Après le salon du Bourget, le futur du transport aérien se dessine assez clairement. Cette industrie du transport de masse a inventé des métiers spécifiques, des approches. Certaines pourraient être reprises par les acteurs du transport terrestre. A l’inverse, la performance de l’aérien va se jouer notamment dans les interfaces dont les aéroports, dans la multimodalité porte à porte, donc en partie dans le transport terrestre. Et si les acteurs du transport aérien intégraient de plus en plus de transport terrestre ?
Le rapport au temps : la haute vitesse va vraisemblablement revenir après le concorde pour les plus riches : le Zhest (voir ICI) qui annonce en plus être « zéro émission », reprenant ici les « mirages » du transport terrestre, grâce à des biocarburants. A l’autre extrémité, la lenteur de type Zeppelin pourrait elle aussi revenir là aussi pour les plus riches, ceux qui peuvent être en « apesanteur », découplés de l’activité du monde (voir ICI). Pour tous les autres, le temps de trajet pour la plupart des voyages sera déterminé en optimisant la consommation, en tenant compte de la concurrence du rail et en optimisant le temps d’accès au siège dans l’avion. L’industrie aérienne pourrait donc s’étendre au terrestre pour vendre des mobilités porte à porte. Elle a eu conscience dès le départ que pour mieux remplir son avion, il fallait pouvoir coopérer avec ses concurrents. Cette approche a donné naissance à des géants comme Amadeus capable de composer un déplacement avec plusieurs compagnies éventuellement concurrentes, de garantir l’acheminement final quelque soit les évènements, de fournir les informations à des agences de voyage ou des entreprises, de construire des outils de tarification extrêmement complexe pour redistribuer le prix billet à tous les intervenants de la chaîne.
En fait, ce secteur pourrait très rapidement avec les outils disponibles et les méthodes associées connecter d’autres solutions de transport. Le temps porte à porte étant un des critères de choix majeurs, l’intégration des solutions de mobilité terrestre et l’optimisation des interfaces dont les aéroports (voir ICI) devient des points clés. Alors qu’il n’existe pas de tour de contrôle des mobilités terrestre sur une agglomération, le transport aérien a une autorité qui régule les différents flux : personnes, marchandises, individuel ou collectif, dans le but de maximiser l’usage des infrastructures.
Les fondamentaux : la masse (voir ci dessous), le management du transport réalisé par des professionnels permettant d’optimiser le trafic aérien (voir ICI), et le yield management. Ce modèle économique (voir ICI et Là) a permis à cette industrie de remplir les objets au maximum en inventant le surbooking. Certains l’expérimentent pour les tarifs de parking, les péages, et demain … les taxis, les places de covoiturage, les transports en commun, et même la voirie …
Le carburant : Seul carburant sans taxe, l’industrie aéronautique a fait de l’efficacité énergétique (par passager transporté) son cœur de métier. Les variations du prix du brut sont directement retransmises aux compagnies aériennes. D’autres facteurs positionnent ce secteur comme un des principaux futurs utilisateurs des biocarburants « naturels » ou de synthèse : un seul et unique carburant au monde (l’ASTM vient d’approuver les spécifications des biocarburants aériens), une poignée de motoriste et l’habitude de traiter des problèmes au niveau mondial. Ces caractéristiques font que le secteur aérien pourra rapidement intégrer l’utilisation de carburant à faible contenu carbone, concurrençant le transport terrestre. Ainsi Virgin a même choisi d’intégrer cette production dans son métier. La commission européenne vient d’engager avec tous les acteurs un programme sur ce sujet : Flight path.
Ces carburants produits à partir de complexes industriels mélangeant pétrole, gaz, biomasse, éventuellement charbon et hydrogène, fourniront des carburants de hautes technologies aux bilans environnementaux tout aussi complexes à établir et à vérifier. Son accessibilité au plus grand nombre, donc une partie de sa rentabilité a été, et sera fortement dépendant du prix de l’énergie.
Le transport aérien est déjà engagé dans la bataille des indicateurs environnementaux incluant les carburants, conscient que les principaux critères de sélection seront le prix, le temps porte à porte et sa fiabilité, la qualité du voyage, son bilan écologique et sa transparence.