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Seoul "U smart Way"

par Gabriel PLASSAT

[les échos 06/07/10] L'autoroute sera souterraine et proposera une gestion automatique du trafic à une vitesse prévue de 30 kilomètres-heure. Le « U-Smart Way », c'est le projet fou de Séoul, celui qui, moyennant un investissement de 11.200 milliards de wons (7,51 milliards d'euros), entièrement financé par le privé, doit contribuer à faire basculer la cité dans une nouvelle ère. Objectif : réguler la circulation des véhicules tout en garantissant de relier deux points de la capitale coréenne en moins de trente minutes. Une fois descendu sur l'axe routier, le véhicule sera autoguidé et donc pris en charge. Pas moins de 700 kilomètres de voies sur six axes vont être creusés pour le projet. La mise en service est prévue en 2017 pour la première tranche, puis en 2020 pour l'ensemble du réseau.

Avant cela, les conglomérats coréens travaillent sur d'autres systèmes de gestion des flux de la circulation automobile. Le ministère de la construction et des transports a ainsi financé à hauteur de 150 milliards de wons un projet d'autoroute qui doit voir le jour d'ici à 2016. Il garantit une vitesse contrôlée pouvant aller jusqu'à 160 kilomètres-heure au lieu de 110 actuellement et offre aussi de la fluidité, du confort et bien sûr davantage de sécurité. « Un tel aménagement oblige à tout remettre en cause. Nous essayons de mettre au point un revêtement qui absorbe rapidement l'eau et qui soit moins sonore », explique Won Chang-yeon, responsable du projet.

Tous les grands chaebols coréens travaillent sur des projets de ce type, mettant en oeuvre des réseaux dits « intelligents ». « Les Coréens ont une foi inconditionnelle dans les machines, auxquelles ils aiment déléguer une partie des tâches », explique David-Pierre Jalicon. Cet architecte installé à Séoul a conçu le projet de Sono Felice, une station de montagne située à quatre-vingt-dix minutes de Séoul. Imaginée comme un « smart resort », elle intègre toutes les fonctions de pilotage centralisé, depuis le « pass » dont dispose chaque résident jusqu'à la gestion des flux d'air ou de la lumière dans les parties communes des bâtiments.

Les groupes de construction s'intéressent, quant à eux, aux systèmes intelligents dans la maison, censés rendre la vie quotidienne plus facile. Pour la chambre, le dressing, connecté à la météo, propose à l'utilisateur des vêtements adaptés à la température du jour tout en contrôlant leur état de propreté. Dans la cuisine, le réfrigérateur gère le stock de denrées, renseigne sur leurs dates de péremption et peut même proposer des menus ad hoc. Quant à l'ambiance du salon, elle est dictée par les informations d'un portique chargé de détecter l'humeur de la personne entrant dans la pièce. Selon qu'elle est joviale ou maussade, le système choisira une musique et un éclairage adaptés.

Un laboratoire grandeur nature

Comme d'autres pays fonctionnant avec des plans pluriannuels, la Corée adore les thématiques qui se déclinent en autant d'opportunités de développement. Après avoir massivement investi dans la croissance verte, la péninsule prolonge ses recherches aujourd'hui avec les « systèmes intelligents ». Elle passe sans à-coups du « green » au « smart ». Ce nouveau champ d'investigation a une cible clairement identifiée : les mégapoles mondiales. Un vrai réservoir de croissance puisque leur nombre devrait doubler au cours des vingt prochaines années.

Dans une telle perspective, Séoul veut devenir une sorte de laboratoire grandeur nature. Des tests sont en cours, sur l'île de Jeju notamment, au sud de la capitale. Là, les géants coréens comme LG, SK Telecom et KT ont investi en profitant d'aides de l'Etat. Le domaine d'application pour les coréens, ce sont, entre autres, les villes chinoises. Ainsi, LG, l'un des conglomérats coréens vient directement de signer un contrat avec Yangzhou (province de Jiangsu) en Chine pour installer d'ici à 2015 un « smart grid », un réseau électrique intelligent.

L'engouement pour les réseaux intelligents ne fait que démarrer, mais risque de prendre de l'ampleur à en juger par les montants en jeu. Quelque 27.500 milliards de wons vont être investis d'ici à 2030 à la construction de ces réseaux, la grande majorité des financements étant assurée par le secteur privé (24.800 milliards). A terme, cela permet d'envisager une réduction de 150 millions de tonnes des émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2030 et d'économiser l'importation de 344 millions de barils. Un effort qui devrait donner lieu à la création de 50.000 emplois par an.

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