En 2009, la MétaNote 0 « L’origine » proposait une esquisse qui se révèle chaque jour. Le choc à venir était annoncé en 2012. Il a lieu maintenant en 2016. La révolution numérique, qui a eu lieu, met en oeuvre des mouvements « tectoniques » : électrification, robotisation, plateformisation. Les synergies se découvrent, se renforcent. Maintenant.
- Tesla vends 400 000 voitures qui n’existent pas. Elon Musk As a platform.
- Uber s’associe à Parkmerced. Une nouvelle industrie paye pour vous déposseder de votre voiture.
- Apple investit 1 $Md dans Didi pour inventer les services de mobilité et créer les communautés.
- Waze Rider se lance en Californie après des phases de test en Israel.
Et dans une multitude de startups autour du monde qui cherchent à craquer des codes comportementaux. Comment amener quelqu’un à laisser sa voiture ? à faire confiance à un robot ? à partager sa voiture ? à laisser monter un inconnu ? à … Outillées du numérique, ces startups peuvent révéler des tendances comportementales jusqu’à présent invisibles. Tous ces acteurs n’ont qu’un objectif commun : vendre chaque trajet enrobé d’une expérience de mobilité. Une véritable armada s’emploie à ça et uniquement à ça. La raison est simple : le marché visé est énorme, les expériences actuelles sont mauvaises et les villes concentrent les clients facilitant les lancements.
L’économie de l’attention
En France, plus de 170 millions de déplacement par jour viennent en concurrence des 2 millions de véhicule vendus par an. La concurrence n’est pas frontale et c’est là le point clé. Il y a seulement quelques années, seuls les transports publics collectifs vendaient des tickets. De nouveaux marchés émergent depuis peu, celui des trajets et celui de la dépossession. Plus facile d’expérimenter sur un trajet tel ou tel service, apprécier et recommencer pour l’intégrer dans ses pratiques quotidiennes, et finalement ne pas renouveler la 2ème voiture, puis la 1ère. Mais pour cela, il faut rester au centre de l’attention.
Vous pouvez protéger vos produits, vos marchés, vos rentes, le numérique passe « au-dessus ». Les gagnants sont ceux qui se lient avec la multitude, se connectent à elle et construisent des communautés. A la fois fidèles et exigeantes, les communautés ne sont pas uniquement des clients, ni des fans. Facebook a pris 50 minutes par jour en moyenne. Ou plutôt nous avons décidé de donner ce temps. La multitude choisit ses quelques applications, donne son attention avec une grande « attention ». Faire partie des élus est donc rare car l’économie de l’attention conduit à éliminer sans cesse. Il y a donc un lien direct entre « être relié à la multitude » et « être innovant ». Pour rester une des applications choisies, il faut sans cesse ajouter des fonctions, les revisiter.
Disons-le brutalement. Les acteurs industriels des transports n’ont quasiment aucune communauté, des liens faibles avec la multitude, obligés de payer chaque année plusieurs centaines de millions en communication. Ils poussent des produits identiques à des clients depuis de décennies. L’armada, elle, cherche à être présente plusieurs fois par jour, à chaque décision de déplacement, en apprenant modestement chaque comportement, chaque cas particulier, chaque contexte, chaque renoncement, chaque validation. L’armada sait traiter des millions de décision par jour et elle sait le faire de mieux en mieux, en plus. L’armada apprend, apprend à apprendre, itère et modifie ses services, en intégrant même dans les produits physiques la réversibilité du numérique.
Dans ces mutations, les nouveaux s’appuient à chaque fois sur des plateformes numériques. Seule capable à grande échelle, à la fois, de se connecter à la multitude, de mettre en relation les parties prenantes, de monétariser les services, de permettre des économies d’échelle et de pouvoir être mondial, la plateforme est aujourd’hui la clé de voute de l’armada. Plus elle est utilisée, plus elle devient attractive et plus elle est utilisée. Pourtant, elle en est aussi le talon d’Achille. En centralisant toutes les données et les règles algorithmiques, chaque plateforme a pour objectif de créer un monopole dans son domaine, sans aucune transparence. Le coté consommateur de la multitude apprécie mais pas le coté citoyen et encore moins le coté employé. Emerge depuis quelques mois, de nouvelles structures décentralisées, potentiellement tout aussi performantes.
Arcade City et Mobotiq
Basés sur la blockchain, ces deux projets ont en commun leur organisation. Il n’y a plus de structure centrale mais toujours une plateforme et des services identiques pour les usagers. La technologie blockchain permet de mettre en relation deux personnes en décentralisant toutes les règles. Uberiser Uber en quelque sorte.
La Zooz avait ouvert la voie. Aujourd’hui à Austin, une communauté a émergé sur Facebook. Austin a décidé de durcir les conditions Uber et Lyft. Arcade City offre une solution décentralisée permettant de relier offre et demande, sans condition ni prélèvement. Le groupe Facebook a atteint 16000 membres en 10 jours.
Mobotiq est une approche “full stack” de mobilité pair à pair basée sur de nouveaux véhicules configurables à 3 roues open source, une solution de gestion des véhicules blockchainée. Petit détail, Mobotiq est intégrée dans le projet the DAO qui vient de lever 100 M$.
Et maintenant
Il n’y aura pas d’alliance entre ces deux mondes, ni de partenariat en espérant « garder le contact avec le client ». Il y aura ceux connectés avec la multitude et les autres. Chaque partenariat avec un acteur du numérique approche l’acteur industriel un peu plus près d’un fabricant de commodité. Il faudra toujours des voitures, comme des smartphones. Qui les fabrique et qui capte la valeur ? Vous pouvez questionner les données et leur gestion. C’est important, mais regarder d’abord les plateformes numériques qui se construisent. La blockchain ouvre des possibilités techniques intéressantes pour construire de nouvelles plateformes décentralisées et prendre des positions avant les autres. Mais restent entières les questions de l’attention et de la connexion avec la multitude.
Après tout, cela revient à connaître ses clients et à faire des produits beaux, bons et vrais. Comme tout commerçant.
Ni plus ni moins.