Accueil Quand des sociologues étudient le développement d’un Système d’Information Multimodale couplé au covoiturage dynamique

Quand des sociologues étudient le développement d’un Système d’Information Multimodale couplé au covoiturage dynamique

par Gabriel Plassat

Vous trouverez ci-dessous une étude exploratoire, ainsi que les principales conclusions indiquées en italique.

Les auteurs présentent ici le cheminement et les conclusions de l'étude exploratoire « MITRA» (Multimodality and Interoperability for sustainable TRAnsport in commuting situation), réalisée dans le cadre d’une « recherche-action » menée en Région PACA par une équipe de chercheurs en sciences sociales associés à la Chaire TIC et Développement Durable de l’Institut Telecom. Cette étude a réuni spécialistes des transports, utilisateurs potentiels, technologues et entreprises, tous intéressés par la problématique de la mobilité durable. L’objectif était de dessiner les contours d'un futur SIM temps réel adapté aux situations de déplacements domicile-travail et de dégager une forme  organisationnelle de montage et de gestion de projet destinée à prendre en compte les spécificités des acteurs en jeu.

La principale question traitée dans cette étude porte sur le « comment mettre en œuvre ? comment faire participer les usagers pour que le résultat corresponde à leurs besoins ? qui pilotera ?» en même temps que « quelles technologies allons nous utiliser ? ».

L’approche méthodologique combine différents modes de recueil de données : observation des comportements modaux individuels, entretiens semi-directifs pour identifier le réseau socio-technique pertinent, focus groups pour faire réagir des collectifs face à des scenarii de conception et d’usage. Cette approche a donné lieu à la rédaction d’un cahier des charges fonctionnel ainsi qu’à l’élaboration de scenarii d’usage centrés « utilisateur ». Elle a conduit, in fine, à identifier le cadre conceptuel le mieux à même de guider le pilotage du projet de réalisation d’un prototype qui devrait prolonger cette étude exploratoire.

De nombreuses questions ont été soulevées. Des partenaires (AOT, sociétés de service, représentants des PDIE, etc.) doivent à présent travailler ensemble pour établir les spécifications de ce futur prototype et répondre à des questions de conception et de choix d’une proposition de valeur qui restent ouvertes, comme par exemple : comment intégrer dans l'application de calcul de trajets à la fois les bus et les voitures ? Un SIM permet-il le paiement automatique des titres de transport, et si oui selon quelles techniques ? Quelles seront les spécifications de l'interface utilisateur, et en particulier l'ergonomie des informations diffusées aux utilisateurs ? Quelles sont les objectifs en termes de qualité de service (temps de réponse, nombre d'alternatives diffusées, etc.) ? Quel(s) acteur(s) opèrera(ront) le système et selon quel business model ? Qui fixera les règles du jeu concurrentiel ? Quel(s) acteur(s) aura(ront) la capacité d’encastrer (embeddedness) ses(leurs) apports auprès des autres acteurs ?

Le concept « d’écosystème d'affaires » (Moore 1993, 1996) est très souvent utilisé pour décrire le secteur des TIC afin d'analyser les stratégies d’entreprises telles que IBM, Microsoft, SAP ou encore Linux (Torrès-Blay 2000). Il permet en effet de saisir les dynamiques inhérentes à la structuration de stratégies partenariales dans lesquelles se posent notamment des enjeux de définition de normes, de base installée d’utilisateurs, d’un marché de type C2C avec un acteur qui devient infomédiaire…Ce concept nous paraît congruent avec le réseau socio-technique ici révélé et les problématiques   stratégiques identifiées tant en termes de protocoles et standards technologiques à retenir que de conception commerciale à négocier entre acteurs.

Cette étude révèle ainsi que la mise en œuvre d’outils systémiques destinés aux utilisateurs, nécessitant de nombreuses données sources venant d’autres utilisateurs mais également d’acteurs publics et privés, connectés à d’autres ressources comme les transports publics, implique de s’intéresser dès le départ aux modes d’organisation, aux jeux d’acteurs, aux réseaux. La forme (d’organisation des acteurs impliqués pour que tous soient gagnants) devient alors tout aussi importante que le fond (choix technologiques). Ceux qui seront capables d’innover en même temps sur les deux plans franchiront une étape décisive, leur permettant d’imposer rapidement des normes et des standards.

1 commentaire

Laurent 8 janvier 2011 - 11 h 07 min

très intéressant. je crois que cette étude aborde toutes les bonnes questions : temps réel, paiement, projet multipartenaires …

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