Cet article a été rédigé par Mathieu Chassignet, Ingénieur à l’ADEME.
Afin de mieux comprendre les usages de services de mobilité en forte évolution, l’ADEME a récemment soutenu la réalisation de plusieurs études sur l’autopartage et le covoiturage. Les études réalisées permettent de mieux comprendre ces services de mobilité ainsi que leurs usagers, et notamment :
- leurs profils socio-démographiques,
- les conditions et raisons de leur recours à un service de mobilité,
- leur utilisation qualitative et quantitative de l’autopartage / du covoiturage,
- leurs représentations des différents modes de transport,
- l’évolution de leur pratique automobile et de leur équipement en voitures,
- l’évolution de leur utilisation des autres modes de transport,
- leurs motivations et les freins ressentis à la pratique de l’autopartage / du covoiturage.
L’objectif est, pour chacun des services, de mieux connaître la pratique, la quantifier, l’évaluer, de comprendre les conditions du passage à l’acte, les motivations d’adopter de nouvelles pratiques, les freins ressentis, etc. Une objectif plus global est de comprendre les complémentarités – et parfois concurrences – entre les différents services, les liens avec les autres modes comme les transports collectifs et les modes actifs, les meilleurs leviers pour développer ces services de manière plus intégrée et cohérente, …
L’autopartage
L’article L1231-1-14 du Code des transports définit l’activité d’autopartage comme « la mise en commun d’un véhicule ou d’une flotte de véhicules de transport terrestre à moteur au profit d’utilisateurs abonnés ou habilités par l’organisme ou la personne gestionnaire des véhicules. Chaque abonné ou utilisateur habilité peut accéder à un véhicule sans conducteur pour le trajet de son choix et pour une durée limitée. »
Il existe diverses catégories de services d’autopartage, très différents dans leur conception et leur utilisation. Les 3 principales offres ciblant les particuliers sont :
- L’autopartage en boucle : les véhicules, gérés par un opérateur, doivent être rapportés à la station de départ. Ils sont utilisés en moyenne pour quelques heures et quelques dizaines de kilomètres. Exemples : le réseau Citiz présent dans une quinzaine d’agglomérations françaises, Mobizen (Ile-de-France), Mobility Carsharing (Suisse), Zipcar (US), …
- L’autopartage en trace directe : les véhicules peuvent être restitués dans n’importe quelle station (système avec station) ou n’importe où sur une place de stationnement en voirie (systèmes en flotte libre). Ils sont utilisés pour quelques dizaines de minutes et quelques kilomètres. Exemples : Autolib’, Car2go, Drivenow, …
- L’autopartage entre particuliers : des particuliers peuvent louer leur voiture en passant par des plateformes communautaires de mise en relation. Une assurance spécifique couvre la durée de location. Les véhicules sont généralement loués de la demi-journée à plusieurs jours et quelques centaines de kilomètres. Exemples : Drivy, Ouicar, Koolicar, …
Les études soutenues par l’ADEME portent sur ces 3 grandes formes d’autopartage :
- L’Enquête nationale sur l’autopartage (2013) : 2 090 utilisateurs interrogés, en grande majorité de services en boucle et en province, en particuliers les services opérés par le réseau Citiz.
- L’Enquête nationale sur l’autopartage en trace directe (2014) : 644 utilisateurs d’Autolib’ (en trace directe et en Ile-de-France) et 525 utilisateurs de Mobizen (en boucle et en Ile-de-France) interrogés.
- L’Enquête nationale sur l’autopartage entre particuliers (2015) : 1 020 utilisateurs interrogés, parmi lesquels 303 propriétaires (qui louent leur propre voiture à des particuliers) et 717 locataires (qui louent des voitures qui appartiennent à des particuliers). Les personnes interrogées sont inscrites sur les principales plateformes de location de voitures entre particuliers.
Le covoiturage
Le covoiturage est défini comme « l’utilisation en commun d’un véhicule terrestre à moteur par un conducteur et un ou plusieurs passagers, effectuée à titre non onéreux, excepté le partage des frais, dans le cadre d’un déplacement que le conducteur effectue pour son propre compte. Leur mise en relation, à cette fin, peut être effectuée à titre onéreux » (Art. L. 3132-1 de la loi de transition énergétique pour la croissance verte de 2015).
Les usages du covoiturage peuvent être distingués en 2 grandes catégories : les trajets occasionnels longue distance, qui se développent sous l’impulsion de grandes plateformes nationales ou européennes telles que Blablacar et les trajets courte-distance, et en particulier domicile-travail, qui se développent grâce à l’action des collectivités territoriales. L’ADEME a ainsi financé 2 études :
- L’Enquête auprès des utilisateurs du covoiturage longue distance (2015) : 1 393 utilisateurs de Blablacar ainsi qu’une centaine d’utilisateurs d’autres plateformes interrogés.
- L’Enquête nationale sur le covoiturage de courte distance (2015) : cette étude compte 3 parties :
- la quantification de la pratique du covoiturage domicile-travail à partir de l’Enquête Nationale Transports et Déplacements de 2008 et l’identification des actions et des leviers pour dynamiser le covoiturage de courte distance à partir de l’analyse de 12 bonnes pratiques sur le terrain,
- l’évaluation de l’impact du covoiturage de courte distance sur les émissions de polluants et de CO2 et proposition d’une méthode d’estimation appliquée à plusieurs cas d’étude,
- l’analyse d’une enquête auprès de 500 utilisateurs des aires de covoiturage.
Afin de continuer d’explorer les services de mobilité émergents et leurs usages, ces publications seront complétées par d’autres travaux. L’ADEME a notamment prévu de publier en 2016 une étude sur les services vélo (location longue durée, aide à l’achat de vélo à assistance électrique, stationnement sécurisé, vélo-écoles, etc.) ainsi qu’une étude sur les différentes formes de VTC.
3 commentaires
Le partage des ressources de notre belle planète peut devenir une réalité ! Il faut développer aujourd’hui la mobilité zéro emission pour demain.
Bonjour,
C’est vrai que le covoiturage est maintenant devenue très populaire mais j’ai encore du mal à voir son impact sur les trajets domicile-travail.
Est-ce que dans ces études on trouve une mesure du covoiturage domicile-travail? Je trouve que c’est un sujet vraiment intéressant, et le jour où les gens seront sensibilisés au point de covoiturer pour aller au travail, alors on aura fait un grand pas!
Nicolas.
Bonjour Nicolas, le covoiturage domicile travail a toujours existé. Pour le développer (beaucoup) plus, de nombreuses startups s’attaquent à ce sujet qui diffère du covoiturage longue distance pour lequel le gain monétaire est un argument suffisant pour prendre quelqu’un. Dans le covoiturage quotidien ou domicile travail, le gain financier est faible et peut être vu comme contraignant. Il faut donc inventer un dispositif fluide, simple, apportant des avantages pour tous les acteurs. Pour l’instant il n’y a pas de solution déployée à grande échelle.