Accueil UberPop, Un nouveau service urbain de Taxi entre Particulier

UberPop, Un nouveau service urbain de Taxi entre Particulier

par Gabriel Plassat

Comme le décrit cet article du Monde (A Paris, Uber veut changer les particuliers en taxi), cette dernière annonce d'Uber ne va calmer les taxis. Avec UberPop, il s'agit de décliner le concept de Véhicule avec Chauffeur en allant jusqu'à remplacer le Chauffeur professionnel par un particulier. Il s'ajoute à l'offre UberX pour lequel un chauffeur professionnel utilise son propre véhicule. Le schéma ci dessous extrait du blog Uber est clair : 

UberPOP_vs_600

Un nouveau service de mobilité

Il s'agit donc véritablement d'un nouveau service de mobilité. Et il faut être vigilant sur les termes utilisés pour éviter les confusions. Il ne s'agit d'autopartage puisque le propriétaire de la voiture la conduit. Mais il ne s'agit pas non plus de covoiturage. En effet, la définition du covoiturage récemment adoptée est la suivante :

« Art. L. 1231-15. – Le covoiturage est l’utilisation en commun d’un véhicule terrestre à moteur par un conducteur non professionnel et un ou plusieurs passagers majeurs pour un trajet commun. En cas d’inexistence, d’insuffisance ou d’inadaptation de l’offre privée, les autorités mentionnées à l’article L. 1231-1, seules ou conjointement avec d’autres collectivités territoriales ou groupements de collectivités intéressés, peuvent mettre à disposition du public des plates-formes dématérialisées facilitant la rencontre des offres et demandes de covoiturage. Elles peuvent créer un signe distinctif des véhicules utilisés dans le cadre d’un covoiturage. Dans ce cas elles définissent au préalable ses conditions d’attribution. »

Le covoiturage se caractérise d'une part par un trajet commun, c'est à dire un trajet dont l'origine et la destination sont prévus et connus par le conducteur. Ce dernier prend sur sa route des personnes en leur ayant vendu des sièges libres pour ce trajet prédéfini. Les coûts utilisés pour le covoiturage se limitent au partage des frais du trajet. Il est observé un partage des frais habituellement autour de 6 à 7 centimes du kilomètre par passager, qui est le prix de marché quasi "naturel" du covoiturage, l'accord juste trouvé entre les conducteurs et les passagers. Le barème fiscal kilométrique indique ce tableau un prix de cout de revient au kilomètre pour une voiture entre 40 et 60 centimes environ (suivant la cylindrée du véhicule). A 6 centimes par passager, il faut dépasser 6 passagers payants pour dépasser le barème kilométrique. Cela veut donc dire qu'on est en zone de partage des frais en dessous de 6 passagers.

Un service de Taxi entre Particuliers

L'exemple donné (Place de l'Opéra / Hôtel de Ville) n'est que de 2.9 km pour 7€ ce qui dépasse largement le barême traditionnel du covoiturage et également la limite fiscale. Le covoiturage fonctionne sur ce modèle d'affaire, celui proposé par Uber avec UberPop est différent. Ce service peut être identifié comme étant une "offre de Taxi entre Particuliers", complémentaire aux autres offres de mobilité avec des conditions tarifaires, fiscales et légales spécifiques. Il reste donc à lui trouver un nom partagé par tous …

Quel sera le service urbain de mobilité partagée ?

Ce service urbain questionne également toutes les tentatives de covoiturage "courte distance", quotidien, domicile/travail, dit "dynamique" ou "temps réel". Le covoiturage traditionnel fonctionne bien sur des distances assez importantes car le tarif est attractif pour le chaffeur et les passagers, le trajet est partagé dans son intégralité mis à part quelques détours au début et à la fin. Dans un service urbain, la ratio de distance (donc de temps) entre les détours pour prendre/déposer les passagers et la distance totale augmente. Passer un certain seuil, l'attractivité monétaire seule (limitée par la fiscalité et la notion de partage des frais, voir ci dessus) ne suffit plus à compenser la perte de temps des détours. L'équation semble difficile à résoudre, ce qui est confirmé par le faible nombre de service massivemment performant en milieu urbain / mobilité quotidienne / domicile-travail. A ceci s'ajoute le besoin d'avoir dès le départ plusieurs centaines de milliers d'inscrits.

Et si la collectivité avait une partie de la réponse ? Un travail à faire sur les richesses !

Néanmoins, quelques pistes peuvent être étudiées en amenant un troisième acteur : la collectivité. Cette dernière a intérêt à avoir un service performant, massivemment utilisé de covoiturage quotidien. Pourquoi ? pour réduire la pollution (plusieurs agglomérations ne respectent pas les plafonds européens), pour pouvoir placer des contraintes acceptables (circulation alternée, péage urbain, …), pour fournir une solution de mobilité partagée efficace peu couteuse pour le collectif.

Dans ce trio (citoyen, entrepreneur de covoiturage, collectivité), un travail est à faire sur les richesses. Est-on sûr que le chauffeur n'est intéressé que par une "récompense" en euro (sachant qu'elle sera plafonnée donc peu attractive) ? Est ce que la collectivité n'a pas des richesses à offrir aux chauffeurs et aux passagers pour les inciter à se grouper : places de parking, de cinéma, réputation numérique, temps gagné par des axes prioritaires, … ? Des acteurs, comme les Valeureux, travaillent ce sujet des richesses, déjà abordé à plusieurs reprises (lire l'article Dans votre projet, quelles sont les richesses ?) dans ce blog.

6-formes-de-richesses-et-leurs-usages-V3.1

2 commentaires

Jo93 5 février 2014 - 23 h 24 min

Vous ne mentionnez pas le coté juridique de la chose… est ce que vous considérez que cette offre est dans la légalité ?

Reply
gabriel 7 février 2014 - 13 h 38 min

Tout à fait. Mais je ne suis pas capable de juger cette notion essentielle.

Reply

Laisser un commentaire