 B2B des\u00a0smartphones\u00a0mais\u00a0sur un march\u00e9 B2C qui exige des it\u00e9rations rapides.<\/em>\u00a0\u00bb (extrait de cet article\u00a0Redresser l’industrie automobile \u00e0 l’\u00e2ge de la multitude<\/strong><\/a>). Dans certains territoires, des micro usines locales produisent des v\u00e9hicules simples et partageables qui s\u2019appuient sur cette plateforme logicielle commune. De vieux exemples comme OSVehicule<\/strong><\/a> ou Local Motor<\/strong><\/a> montrent les bases historiques.<\/p>\n

Il peut sembler que ces changements d\u2019organisations sont essentiellement port\u00e9s par des technologies. Mais ce n\u2019est que la partie visible. Tout cela a des cons\u00e9quences et des \u00e9volutions sont \u00e9galement en cours en nous-m\u00eames. Les aspirations d\u2019individuation ont boulevers\u00e9 l\u2019enseignement et les pratiques r\u00e9guli\u00e8res d\u2019activit\u00e9s dans des communaut\u00e9s d\u2019int\u00e9r\u00eat ont \u00e9galement boulevers\u00e9 la notion de travail. En cons\u00e9quence, nos dynamiques collectives d\u2019innovations ont profond\u00e9ment \u00e9volu\u00e9<\/strong> (lire un autre article<\/strong><\/a> sur ce sujet).<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"

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