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Du coté du pétrole et du gaz

par Gabriel PLASSAT

Du coté du pétrole, deux récents rapports américains issus du DoE et du DoD indiquent des tensions dès 2012 (source http://petrole.blog.lemonde.fr)  :

Un rapport émanant de l’état-major inter-armées américain publié le 15 mars pronostique qu’en 2015, les capacités mondiales de production de pétrole pourraient être inférieures de 10 millions de barils par jour à la demande.

Le rapport du Département de la défense américain (DoD), intitulé Joint Operating Environment 2010, indique (p.29) :

“En 2012, les surplus de capacité de production de pétrole pourraient disparaître entièrement, et dès 2015, le déficit de production pourrait être proche de 10 millions de barils par jour.”

10 millions de barils par jour (Mb/j), cela représente les extractions de l’Arabie Saoudite, premier producteur mondial de pétrole. Un tel déficit de production, s’il advient, dépasserait 10 % de la demande mondiale de brut, qui s’établit à 86,5 Mb/j aujourd’hui, et devrait atteindre 90 Mb/j en 2015.

Autant dire que si cette hypothèse du Pentagone se réalise, c’est un troisième choc pétrolier qui attend l’économie mondiale, vraisemblablement plus violent que les deux précédents.

Un pronostic identique d’un écart de 10 Mb/j entre offre et demande de pétrole en 2015 apparaît à la page 8 du document du Département de l’énergie américain (DoE) mis au jour dans l’enquête publiée ici le 23 mars.

Du coté du gaz, le Centre d’Analyse Stratégique résume la situation (Téléchargez le rapport, Téléchargez la note de veille) :

La récession économique, le développement de ressources gazières non conventionnelles ont récemment conduit à une détente du marché. Mais ce répit ne doit pas faire illusion. La Commission européenne nouvellement installée aura donc pour tâche de rechercher un consensus entre les 27 États membres, en conciliant les attentes différentes des pays de l’est et de l’ouest. Il lui appartiendra également de définir une politique visant à assurer, sur le long terme, la sécurité gazière de l’Union. Dans le cadre de la lutte contre le changement climatique, cette politique doit conduire à réduire la consommation de gaz de l’UE et lui permettre de passer d’une dépendance à l’égard de ses principaux pays fournisseurs à une interdépendance mutuellement bénéfique en construisant avec eux des partenariats stratégiques gagnant/gagnant sur le long terme. Il est essentiel que l’UE parle d’une seule voix, tout particulièrement dans les moments de crise, comme elle a su le faire lors de la crise géorgienne. Encore faut-il cependant qu’elle puisse s’appuyer sur des instruments d’action efficaces et crédibles : au-delà des mesures envisagées par la Commission à l’été 2009, la constitution de partenariats stratégiques avec les pays producteurs, la mise en place d’autorisations européennes imposant aux fournisseurs de gaz des règles similaires liées aux enjeux de sécurité gazière (constitution de stocks, réalisation d’infrastructures,etc.) et la mise en place d’une centrale européenne d’achat de gaz autorisant la construction de nouvelles voies d’accès, seraient un premier pas.

De nouvelles perspectives
pour la sécurité gazière. Six objectifs peuvent ainsi être fixés :

1.   Réviser périodiquement en toute transparence les besoins de gaz. Infléchir la tendance à la consommation croissante de gaz : économiser le gaz dans les usages chaleur de l’industrie et du bâtiment (objectif déjà entériné) ; réhabiliter le recours au nucléaire pour la production d’électricité, encadrer voire limiter l’utilisation (non seulement du pétrole et du charbon mais aussi) du gaz dans la production d’électricité en base ou semi-base, où tout est à faire.

2.   Construire les investissements d’infrastructures de la solidarité européenne : interconnexions transfrontalières, terminaux GNL

3.   Se donner les moyens de conclure des partenariats énergétiques avec les trois régions productrices qui bordent l’Europe : la Russie et l’Afrique du Nord dans un premier temps, le Moyen-Orient ultérieurement.

4.   Développer les partenariats entre les opérateurs de l’amont et de l’aval

5.   Organiser la mise en place et la coordination de stocks européens autour d’un programme pluriannuel allongeant progressivement la durée des stocks nationaux. Établir des normes minimales destinées à sécuriser les approvisionnements pour les autorisations de fourniture.

6.   Organiser une centrale d’achat de gaz en autorisant les entreprises gazières européenne à se regrouper pour négocier avec les pays fournisseurs et développer les infrastructures de sécurité

 

Les tendances sont donc claires, le moyen terme est connu, les transitions restent à négocier. Dans le domaine des transports :

·     les consommations d’énergies diminuent, sous l’effet de plusieurs actions maîtrisées (politique des transports en commun, contrôles des vitesses, bonus/malus automobile, communication du Grenelle) ou subies (contexte économique).

·     les carburants liquides dominent la scène, devront globalement diminuer, ainsi que la quantité de carbone fossile en intégrant de plus en plus de biocarburants liquides pour répondre aux directives européennes. Des transitions délicates sont déjà en cours au niveau des raffineries françaises.

·     les carburants gazeux, actuellement nichés dans les transports publics et le transport des déchets urbains, devront prendre des parts de marché dans le secteur des véhicules légers, comme dans d’autres pays de l’UE. En complément, le biogaz devra se développer, être injecté dans le réseau pour participer à améliorer le bilan GES de cette filière. Le développement du GNL permet, entre autre, d’augmenter les approvisionnements intercontinentaux, et de se rapprocher d’un marché mondial comme le pétrole. Localement, à proximité des ports méthaniers, des applications de transports utilisant directement du GNL pourront apparaître.

·     localement, en fonction des ressources, des carburants issus des déchets ménagers, communaux ou industriels (estérification d’huile usagée, méthanisation de déchets…), ou encore issus de co-productions ind
ustriels permettant de mieux valoriser tous les produits et services, prendront des parts marginales en terme d’énergie, mais importantes en terme de robustesse vis-à-vis des fluctuations des marchés.


 

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