Depuis un demi-siècle, l’extension spatiale des villes en France s’est effectuée principalement dans les couronnes périurbaines, sous la forme de lotissements de maisons individuelles et de zones d’activités pour l’accueil des entreprises.
Or le nombre de déplacements ne cesse de croître, les trajets s’allongent, la pollution gagne les centres urbains et la congestion routière des villes augmente. De plus, l’insécurité routière reste une préoccupation forte. Enfin l’étalement urbain et son corollaire, l’essor de la dépendance à l’automobile, sont aujourd’hui remis en question par les considérations environnementales. De nouveaux objectifs sont fixés dans la loi de programmation relative à la mise en œuvre du Grenelle de l’environnement publiée le 3 août 2009. Les schémas urbains doivent ainsi être à présent repensés à la lumière de deux impératifs : la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) et la réduction de la consommation de foncier agricole et forestier.
Dans le domaine des transports, particulièrement concerné, il s’agit de réduire de 20% les émissions de GES d’ici à 2020 afin de les ramener au niveau atteint en 1990. En effet, le transport, principalement le transport routier, est l’un des secteurs les plus consommateurs d’énergie fossile, et contribue fortement à augmenter l’effet de serre. Aussi, il est nécessaire de mettre en place des solutions de transport alternatives ou complémentaires, tant en termes de mobilité des personnes que de transport de marchandises, et de les accompagner par des politiques d’aménagement et d’urbanisme plus adaptées.
S’agissant du transport des personnes, si les progrès technologiques laissent entrevoir des gains conséquents en termes de niveau d’émission des véhicules, d’amélioration de la gestion des réseaux ou encore d’intégration de l’information des voyageurs, ces progrès demeureront probablement insuffisants à court terme. Par conséquent le scénario le plus adapté pour demain repose sur un « mix » entre introduction progressive de véhicules plus propres et maitrise de la demande de déplacements, développement des transports collectifs, usage partagé (autopartage, covoiturage), redécouverte des modes « doux ». Parallèlement, les solutions émergentes liées aux technologies de l’information et de la communication, comme le télétravail, pourraient également jouer un rôle dans l’évolution des pratiques. De telles évolutions impliquent un effort important à la fois individuel et collectif.
En ce qui concerne les politiques d’aménagement et d’urbanisme, le défi est double : il s’agit de retravailler les liens entre les espaces périphériques et les villes centres, et de réintroduire des fonctions urbaines compatibles en zones denses. Ainsi, les politiques de zonage, qui ont contribué à un éloignement excessif de l’emploi et de l’habitat et à la dissolution de l’espace public, doivent laisser place à l’idée de mixité fonctionnelle, avec des espaces de vie combinant activités économiques, commerciales, services aux personnes et habitat, dans une logique de proximité impliquant une réduction des déplacements.
Cette réflexion trouve en particulier sa pertinence à l’échelle des zones d’activités, pour lesquelles les problématiques d’accessibilité et de mobilité des personnes constituent un levier fort d’attractivité. En effet celles-ci ont souvent été aménagées sans tenir réellement compte de ces enjeux : desserte en transports en commun souvent insuffisante, voirie inadaptée à la circulation piétonne ou cycliste, peu de liaisons de proximité avec les services ferroviaires ou fluviaux, etc. Une situation qui se traduit pour les usagers par un recours indispensable à l’automobile.
Ce constat fait apparaitre la nécessité de mobiliser les entreprises implantées sur une même zone, afin qu’elles mutualisent leurs réflexions et leurs moyens, ce qui leur permet de constituer une taille critique facilitant la mise en œuvre de solutions alternatives, et leur confère une légitimité auprès des Autorités Organisatrices des Transports et des pouvoirs publics.
Ces démarches collectives peuvent prendre la forme d’un Plan de déplacements inter-entreprises (PDIE). A la suite d’une phase de diagnostic et d’évaluation des besoins, les actions déployées relèveront de mesures dites « douces » (promotion des modes doux, services de covoiturage, d’autopartage, etc.) et participeront à l’initiation de mesures de long terme dites « dures », impliquant plus fortement les acteurs publics (réorganisation de l’offre de transports collectifs, aménagements, infrastructures, etc.).
L’association Orée, en partenariat avec l’ADEME vient de publier un guide intitulé : le Plan de déplacements inter-entreprises : un outil de management de la mobilité sur les zones d’activités.
Guide PDF interactif à télécharger librement ici.
Il se veut opérationnel, vise à fournir des éléments méthodologiques mais aussi des exemples caractéristiques aux responsables d’entreprises et aux gestionnaires de parcs d’activités, afin de les orienter dans leur démarche de mobilité durable.
Ce guide est le fruit des réflexions du groupe de travail animé par l’association Orée sur le management environnemental des parcs d’activités. Ont contribué à la rédaction de ce guide : l’ARENE IDF, le CERTU, l’IAU IDF, le GART, l’ACFCI, et deux bureaux d’études Inddigo et Mobility+.
1 commentaire
Pour les entreprises implantées sur une même zone, essayons d´éviter les solutions de covoiturage à l´échelle des entreprises, souvent vouées à l´échec à cause du manque de trafic. Il faudrait surtout que les entreprises fassent la promotion des modes de transports alternatifs par des mesures incitatives (ex: prix du covoitureur de l´année, 1 repas gratuit tous les mois pour les covoitureurs etc.) et mentionnent les systèmes qui existent déjà. C´est après aux usagers de décider s´ils préfèrent se déplacer avec des personnes de leur entreprise ou de la zone ou de simples personnes de passage dans la zone.