Accueil Va-t-on suivre les 4 lois de la robotique pour les cybercars ?

Va-t-on suivre les 4 lois de la robotique pour les cybercars ?

par Gabriel Plassat

La robotisation est déjà présente dans de nombreux objets roulants et volants mais la mise de robots dans "l'espace public" soulève directement son acceptabilité sociale et politique. Alors qu'un accident dû à une défaillance humaine est accepté malgré sa forte occurence actuelle, personne ne connaît les conséquences d'un accident dû à un robot dans l'espace public.

Pourtant plusieurs tendances sont déjà en cours, elles modifient nos rapports aux robots. L'automobile traditionnelle se robotise pour supprimer certains usages (parking aujourd'hui, roulage autoroutier demain). La génération Y est née avec de nombreux assistants numériques. Par ailleurs, plusieurs contraintes vont conduire des territoires à lancer les premiers déploiements.

Les 4 lois :

Asimov propose 3+1 lois pour définir nos relations avec les robots :

  • Première Loi : « Un robot ne peut porter atteinte à un être humain ni, restant passif, laisser cet être humain exposé au danger. » ;
  • Deuxième Loi : « Un robot doit obéir aux ordres donnés par les êtres humains, sauf si de tels ordres sont en contradiction avec la Première Loi. » ;
  • Troisième Loi : « Un robot doit protéger son existence dans la mesure où cette protection n'entre pas en contradiction avec la Première ou la Deuxième Loi. »

Puis il rajoute la Loi Zéro, qui stipule qu'un robot ne peut porter atteinte à l'humanité dans son ensemble, même pour protéger un être humain : Un robot ne peut ni nuire à l'humanité ni, restant passif, permettre que l'humanité souffre d'un mal.

Ces quatre lois combinent en les imbriquant les intérêts collectifs et individuels des humains en rendant "légitimes" l'utilisation d'un robot pour maximiser l'intérêt collectif. En supposant que les briques technologiques soient disponibles pour robotiser des véhicules sur routes ouvertes, que des lois ont été créées pour couvrir les risques et la responsabilité (ceci est travaillé en Californie), quels territoires / populations et contextes pourraient se lancer en premier ?

 

Quels territoires / populations / contextes pourraient se lancer en premier ?

La Californie s'est déjà engagée après le Nevada et la Floride pourrait suivre : volonté de soutenir l'innovation technologique mais également les innovations dans la gestion des risques.

Pour la suite, plusieurs pistes sont possibles :

  • Initier des expérimentations sur des territoires plus petits. Il existe déjà des terrains fermés, privés pour expérimenter la technologie. Cela est nécessaire mais insuffisant puisqu'il s'agit bien d'étudier l'acceptation sociale et l'intégration dans les pratiques quotidiennes, ceci ne peut se faire qu'en milieu ouvert. Il est également envisageable de créer une ville "vide" et de la remplir de "figurants", cela existe déjà (autre exemple), et d'autres villes du même genre vont se créer. Mais tôt ou tard, il faudra accepter d'expérimenter dans "l'espace public" pour comprendre les mécanismes liés à l'acceptabilitéet réinterroger les technologies et les lois.
  • A l'inverse, les territoires qui se seront configurés pour permettre, en le contrôlant, d'expérimenter, attireront l'innovation mondiale. Cette aspiration commence en Californie.
  • La mise en oeuvre d'un projet d'expérimentation pourrait également partir d'une forte pression de la demande : les personnes peu mobiles (personnes âgées notamment, mais également les personnes en précarité de mobilité ou les enfants), les aides et services à ces personnes. Le Japon, et demain l'Europe puis la Chine, se trouveront dans une situation qui légitimera l'usage de robot pour la mobilité. Les imaginaires collectifs sont très différents, d'un pays à l'autre et entre les générations. Et si Toyota se préparait avec ses robots ?
  • A l'opposé, les militaires ont souvent été en avance en matière de mobilité. Les développements de robots et de drones s'accélèrent, ouvrant des transferts de technologies.
  • Enfin des considérations environnementales et géopolitiques peuvent également conduire des territoires à expérimenter et déployer des robots. La Chine, par exemple, vient d'annoncer expérimenter à Hangzhou plusieurs milliers de véhicule électrique en libre service en robotisation les changements de batteries. Les objectifs sont avant tout une amélioration de la qualité de l'air, une réduction des importations de pétrole, tout en garantissant une attractivité de son territoire.

La robotisation se développe, et ce développement est en cours d'accélération. Aujourd'hui un ordinateur coûte moins cher qu'un Lego. Des acteurs économiques et des territoires ont déjà intérêt aujourd'hui à faire rouler des cybercars. Malheureusement pour nous, jusqu'à présent, la Californie n'est pas seulement capable d'inventer des objets et des services, elle invente des chaînes de valeur et des processus qui changent nos modes de vie. Les risques sont à la hauteur des opportunités, immenses, multiformes et multidomaines.

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